dimanche 23 octobre 2022

Les Mots Qui Font Peur aux Baby Boomers

Génération suivant la génération silencieuse, celle des grands parents que je n'ai pas connus, tous décédés dans mes deux premières années de vie, et précédant la génération X, la mienne, que je me suis occupé à vivre jusqu'à maintenant, la génération des baby-boomers a été la première, après deux guerres, à ne pas en vivre une qui allait tuer la moitié des hommes de la génération (et aussi plusieurs femmes). 

Voilà pourquoi il y a eu "boom". C'était l'espoir dont on accouchait. Des familles pleines de bébés qui ne seraient pas (et plus) éprouvées par la guerre. Moins. Des familles de plus de 10 enfants, souvent. Ma mère est issue une famille modeste de 3 enfants. Mais mon père est issu d'une famille de 10 enfants. Il en était le 5ème. Du côté de l'amoureuse ils étaient 7 d'un bord et 9 de l'autre. 

Les enfants d'après guerre sont devenus les pré-ados d'Elvis et Marilyn, les jeunes adultes des Beatles et des Stones et les adultes des réformes scolaires, sociales et de l'avancement pour les Femmes. Mais des peurs habitent toute génération. Voici celles que j'ai repérée, dans le contexte de mes recherches extra-terrestres, pour les gens de ma planète, sur la génération de mes géniteurs, celle de la majorité du gouvernement de François Legault, celle de gens qui pensent parfois avoir inventé la roue. 

Mais qui n'ont pas que des défauts, ils nous ont quand même tricoté...   

1945-1965: Les mots d'églises

Il n'y avait qu'une seule puissance politique, scolaire et sociale entre 1945 et 1965, c'était l'église catholique, au Québec. Les politiciens leur demandait conseil, les écoles étaient dirigées par les frères et les soeurs et gouvernées par le curé ou le prêtre en chef. Le dimanche était consacré à Dieu. Les familles s'y présentaient en s'habillant chic et c'était la fierté de la semaine que de s'y pavaner, d'y faire des rencontres ou de flirter, d'écouter les sermons qui dictaient les lignes de conduite sociale, de laisser voir au curé du village ou au prêtre que vous étiez un(e) bon(ne) catholique. Ça a été remplacé par Tout Le Monde En Parle

Faire l'amour avant le mariage ? Ça arrivait, mais ce n'était pas ce qui était le mieux vu. Surtout pas par l'église. Fallait souvent, moralement, se marier, afin d'avoir sa toute première relation sexuelle. Pas surprenant que ce sera la génération la plus divorcée de l'institution du mariage Québécois. Et faire l'amour pour ne pas faire des bébés ? Par simple plaisir ? du point de vue de l'église, non. Ça avait toujours existé, mais peu à peu, avec eux, ça a été la norme. Le secret parfois. Et le dimanche, fallait confesser. La peur scolaire était de déplaire aux frères. La peur adolescente était de peut-être se découvrir homosexuel(le), ce qui était condamné par l'église. Et qui a trop souvent été traité comme une maladie à corriger. 

Mais cette génération a tout fait très vite. Jeune sur le marché du travail, jeune pour se marier, jeune pour avoir des enfants, peut-être trop, les mariages dureront peu avec le temps, les emplois feront le contraire alors que les boomers sont encore très nombreux sur le marché du travail, on la ramène même dans certains milieux, très mal gérés comme la santé ou l'éducation. Des milieux qui n'ont jamais été pensé pour faire de l'argent. Les seuls moments où on aurait pu les entendre sacrer c'est quand ma génération est arrivée sur le marché du travail pour prendre leur job. 

Génération d'une grande liberté de jeune vie d'adulte, mais aussi de grandes craintes morales face au spectre de l'église et de Dieu, qui devait tout savoir là haut. 

Les mots d'églises, le clergé ne font plus peur à quiconque. Mais aux États-Unis, ils sont encore très prisonniers des églises à bien des endroits. Ils se dirigent vers 1951 parfois, dans leurs juridictions.

1966-1986: Punk

En décembre 1976, Freddie Mercury, chanteur de Queen, a un problème de dents impromptu et la formation Queen doit annuler à la dernière minute sa présence au show télé britannique de Bill Grundy. La compagnie de disque EMI, dans un effort de réparer les insatisfactions possibles, fera davantage de dégâts professionnellement, mais culturellement marquera un moment au fer rouge. Ils proposent The Sex Pistols à la place. Le moment sera epic. Une génération promise au no future en confrontation en direct avec un animateur dépassé par ce qu'il présente. Le groupe passe à la télévsion en direct, un soir de semaine et aucun montage n'est possible. Le langage ordurier y est interdit. Et les propos ne seront passablement que ça. Des obscénités. Grundy suggère que les Sex Pistols et leur entourage sont saoûls, "plus saoûls que lui" dira-t-il en direct, ce qui lui coûtera une suspension de 2 semaines  (Il ne l'était pas, mais le doute allait persister). 

