J'aime le froid. Quiconque me connaît sait que je suis un amoureux de l'hiver, souffre davantage de la chaleur*, et adore l'automne/hiver dans l'ordre et le désordre.
Rentrant mon chat cette semaine, vers 5h20, après l'avoir sorti, à sa demande, vers 2h45 du matin, je le voyais arriver au loin et je croyais me reconnaître. Entre vampires, on se reconnaît tous.
Quiconque me connaît sait aussi que j'ai toujours voulu vivre dans un condo, que je traite, inconsciemment les maisons que j'occupe comme je le ferais dans un condo, en utilisant principalement une pièce ou deux, seulement, et que je suis très attiré par les villes qui favorisent les condos comme Montréal, Londres ou New York.
Bristol.
Dans les années 90, un vent musical extraordinairement intéressant a soufflé (et continue de le faire). Pirates favoris issus de ma (fameuse) bibliothèque musicale téléphonique. Issus de Bristol aussi.
Adrian Nicholas Matthews Thaws a perdu sa mère, ou bien suicidée, ou de complications liées à l'épilepsie, ce n'est pas clair. Papa opère le système de son Studio 17, donc très très tôt, le son prend une place capitale dans les oreilles et la vie du jeune jamaicano-anglo-guyannais. Élevé dans un quartier très pauvre, il fraye en mauvaise compagnie et vole des voitures, autant qu'il consomme toute sortes de cochonneries. Il est confié à sa grand-mère, mais préfère regarder des films d'horreur au lieu de se rendre à l'école. Il fait de la prison. Ne voudra plus y retourner. Ne fera pas toujours ce qu'il faut pour ne pas donner raison d'y retourner.
Encore adolescent, il se joint à The Wild Bunch, bientôt devenu Massive Attack, et on le surnomme le "Tricky kid". Le nom restera. Il sera du premier album de Massive Attack. Martina Topley-Bird, 15 ans, fait un morceau musical avec lui, il le montre à Massive Attack qui ne s'y intéresse pas. Ça lui donne alors l'envie d'essayer tout ça tout seul. Hip hop, soul, reggae, mélancolie, sensualité, Tricky lance 16 albums entre 1995 et cette année.
Jusqu'à ses 16 ans, le pauvre homme n'a jamais vécu avec stabilité dans une seule maison complètement. Ça lui a donné un départ, au niveau de l'encadrement familial, déplorable, dysfonctionnel à souhait. Ça l'a nourrit dans son art. Qui lui fera faire du cinéma et du Multimédia. Son trip hop fait la part belle aux invités et me plait beaucoup, beaucoup, beaucoup. Il est même l'une des principales raisons de mon abandon récent au rap.
C'est au sein de The Wild Bunch que se rencontrent le DJ Daddy G, Andrew Vowles et la graffiteur devenu rappeur Robert Del Naja. Dans les années 80, ensemble, ils raffinent un son à Bristol. Le succès de Nenah Cherry leur ouvre des portes pour une signature avec les étiquettes de disques. Ils collaboreront d'ailleurs avec Cherry., avec succès. Hip hop, reggae, éclectique influences, down tempo, très nombreux invités vocaux, comme Tricky, mais principalement les choristes Horace Andy et Shara Nelson, leur premier album, en 1991, fera grand bruit.
Ils lancent 5 albums entre 1991 et 2010, et chaque fois, leur manière de jouer avec les sons impressionne. Comme Tricky, plusieurs de leurs chansons sont sans refrains. Créant du même coup un style aérien atmosphérique plus qu'intéressant. Comme une volute sonore occupant notre espace auditif sans qu'on s'en rende tout le temps compte. Le crescendo est aussi habilement travaillé. L'apport de la guitare est aussi très finement nuancé. La base, dominante. Faisant naviguer parfois entre le psychédélique et le dance. Leur parfaite mixologie musicale les rend impossible à classer dans une seule catégorie musicale. Ils sont forts appréciables.
Très impliqués dans la conscientisation sur les enjeux climatiques, ils viennent de s'associer à l'Université de Manchester et leur centre de recherche sur le sujet.
Beth Gibbons et Goeff Barrow se rencontrent dans un programme pour les sans-emploi sous l'ère Thatcher qui leur garantissait 40 livres sterling par semaine afin de partir leur entreprise. Leu bizz, leur buzz, sera musical. En enregistrant un premier morceau, ils travaillent avec Adrian Utley, et à trois, choisissent de prendre le nom d'une ville voisine pour devenir Portishead.
Malgré leur aversion pour les couvertures médiatiques, leur premier disque est un large succès international. Musique noire pour un film noir pas encore tourné, on parlera même de gothic hip hop. Ils offrent une fenêtre incroyable sur le trip hop et ce sera par eux que je découvre tous les autres.
Portishead sont auteurs de trois albums entre 1994 et 2008. Accents de films d'horreur et de jazz, présence surprenante au cinéma, mais toujours fortuite, la formation est tout aussi ambiante que les deux autres artistes présentés. C'est en commençant une extraordinaire liste de lecture du Portishead qui me plait davantage que j'y ai aussi glissé l'oeuvre de Tricky qui me rejoint et le Massive Attack qui me séduit.
2h25 de total bonheur certains matins froids. Intimes. Formidables. Près du divin.
*Je dis ça et dès le 3 janvier, je le cours au Honduras...
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