mardi 8 décembre 2020

Excès de Guillemets

C'était presque dur à croire 

 Au moment où on se disait qu'il ne pouvait pas davantage s'humilier publiquement, Rudy Giuliani est descendu plus bas encore. Redéfinissant le pathétisme dans la catégorie des clowns publics entourant l'ancien, mais toujours président (encore 53 jours) Trump.

Il a présenté, jeudi dernier, son "témoin vedette" des "fraudes massives" lors des dernières élections prétendument "volées" par les Démocrates. 


Ça surpassait le délire habituel. Le débat sur le libre-arbitre existe depuis qu'Adam & Eve ont eu envie d'une pomme. Mais la semaine dernière a offert, avec un grand moment de surréalisme télévisuel une séance face au congrès qui ne pouvait que favoriser le déterminisme. Le plan Giuliani, de présenter une incontournable témoin des "fraudes massives" a été, comme ABSOLUMENT toutes ses sorties publiques depuis quelques mois, ca-tas-tro-phi-que. Grotesque. Et désopilant.


Quand Rudy se penche sur vous pour vous empêcher de vous humilier davantage, c'est que les choses vont vraiment mal. La séquence était si détachée de toute réalité que Rudy lui-même n'était pas le plus humiliant, et ce, même si il a clairement pété deux fois DEUX FOIS! très audiblement en direct. Ça ne s'invente pas, vraiment.  Même chez les clowns. 

La vedette était Melissa Carone, une technicienne en informatique pigiste, sans emploi ("That's what the Democrats do to you!") dont la combination d'incohérence et de flamboyante hostilité a été atroce pour la démocratie mais fabuleuse pour la télévision. Carone a donné une nouvelle opportunité de démontrer une leçon que nous devrions avoir tous apprise après 4 ans de Donald Trump: la satire a une limite.


Les bas-fonds ont été atteints. Tout de suite, les journalistes ont souligné que "le témoin" présenté ressemblait franchement à un personnage de Saturday Night Live. Et quand Saturday Night Live l'a ensuite imitée, deux jours après, Il n'y avait pratiquement plus rien à caricaturer. On a mixé, sur le net, sa lunaire intervention avec le personnage de SNL "the girl you wish you didn't start a conversation with at a party" et ça coulait de source.


Sa crédibilité accotait follement le niveau zéro. Elle était un croisement de personnage de SNL, de serveuse ayant goûté un peu trop de fonds de verre sur son quart de travail et de ce qu'on appelle une "Karen". 

Parenthèses sur les "Karen", je suis très inconfortable sur le terme. On appelle "les Karens" ces dames qui se sentent constamment victimisées dans les services publics, voulant toujours parler au gérant, souvent outrée pour pas grand chose, avec souvent la coupe de cheveux de Roxanne Bruneau, qui est blanche et consciemment ou non, raciste. Elle serait de la génération X. 


Bon...je suis mal à l'aise pour plusieurs raisons autour de ce terme. La première est que je sais exactement de qui ces gens parlent. On connaît tous le type de petite duchesse de banlieue qui croit qu'on doit tous s'ajuster à son code moral. La seconde, c'est qu'on associe ces femmes à ma génération. Non, je connais ces gens de tous les âges et surtout, de tous les sexes. Même le troisième sexe. Et finalement, et c'est probablement mon plus gros malaise, je connais personnellement-c'est la mère d'une amie de ma fille-une femme de ma génération remplissant tous les critères, sauf celui du racisme. Enfin, je ne sais pas. On ne se fréquente pas assez pour le savoir. 


Le "concept" un peu bête des "Karens" a été plaqué à un évènement manipulateur de racisme survenu cette été, commis par une AMY.

Mais si vous voulez vraiment paraître cultivé, sachez que les vrais Karens sont un groupe ethnique Tibéto-Birman, entre 4 et 5 millions, dont 10% vivent en Thaïlande et 90%, en Birmanie. Pendant 64 ans, ce groupe ethnique a été en guerre avec la junte birmane et un cessez-le-feu n'existe que depuis 2012 entre les deux types de population.   

Longues "parenthèses" je sais, mais "excès" de guillemets aussi.  


Pour revenir aux "folies" de Rudy, même Trump et son équipe décimée, celle à qui il ne peut plus dire "you're fired!" sans que ceux-ci ne lui répondent légitimement "So are you!!!", en a eu assez des humiliations ponctuelles de celui qui est supposé les sauver. 

On lui a "trouvé" une "CoVid".

Le garantissant à l'abri pour au moins 15 jours.

15 jours où il sera peut-être plus facile d'essayer d'endormir le peuple avec de nouvelles fabulations sans ce fantastique gaffeur dans les pattes, gaffeur qui vient de tracer une ligne définitive entre le supportable et l'insupportable.

Même chez les insupportables fabulateurs.  

"Excès de guillemets, je vous avais prévenus"

Aucun commentaire: