samedi 20 novembre 2021

Systémique Racisme au Québec


Le Québec, le gouvernement Legault, qui en est à sa tête, ne veut pas reconnaitre le racisme systémique qui sévit au pays-qui-ne-veut-pas-être. 

Tant de déni, tant de déni.

Quelques fois comme ça, je vous exposerai comment le racisme systémique déploie ses ailes sous le clocher de nos églises.


Jannai Dopwell-Bailey, 16 ans, est un jeune garçon de Montréal-Nord qui a perdu la vie des blessures de poignard d'un jeune homme du même âge, dans ce qui semble être une guerre entre rivaux de gang de secteurs. Le jour même du meurtre, les assassins ont dans la mort du jeune homme sur les réseaux sociaux, fièrement. Ce qui était non seulement ignoble et inhumain, mais aussi, extraordinairement révoltant. Si peu de conscience morale. Si peu d'humanité. On en a jasé quelques jours, Pas même trois. On a vite oublié.

Jannai Dopwell-Bailey, vous l'aurez deviné, a la peau noire. 

On l'enterre aujourd'hui. Dans l'ombre de la mort de Thomas Trudel.


Qui est Thomas Trudel?

Un jeune garçon de 17 ans, qui a aussi trouvé la mort, "gratuitement" (on ne sait pas encore), assassiné d'une balle de fusil, par un adulte qui serait venu l'aborder à la sortie d'un parc, après avoir échangé avec Thomas. On cherche toujours à comprendre qui est cet homme, quel était le rapport avec Thomas, qu'est-ce qui a mené à tout ça. 

Dans le cas, de Dopwell-Bailey, on a trouvé l'assassin, il est en prison dans l'attente de son procès, contrairement à sa victime, son identité est protégée. Dans le cas de Trudel, on ne sait encore rien de l'assassin. 


Mais on sait tout de Thomas. C'était un bon garçon, dit-on, un sportif qui laissait de bonnes impressions partout autour. Beaucoup de jeunes sont venus pleurer sa mort et porter des fleurs à St-Michel là où il a trouvé la mort. Pour Dopwell-Bailey, il y avait aussi eu vigile, les médias l'ont timidement couvert. Les fleurs, les endeuillés(e)s, les amis, même un prof de secondaire II qui se rappelait, de lui (Trudel était finissant en secondaire 5) est venu pleurer à l'écran son ancien élève dont il gardait un bon souvenir. 


Bon, ce ne sont pas tout le monde qui soit aimé de la même manière, il ne s'agit pas d'un concours de popularité, mais les médias ont couvert pas mal toute la semaine dernière, les endeuillé(e)s, les anciens profs, les passants dans des vox pop. La mairesse de Montréal a tenu des propos sur "les armes à feu chez le jeunes" (on ne sait pas toujours si c'est un "jeune"). Elle s'est déplacée sur le lieu du meurtre. A été filmée le faisant. A déposé des fleurs, tenu un petit moment de recueillement. Offert une entrevue par la suite disant en gros "qu'il fallait faire quelque chose".  Le chef de police a aussi parlé des "jeunes qui ont trop accès aux armes" (on ne sait pas encore si cet assassin était si jeune). Le Premier Ministre Legault s'est aussi déplacé sur place, pour y placer des fleurs avec son masque (dehors!?!) et a offert des entrevues récitant aussi le laïus sur les armes à feu, les jeunes, Oh Thomas, un si bon garçon, et soulignant que le fédéral pouvait/devait en faire plus.

Justin Trudeau, le soir même, du fédéral Canada, a jasé de la chose, oh Thomas, pourquoi? 

Il y a eu beaucoup beaucoup d'exposition de la mort de Thomas Trudel. "Un petit gars qui n'aurait pas dû...".

Thomas est bien entendu, blanc. 


Je vous écris cela d'un continent où, hier, on a innocenté un adolescent de 17 ans, blanc, qui a pris la responsabilité de se promener, arme illégale au poing, au coeur d'une manifestation de gens réclamant un meilleur traitement de la vie des noirs, aux États-Unis et qui a fini par assassiner deux hommes, quand il a eu peur. On a lancé le message que si vous avez peur, prenez les armes et faites vous justice. Si ce même jeune homme, dans les mêmes circonstances, avait été noir, il aurait écopé de 150 ans de prison. Parce qu'aux États-Unis, le racisme est tout à fait décomplexé. Et surtout, les juges sont politisés. Leur position, leur couleur, politique, est connue. Ce qui dénature complètement le métier. 


Mais revenons à notre racisme systémique. Dans systémique, il y a "système". Comme dans ensemble abstrait dont les éléments sont coordonnés. Vous voyez la coordination du système? 

Un spécialiste s'est pointé sur les ondes télé et a dit, sans rire, sans que ce ne soit relevé par la personne qui l'interviewait, mais aussi sans s'excuser, que Thomas "..N'avait pas le profil, mais aussi n'avait pas la nationalité pour être une cible du genre..." 

N'avait pas la nationalité...


N'AVAIT PAS LA NATIONALITÉ!

On peut dire ce genre de choses au Québec sans créer de réel scandale. 

Sinon quelques commentaires outrés entre deux pelés et un tondu.

Systémique.

Personne d'autre ne le dira. Important qu'on le souligne ce racisme systémique. En l'appelant simplement racisme, si on s'entête à nier. 

Il est bien vivant, lui.  

Il y aura une marche à la mémoire de Thomas Trudel aujourd'hui. Pendant qu'on enterre discrètement Jannai Dopwell-Bailey. 

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