dimanche 3 janvier 2021

L'Année qui a Changé l'Internet


 2020 est derrière, mais comme n'importe quel traumatisme, on ne s'en dégage pas si rapidement. 

Pendant de nombreuses années, les plateformes de médias sociaux avaient une conviction ferme: Parce qu'une publication sur le net était fausse ne voulait pas dire qu'il fallait y porter attention. C'était comme ces photos et ses ces titres en bas d'articles nous disant parfois: "remember (peu importe qui)? Wait til you see her now!" ou "Her Husband demanded divorce by looking closer to this picture". C'était des hameçons auxquels personne ne mordait. 2020 a changé tout ça. 


À la fin de mai, pour la première fois de l'histoire de l'internet, un président de pays était étiquetté par un réseaux social comme "commentaire potentiellement mal informé". C'était quand le clown orange aux cheveux jaune tweetait que de voter par la poste conduisait directement à la fraude électorale. Le site twitter ajoutait à ses participants de "vérifier les faits avant de se prononcer". Mark Zuckerberg, patron de Facebook, avait une approche tout à fait différente. Voulant probablement amener DJT (et ses millions de suiveux) à utiliser davantage son site a dit, peu de temps après, qu'il pensait que ne c'était pas le rôle des médias sociaux d'être les arbitres de la vérité sur le net. 


Mais dès novembre, alors que la course à la présidence montrait de clairs signes de la défaite à venir du président Trump, et que les mensonges devenaient encore plus gros sur la page Facebook de ce dernier, le site a tourné sa veste et a multiplié les appels à la crédibilité et à la vérification des faits avérés. Twitter s'agitait aussi alors que plus du tiers des gazouillis proposaient du contenu erroné. Fallait "encadrer" ses propos. C'est vite comme ça que le net a changé. 


De toutes les facettes de la vie qui ont changé en raison de la pandémie, l'internet doit être compté comme l'une de ses choses. Au début de la pandémie, les réseaux sociaux étaient eux-mêmes coupables de largement diffuser de très fausses informations à propos du virus, trop longtemps, créant un dommage encore très palpable. On a banni les liens avec QAnon, les complotistes, les racistes, mais le mal est encore bien vivant. Disparue est la naïve présomption des premiers jours des réseaux sociaux où plus de discours sur un même sujet était toujours mieux que des discours tordus. La liberté d'expression et la décence humaine se sont affrontés de plus en plus comme deux béliers sur une même montagne. 


Facebook, en octobre dernier, après avoir parler de ne jamais être l'arbitre de la vérité presqu'un an avant, a commencé à fermer et bannir les comptes de leur site qui niaient l'Holocauste. Un an et une pandémie plus tard, Zuckerberg disait avoir "évolué". En fait, il n'était pas si humble, il disait que le monde avait évolué.  

Traduction libre: parce qu'il avait d'abord extraordinairement dévalué.


Facebook a annoncé récemment étudier, comme Youtube et TikTok, les comptes faisant circuler les fausses informations sur les vaccins. Ça semble si normal et pourtant, Facebook refusait d'intervenir mais ne veut pas non plus se rendre coupable et accessoire à un nombre incalculable de morts sur la conscience. Facebook s'est trouvé une conscience. On a longtemps marché sur du verre brisé et on a réagi lorsque coupé. 


Le président brésilien Jair Bolsonaro et le président Vénézuelien  Nicolas Maduro ont tous deux vu de leurs gazouillis d'étiquettés "douteux" et est aussi intervenu dans les sujets touchant les élections en Birmanie. Tôt, en décembre, Twitter a servi des avertissements à un politicien de l'Inde qui publiait de grossiers mensonges. 


Les plateformes ne méritent pas de médailles pour éteindre les feux qu'ils ont eux même tant alimenté. Facebook est largement coupable d'avoir facilité l'accession au pouvoir de Donald Trump. L'opacité de chaque plateforme reste encore lourde. On accorde très peu d'attention aux propos qui ne sont pas en anglais. L'intelligence artificielle en est encore à ses balbutiements, et si 2020 a modéré davantage la circulation d'infos sur le net, l'année a aussi montré les limites de la modération de commentaires.  Certaines plateformes ont planté. D'autres y ont vu la chance de se mettre "en valeur" et de mousser leurs plateformes. 

Mais l'éco-système médiatique, comme nos vies en 2021, a définitivement changé.

Au rythme d'un paquebot.

Un peu. 

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