Dans le surprenant premier film de Sean Baker, Tangerine, une comédie, on suit des prostituées, dont une transgenre, dans l'anarchie que sont leurs jours et leurs nuits. Elles n'ont pas de famille et leurs amitiés ne tiennent qu'à ce que l'autre peut vous apporter. Et vite, s'il vous plait.
À un certain moment, une des prostituées pourchasse celle qui aurait pu, peut-être la cocufier. Elle n'a comme indice que la lettre D. pour identifier celle qu'elle apprend à détester de minutes en minutes dans le film. À un certain moment, elle passe devant ce graffiti, fort joli disant Collateral not always necessary. À la fin du film, on se pose aussi la question. Est-ce que tous les dommages collatéraux vus dans cette heure 27 étaient tous nécessaires. Toute l'action se déroule le jour de Noël.
Noël approche pour nous aussi.
Vendredi dernier, le Kampai, un resto-bar de Montréal sur la rue Ste-Catherine, que mon fils et ses amis fréquentent très souvent, et le samedi qui a suivi, ont fait des giga-partys "de la dernière chance", comme si nous étions le 25 décembre (le vendredi) ou le 31 (le samedi) Peu de restrictions sanitaires, peu de masques, sinon pas du tout, sur les images qui en sont nées de gens dansant et hurlant leurs bonheurs sur de la musique, collés les uns sur les autres. Impossible qu'on se soit parlé autrement qu'en criant avec le bruit qu'il y avait là. Impossible aussi de pas avoir postillonné partout non plus.
J'étais quand même assez fier de savoir mon fils à nos côtés tout le week-end, et qu'aucun de ses amis, du moins, c'est ce qu'il me dit,(plusieurs ont effectivement prouvé leurs alibis en zoom, tard dans la nuit), n'a non plus plongé dans cette fameuse mauvaise idée.
D'encore moins bonnes idées sont de continuer à manifester contre les mesures sanitaires et les vaccins. Il y a définitivement plusieurs trains sur trop de rails en ce moment. Les patiences ont des limites. Il s'en sont trouvés encore beaucoup trop pour aller dans les rues, dimanche, et nous polluer les sens de leurs niaiseries anti-vaccin. C'était en réaction à la troisième dose rendue nécessaire en raison des variants.
Les habituels olibrius ont commencé à se moquer des deux premiers vaccins, jugés inefficaces. C'est un peu comme le gars marchant sur les rails, se moquant de la lenteur du train qui arrive. C'est si irritant de voir l'idiotie si fière. On a plus besoin du tout du rappel de ces dommages collatéraux que sont les antivaxx, les covidiots et les désinformateurs. Leur train a depuis longtemps déraillé et il y a peu à faire avec eux. L'invitation à monter dans notre train tient toujours. Mais si ils ne veulent pas, on ne veut plus les voir nulle part. Ils ne font que marmiter la colère que le cancre provoique quand il fait retarder la classe avec l'apprentissage de la matière. Car c'est de cela qu'il s'agit: apprentissage de la matière, pour tous. Et si tout le monde a une intelligence, certains ne l'utilisent plus beaucoup. Demain l'hiver, je m'en fous...
Les nouvelles nous montraient, hier encore, des gens à l'aéroport quittant pour Cayo Coco, le Mexique, la Floride des ailleurs évasifs. On demandait platement, "Vous savez qu'il est fortement recommandé de ne pas voyager si ce n'est pas nécessaire?". Pas un seul média pour dire que les assurances-voyage ne couvrent rien du voyage promis et les voyageurs perdent tout leur argent si ils n'honorent pas ce billet. En effet, nous sommes piégés dans cette exacte situation. Notre voyage d'avril 2020, sur une île du Honduras, avait été relogé du 3 au 10 janvier 2022. Si on choisit de l'annuler, on perd tout. Si le gouvernement nous empêche de voyager, ou si nous tombons malade nous-mêmes, on sera remboursé/crédité. Seulement si cette condition est remplie. Pas autrement.
Une large partie de nous veut s'y rendre. Pour se débrancher du chaos. Mais une plus large partie encore ne tient pas tant à y aller tout de suite. Si on s'y rend, et qu'après trois jours, là-bas, le Canada force le rapatriement de tous, on ne sera pas davantage remboursé/crédité à moins de fortement négocier.
Donc, aujourd'hui, demain, mardi, on tient pas mal à ce que le gouvernement canadien annonce la fermeture des aéroports. Même si nos santés mentales ont franchement besoin d'évasion. On aura aussi franchement besoin d'argent. Ou du moins, on ne peut pas se permettre d'en perdre autant. On est dans une situation "difficile". Il y a pire, on se comprend. Mais même si on quitte le 3 janvier prochain, quel type de repos auront nous sur la plage?
Avec la petite pensée toujours présente qu'on pourrait se faire rappeler au pays d'une minute à l'autre?
Au moment d'écrire ceci, on ne voit que les dommages collatéraux et on tente de freiner la panique.
Soyons responsables, à 33% protégés (les non vaccinés -15 %) lorsque vaccinés, devrions nous vraiment foncer vers les eaux des Caraïbes? Et risquer de pogner tout ce qui se pogne si facilement présentement?
Ma soeur, enseignante, vient d'apprendre qu'un élève de sa classe lui aurait donné la Covid-19.
Seule, jusqu'au 28 décembre.
Aux parents refusant de faire vacciner leurs enfants, aux non vaccinés, manger donc toute de la marde.
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