Il y a ce fameux titre de Micheal Nyman qui se nomme "The Heart Asks Pleasure First"
J'aurais tendance à aussi penser qu'il y a aussi sous entendu avec la sonorité "The art asks pleasure first".
Un artiste est toujours coupable de faire l'homme-sandwich, de vouloir séduire et être aimé. C'est dans l'adn du rôle.
Je ne voulais pas vous parler de Julien Lacroix. C'était avant de visionner et d'entendre ce qu'il avait à expliquer. Il y a des nuages dans son café. Encore complètement sur le ton de la défense.
Lacroix est un humoriste dans la vingtaine qui était en pleine montée au Québec. Coupable de plusieurs excès intoxiqués, il a eu des comportements toxiques envers une ancienne copine amoureuse, mais surtout, par 8 autres filles. Un seule accusation loge dans la potentielle rumeur et sème le doute.
9 confirment un trait de caractère.
Le consentement est une chose assez simple. Remplacez, dans ce qui suivra, le thé par le sexe.
"Veux tu une tasse de thé?" "Absolument je veux une tasse de thé". Consentement.
"Veux tu une tasse de thé?" "Hmmm...pas complètement certain(e)". Tu peux lui faire une tasse de thé (ou pas), mais cette personne ne le boira peut-être pas. Si cette personne choisit de ne pas la boire, ne jamais forcer cette personne à le faire. Viol de l'intégrité physique. Faire un thé ne donne absolument aucun droit si personne en a demandé. Un "Non merci" devrait suffire à ne pas faire de thé du tout. Inutile de se fâcher, inutile de le prendre personnel, tout le monde a le droit de ne pas vouloir de thé.
Il est possible que cette personne dise "Oui j'en ai envie" et lorsque la tasse est prête, change d'idée. C'est déplaisant, parfois franchement déplaisant, mais le type de plaisir à deux, si il n'est senti que par un, n'est plus un plaisir à deux. C'est normal et acceptable de changer d'idée.
Si la personne est inconsciente, aucun thé ne doit lui être administré. Son physique est en zone d'inertie, il faut continuer de respecter son intégrité physique. Puisqu'inconsciente, cette personne ne peut répondre à aucune question. Peut-être que cette personne avait dit oui consciente, mais pendant la préparation du thé, est depuis tombée inconsciente. Le thé ne compte plus. La sécurité de la personne inconsciente oui, toutefois. S'assurer que cette personne va bien. L'inconscience est souvent fâcheuse. Les gens inconscients ne veulent pas de thé, et les faire boire du thé, dans leur état, est un autre viol de l'intégrité physique. Même chose pour la personne qui commence à boire un thé et perd connaissance. Continuer de boire le thé, sans connaissance est absurde. Et viol.
Si un thé a été pris chez vous samedi, ceci ne veut pas dire que cette personne en voudra tout le temps tout le reste de la semaine suivante. Chaque buveur à son rythme, ses envies, ses capacités d'ingestion. Se faire surprendre à la maison pour se faire forcer à boire du thé est un viol de l'intégrité physique. "Mais tu en voulais la semaine dernière?". C'est pas une raison. Chaque thé est une nouvelle envie qui ne se commande pas toujours au rythme des autres. Forcé un thé lorsqu'on sort du sommeil le matin n'est pas non plus toujours bienvenu. Pas plus sous le prétexte que la veille au soir, ce thé était si bon.
Si on est capable de comprendre comment est incohérent de forcer quelqu'un à prendre du thé quand il n'en veut pas, le consentement sexuel est facile à saisir.
Julien Lacroix était partout où il ne fallait pas dans cette analogie. Plusieurs fois.
Il s'est d'abord défendu, trouvant les accusations injustes, alors. Sa réaction trahissait un dangereux déni de responsabilités. Il s'est éclipsé, pas tellement longtemps, a eu le temps de devenir papa, aurait travaillé sur sa personne et sur ses comportement toxiques et a jugé bon de revenir faire l'homme-sandwich dans une entrevue de 47 minutes avec une journaliste du Devoir qui avait co-signé l'article annonçant ses abus. Qu'il a reconnu.
Faiblement.
Son entrevue est pénible à écouter. Très pénible. Il parle de claque dans la face, d'humiliation, de son petit ego décalissé, d'être tanné, de vouloir marcher la tête haute...
L'intervieweuse a manqué son coup de lui rappeler qu'il s'agit du texte intégral de ses victimes. Qu'il s'approprie de l'exacte même manière qu'il s'était approprié leurs corps. Il pose en victime.
Ré-pu-gnant.
On voit bien qu'il n'a pas envie de s'expliquer et qu'il le fait parce que forcé par les pancartes de son rôle d'homme-sandwich.
Sur lequel il voudrait contrôler ce qui est écrit dessus. Parce que pour l'instant il ne lie que toxique.
Ce qu'on lira encore un bon bout de temps, nous aussi, si c'est comme ça qu'il veut se représenter.
Ce sera dur de nous faire rire, Julien.
Ton art n'est plus plaisir. Dans ton film, t'auras besoin d'un plus grand bateau.
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