Son père était prof de mathématiques et d'histoire et farouche anti- communiste. Cadet de trois frères, Dean et sa famille déménagent plusieurs fois dans les années 40-50, avant de revenir vivre, au Colorado. À l'école, il est populaire auprès de filles et est un athlète largement décoré. Bien que son père souhaite l'envoyer dans l'armée, il préfère étudier la météorologie universitaire et chanter le rock ou le country dans les bars environnant.
À 19 ans, il quitte la maison où il ne s'entend plus avec son père et s'installe à Los Angeles. Il est beau. Assez vite, on lui fait faire du mannequinat, du film et de la télé. Un enseignant de jeu d'acteur lui entre dans la tête quelque chose qu'il n'oubliera jamais: L'art doit être une manière de faire la promotion de ce en quoi vous croyez. Il se tanne de l'industrie de la télé et du cinéma où il se sent exploité et vivant continuellement de "prostitution" pour les producteurs. Réalisant qu'il se débrouille musicalement, il enregistre un single. Capitol lui offre un contrat à long terme mais le succès reste modeste. Toutefois, en Amérique du Sud, sa musique fait vraiment fureur. Au point que la compagnie de disque l'envoie en tournée 40 jours au Chili, au Brésil et au Pérou. Au Chili, il se découvre une passion pour la politique socialiste. Appliquant la philosophie de son mentor, il parle publiquement contre l'oppression et la pauvreté. Il prend aussi part aux protestation anti nucléaires et qui décrient la politique étrangère...des États-Unis.Le FBI s'intéresse maintenant à lui. On l'interroge à son retour. On lui demande si il est communiste. Il répond évasivement. Pour les États-Unis non. Pout la justice ailleurs, oui. Il fera des spectacles tout à fait gratuitement pour des prisonniers d'Amérique du Sud qu'il juge injustement emprisonnés et dans les quartiers pauvres. Il apprend vite l'espagnol. Et choisit de vivre en Argentine dans les années 60, pendant 4 ans. Son band est composé d'Argentins. Il est très populaire là-bas. Il est populaire en musique, à la télé, au cinéma. C'est une superstar d'Amérique du Sud. En 1964, il offre un spectacle privé à la fille d'un éminent baron Péruvien qui fête ses 16 ans et le choisit comme fantasme. La prostitution ne le dérange plus. À 27 ans, en 1965, il fait une toute première tournée, en Europe. Il sera régulièrement en Espagne et en Italie. En 1966, il est en tournée en Union Soviétique. Il reste immensément populaire partout où il passe, mais incognito en Amérique, en Angleterre ou en France. Pendant la campagne électorale de Salvador Allende, qu'il supporte grandement, il blanchit publiquement un drapeau des États-Unis contre lesquels il s'inscrit en faux dans leur visées de politique étrangère. Il sera emprisonné pour ses coups d'éclat. Le poête Pablo Neruda est accessoire pour le libérer de prison. Il est arrêté une seconde fois pour 21 jours et son épouse choisit ce moment pour le divorcer, elle en a assez de ses élans politiques. Le coup militaire du 11 septembre 1973 le force à quitter le pays, déporté. Reed écrit une lettre de remontrances à Alexander Solzhenitsyn qui a critiqué l'URSS. Tout ce qu'il fait agace gravement le FBI. On l'invite à renoncer à sa citoyenneté Étatsunienne.Reed s'installe alors en Allemagne de l'Est. Il y épousera une seconde femme et aura une seconde fille. Il continue d'écrire des chansons, de les enregistrer sur disque, de faire des spectacles, de jouer dans des films et à la télé. Il jouera dans une vingtaine de films dans sa vie, lancera 13 albums, dans 32 pays différents. Passant de communistes enthousiastes qui le qualifie de "Red Elvis" à quelque chose qui se rapproche de la Beatlemania quand il est croisé dans la rue. En 1978, il divorce sa seconde épouse et marie l'actrice Est-Allemande Renate Blume. La STASI, les services de sécurité Est-Allemand, s'intéressent à lui depuis son arrivée. Plusieurs disent que la comédienne a été placée sur son chemin afin de leur livrer des infos secrètes. Rien ne sera jamais très clair là-dessus, mais Renata n'est pas innocente. On prétend parfois que c'était en fait lui qui travaillait pour la STASI. Il joue à Cuba et pose régulièrement dans les sphères ouvertement communistes.
Bien qu'il ne joint jamais officiellement les rangs de partis socialistes, il est de tous leurs évènements et critique continuellement la politique étrangère des États-Unis. Encore plus quand Ronald Reagan entre au pouvoir, en 1980. Mais il chante son amour pour les États-Unis et se dit patriote. Il paie ses taxes aux États-Unis jusqu'à sa mort. Les tensions avec sa femme douteuse sont si vives que Reed a une liaison parallèle avec l'actrice Estonienne Eve Kivi. En 1986, l'émission 60 Minutes lui consacre une émission afin qu'il s'explique sur sa vie. Il y défend l'intervention des Soviétiques, en Afghanistan. Il défend la construction du mur de Berlin qu'il apprécie pour des raisons de sécurité. Mais surtout, il compare Reagan à Staline. Ceci irrite bien des sensibilités aux États-Unis.6 semaines plus tard, il est trouvé noyé dans le Lac Zeuthener près de chez lui, à East Berlin. Il avait 47 ans. Certains disent qu'il a été "suicidé". Une note de regrets par rapport à sa dernière épouse et de regrets par rapport à des commentaires faits contre le secrétaire général du parti socialiste n'est rendue publique que des années plus tard.
Le temps de la composer et penser tout ça, je présumes.
Un ballado narré par l'une de ses filles, appelé Red Elvis, raconte beaucoup mieux (bien que parfois surjoué) l'histoire du Elvis Rouge.
Tom Hanks a acheté les droits sur une possible adaptation cinématographique de sa vie, il y a 30 ans.
Il y a 50 ans aussi, cette année, Dean Reed, traitre trahi, était déporté d'Argentine.
Le vrai Elvis, Presly celui-là, aurait eu 88 ans, hier.
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