Chaque mois, vers le milieu, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers jours) et tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers), je vous parles de l'une de mes trois immenses passion: la musique.
Le titre de la chronique est inspiré de 4 albums que j'ai tant écouté dans ma vie, que cette musique m'habite.
J'en connais toutes les paroles, tous les sons, toutes les nuances, tous les tons, bref, elle compose mon ADN.
Par ordre de création:
Blonde On Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2
B.I.B.I. c'est moi, c'est aussi la terminaison du mot habibi voulant dire, en langue arabe, je t'aime.
Musique, je t'aime.
REMAIN IN LIGHT des TALKING HEADS.
1980.
Une année si importante dans ma vie. Je sens parfois que j'y suis né. J'avais 8 ans. Mais je prenais nettement conscience de plusieurs choses. Je devenais Kevin Arnold dans The Wonder Years. De l'âge et des défis de mes parents dans le monde adulte. De la côté Ouest Américaine dont nous avions fait le tour en voiture durant l'été, en famille. J'y faisais mes premières collections complètes de cartes de baseball et de hockey. Je voyais les deux premiers Star Wars (devenus les 4ème et 5ème) dans un programme double au cinéma le même samedi. Avant que la marketing comprenne qu'il puisse nous violer. Je me découvrais des passions et une première fille s'intéressait à moi sans que ça me dégoute (c'était aussi arrivé en maternelle mais j'avais été dégoûté, désolé Hélène Desrosiers tu ne le méritais pas).
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"parles de nous, Jones..." |
Étrangement je suis né dans la semaine où David Bowie a fait naître Ziggy Stardust sur scène, et en 1980, il lançait son dernier grand album avant 15 ans encore. Il clôturait un chapitre. Et avait le même âge que mon père, 33 ans. Moi, je commençais de nouveaux chapitres. C'était aussi l'année de mon championnat des marqueurs, au hockey. 67 buts 42 mentions d'aide, 109 pts. J'en ai toujours le trophée. 1980 c'était aussi l'année d'un référendum perdu où je voyais mes parents pleurer pour la première fois. C'était la fin de la première saison complète des Nordiques de Québec dans la LNH. Un club dont le coeur battrait avec le mien. Et la première année où je portais attention au monde musical. Avec cet album blanc marqué de briques appelé
The Wall, et que j'écouterai/chanterai jusqu'à l'adolescence.
1980, c'était aussi l'année du 4ème album des Talking Heads qui complétaient
la transition entamée par au moins
2 morceaux de l'album précédent. Brian Eno, producteur des
deux albums
précédents, serait encore producteur pour ce chef d'oeuvre musical que je ne découvrirai que beaucoup plus tard qu'à mes 8 ans. Je ne crois pas que j'aurais été ouvert aux polyrythme africains à cet âge. Je voulais être membre de Duran Duran.
Le nouvel album de David Byrne, Tina Weymouth, Jerry Harrison, Brian Eno et Chris Frantz serait plein de grooves osés, sur des morceaux aux paroles toujours déconnectées. Il n'y aurait jamais plus de mots sur un album des Talking Heads, mais ils ne seront jamais aussi peu importants comparés aux explorations musicales présentées. Le premier single serait un flop
jusqu'à ce qu'on en présente un vidéo. Talking Heads était très bons en frais de vidéoclips. Son inclusions dans le film
Stop Making Sense, 4 ans plus tard, et son inclusion dans le film
Down & Out in Beverly Hills allait en faire un succès tardif autour de 1986. C'est vers là que je plongerais vraiment dans leur son.
Byrne reste toujours dans l'inconfort dans ce qu'il chante. L'ennui banlieusarde, qui aujourd'hui m'assaille. Rassuré par l'existentiel "
letting the days go by...". Sans gros single, l'album avait tout de même été un hit. C'est dire comment le bouche à oreille, un clip et
un son comme le leur pouvait réussir à aller chercher son monde. Talking Heads se branchait sur un public qui se rendrait sur
une route menant nulle part. Largement
influencé par la musique de
Fela Kuti, de la musique nigérienne,
le funk et l'électronique se croisent habilement. Cet album réunit le meilleur de ce que Talking Heads faisait si bien.
Écouter le vent du temps.
Dense amalgame de percussions africaines, de
base funk, de pop et d'électronique, il n'y a que 8 chansons, mais elles s'imposent dans la ruralité tout en inspirant la jungle. Byrne est toujours
cryptique dans ses paroles et s'inspire du discours de John Dean dans son témoignage au Watergate tout comme il s'inspire de l'histoire de l'esclavage aux États-Unis. Chris Frantz avait initié Byrne au style de
Kurtis Blow. Les excès des années 80 étaient presque annoncés. Les arrangements seront qualifiés de riffs de guitares arachnides. Weymouth & Frantz, un couple à la ville, ont pensé quitter le groupe sentant qu'ils devenaient le band de David Byrne, mais ont préféré resté et faire des projets parallèles. Ils avaient aussi secrètement rebaptisé Brian Eno, Brian Ego. Weymouth pensant même placer son visage superposé sur les 4 visages barbouillés en presque monstres des membres du band.
Robert Palmer, oui le chanteur de
Power Station et d'
Addicted to Love, joue de la percussion sur l'album. En retour
Frantz jouera aussi pour Palmer.
Brian Eno a été excessivement impliqué sur cet album, au point de beaucoup débattre avec Byrne, Weymouth, Frantz & Harrison. Mais au final, le produit final aura été exceptionnel. Radiohead, grands fans du band au point de prendre leur nom de groupe d'une de leur chanson, a dit s'être beaucoup inspiré de cet album pour faire leur chef d'oeuvre Kid A. Angélique Kidjo, il y a 6 ans, a refait cet album au complet afin de rendre hommage à ce qu'elle avait tant aimé.
David Byrne, qui est dans le spectrum de l'autisme, est toujours formidable. Mais Harrison joue de manière magistrale sur cet album. Et Weymouth & Frantz sont tout simplement extraordinaires à la rythmique. Ils ont même écrit une chanson volontairement "
dans le style de Joy Division" et ce, sans jamais les avoir écouté** et simplement lu des articles sur le band... Exercice qu'ils ont particulièrement réussi, à mon avis.
Pour les amateurs de new wave, post punk, worldbeat, dance-rock, art pop, rock, avant-pop, funk, Fela Kuti, afrofunk, de grooves, de funk psychédélique précurseur de la musique alternative, d'échantillonnage même si 90% de l'album, est réellement joué. Et souvent échantillonné à partir de ce qu'ils avaient eux-même, joués. Ce qui rend l'ensemble encore plus remarquable.
** J'en doutes mais c'est dans l'esprit des cartes obliques de Brian Eno.
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