Je l'ai surconsommé, le fais toujours, l'ai étudié, en fût diplômé à l'université et dans une école privée, y ai travaillé, en fût primé, m'en suis retiré, mais le cinéma ne sortira jamais de moi.
Je vous parles d'une film dont j'ai aimé l'histoire, les personnages, les interprètes, la réalisation, la photo, le décor, le ton, la musique, bref je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. Souvent un film que j'ai dans mes propres films personnels, dans ma vidéothèque.MIDNIGHT IN THE GARDEN OF GOOD & EVIL de Clint Eastwood
Pour qu'un film capte mon attention pleinement et se réfugie à jamais dans ma mémoire, il faut en général une sainte trinité de plaisirs sentis.
Dans ce cas précis la trinité en question se trouve dans la cinématographie du somptueux décor de la Georgie de la part de Jack N.Green, dans l'histoire tirée du livre de John Berendt aux personnages riches et colorés, inspirée de faits réels survenus dans les années 80, et dans la distribution/interprétation des rôles. Le livre n'est pas classé dans la fiction. Le film, adapté de John Lee Hancock, un peu plus. Ce qui vous donnera envie de plonger dans la vraie histoire par la suite.
La finesse ou la subtilité n'est pas ce qui marque la carrière de Clint Eastwood. On peut sentir quelques fois qu'il tire du fusil de la hanche dans ses choix. Mais celui de donner le rôle du tordu Jim Williams à Kevin Spacey s'est révélé avec le temps fortuit et formidable. Avec ce que l'on sait de nos jours sur le prédateur qu'il a été, ce rôle lui va à merveille.
Le film raconte l'histoire vraie, dans le charme du Sud Gothique des États-Unis, de l'auteur qui avait été invité à y prendre un appartement pour y écrire sur la cause en cour et la faune de l'endroit: un collectionneur antiquaire gay, un propriétaire de bar sans domicile fixe, une drag queen (jouant son propre rôle), une prêtresse vaudou, un homme qui tient ses mouches en laisse, un autre qui promène son chien invisible, et les membres d'un club de cartes de femmes mariées. Tout ces gens, que le journaliste Berendt a rencontré, croisés dans une labyrinthique histoire de mort de jeune prostitué pour lequel Williams est accusé. John Cusack joue le rôle de l'auteur nous les faisant découvrir et nous place en quelques sorte dans sa peau, nous, spectateur qui les découvrons au fur et à mesure aussi. Si le journaliste avait été étrange lui aussi, ça aurait distrait. Mais il est plat journaliste de New York, qui semblera n'avoir jamais eu de blonde de sa vie. Jude Law y était découvert et le personnage joué par Spacey allait décevoir l'auteur qui avait rencontré l'original Jim Williams et lui avait pourtant refilé des cassettes audios de ses passages en cour. Avec amusement, on découvrira ensuite, que si Spacey l'avait joué suave et presque somnambule, c'était parce qu'il avait écouté l'unique cassette où Williams avait consommée des valiums. Ralentissant largement son débit. Spacey le joue parfaitement, sous l'effet de somnifères. Jack Thompson dans le rôle de l'avocat de la défense est aussi formidable. 2 partys de Noël seront couverts par le journaliste. Un pour que le journaliste ait quelque chose à raconter et un autre la veille, pour célibataires seulement. Lady Chablis, jouant Lady Chablis y va de savoureuses lignes, qui sont d'elle et qu'Eastwood a encouragé à improviser sur le plateau. Certains personnages du best seller ont été omis, mais la cinématographie compense.Le livre serait apparemment beaucoup mieux que le film mais on parle cinéma, on ne parle pas littérature aujourd'hui. Et pour les yeux, ça vaut le coup d'oeil.
La vraie histoire aurait été peut-être mieux servie par un brillant documentariste comme Errol Flynn, mais elle est ici servie par une cinématographie léchée, une distribution impeccable et une histoire aussi riche que ses décors.James Gandolfini, pré-Sopranos, en 1997, joue le rôle d'un chef cuisinier dans la scène tournée au Clary's Café. Il n'en sera pas créditié au générique final.La fille de Clint et de Margaret Neville Johnson, Alison, qui a exactement mon âge* et qui avait alors 25 ans, y tient un rôle important.
Chose étrange, et fausse, aussi au générique final, est la mention que le film a été adapté du roman "de fiction" du même nom, alors que ce n'est pas une fiction mais bien un récit journalistique publié en livre.Le film fera 5 millions de moins que ce qu'il aura coûté. Mais la qualité ne se mesure pas en chiffres.
Mais en effets sentis.
C'est beau la nuit en général, et ici, en Georgie. Mais ça peut cacher bien des choses passé minuit...
*Mais je suis plus vieux qu'elle, dès la 13ème minute passée minuit ce soir.
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