Quand la discussion se tourne vers les filles du Bromley Contingent, Siouxie montre son admiration à Grundy qui lui répond qu'il la rencontrera dans l'arrière scène. C'est interprété comme sexuel et Mattlock, Rotten et Jones le traite de dirty old bastard et de dirty fucker. Le mot shit est aussi inutilement répété. Enfin répété à l'invitation de Grundy qui ne contrôle plus rien et les approche excessivement mal. Ce qui les poussent à se comporter toujours plus mal. 

L'incident devient national quand le lendemain dans le journal, on titre The Filth & The Fury (saleté, crasse, ordure & la furie) à la Une. Le mot punk, et le style par la suite, fera sensation chez plusieurs jeunes. Mais sera la grand danger qui nous guette dans toutes les familles. Nos familles troquent le terme "bum" (ou le garde quand même) et sont totalement terrorisé par le punk. La musique autant que l'attitude. C'était d'abord, une attitude. Quand je sors avec une jeune fille aux cheveux verts qui a un rat dans le cou (aussi teint vert),  ils me questionnent et en ont très peur. Déjà que je vires gothique sous leurs yeux, là, écouter The Cure avec une fille qui a un rat dans le cou...Les boomers d'alors ne comprennent pas la réalité des punks, pas plus qu'ils ne comprennent que c'est du rock joué avec assez peu d'accord, mais surtout une attitude. Qui les fait parfois frémir.  

1987-2007: divorce.

Les Femmes, au Québec, entre 1945 et 1987 ont nettement évolué. En savoir universitaires n'est plus une surprise. Ma mère était une des rares de son époque, (1968-1971), mais maintenant, les Femmes, de mon àge, en tout cas, sont les égales de l'homme à peu près partout. Ou commence à l'être en fait. Et réalisent souvent qu'elle n'ont pas besoin de leur homme pour bien vivre. Le divorce, quand je suis à l'école primaire (1980-1985) se fait rare et se compte par 1 ou 2 foyers par famille d'élève. Au secondaire (1985-1990), ça devient nettement plus fréquent. Les femmes travaillent de plus en plus et franchement presque toutes. Ce sera, par défaut, un obstacle majeur pour notre génération qui arrive sur la marché du travail mais personne, PERSONNE, ne nous attends nulle part. parents ont entre 30 et 50 ans, ils ne sont pas prêts à lâcher leur gagne pain. Les rôles familiaux sont largement redéfinis par le divorce, l'institut du mariage devient comateuse. En 2007, c'est rendu passablement le contraire, des parents qui ont fait toute leur vie ensemble deviennent la minorité. Le mot divorce est synonyme de coûteux pour certains/certaines, pour d'autres, c'est le mot mariage qui fait encore plus peur. 

2008 à nos jours: woke. 

Rarement un mot n'aura été vidé de son sens original aussi vite. Être éveillé, c'est être renseigné sur des enjeux sociaux. Et passionné d'injustices ne demandant qu'à être rétablies. les baby boomers ont désormais entre 63 et 77 ans. Le monde va vite. Beaucoup plus vite que jamais. Nos téléphone intelligents nous rendent rejoignables partout et on peut s'emporter si quelqu'un ne réagit pas assez vite à un de nos textos ou de nos appels. Le voiture polluent toujours plus puisqu'elles sont beaucoup plus nombreuses sur les routes, et on les construit encore pouvant rouler jusqu'à 160 km/h même si nulle part sur terre c'est légal de le faire (peut-être en Allemagne). Les gens qui militent pour les causes sociales et contre les injustices et qui virent dans l'excès avaient besoin d'un nom. On en a trouvé deux complètement atypiques: Antifa, pour faire croire qu'être anti-fasciste serait un défaut quelque part sur terre. Wrong on every level. Mais on utilise surtout beaucoup par les temps qui courent le mot woke pour parler des excès de bien-pensants comme l'Université d'Ottawa qui vire un de ses profs parce qu'il dit le nom d'un livre dans un de ses cours contenant le mot en N. Un livre qui ne s'appelle pas autrement. Du rien. Mais pas du wokisme. Pour certains des gens voulant (futilement) insulter avec le mot woke, les freedoms riders étaient probablement des wokes. Ces héros sociaux.

Woke est le nouveau punk. Gabriel Nadeau-Dubois, 32 ans, co-porte parole du parti Québec Solidaire est assurément perçu comme woke par une large part des baby boomers. Mais chaque utilisation de ce mot, de manière péjorative, en dit beaucoup plus sur ceux qui l'utilisent que le mal qu'ils veulent faire à la personne visée par le mot. 

Ils en ont généralement peur.

Et avec raison parce qui si on veut les "traiter" de woke, c'est parce qu'on craint les excessifs, qui ne font bien presque nulle part.  Et ça, ça peut être épeurant pour les gens vieillissants. Pour tout le monde. L'excès est pernicieux.

Mais ce mot, woke, est aussi partagé par une large part d'ignorants, plus jeunes. 

À qui il ne faut prêter aucune attention. 

Les épouvantails ne font peur que de loin. le courage croît en osant et la peur, en hésitant. 

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