Le film "noir" n'a jamais eu rapport à la couleur de la peau. Les cinéphiles "sachent". C'est un ton. Sombre. Anti-héros, faillibles détectives au passé trouble, narrateur en voix hors champs de temps à autres, fusils qui vont finir par tirer au moins une balle, femmes fatales, trahisons entre gens troubles, esthétique et exagération dans les ombres projetées sur les murs, narration compliquées, ou pas du tout, mort toujours au rendez-vous.
Le film noir croise souvent d'autres genres comme le folk verse vers le country. Romance, espionnage, kidnappings, rançons, action, horreur, souvent avec de fameux effets visuels et de savoureux dialogues épicés.J'ai vu 10 des films mentionnés plus bas. En possède 6. Ce seront les titres bordés d'un astérisque. J'ai donc réservé les trois pas encore vus, à la bibliothèque. (Chuuuuuuuuuuut! c'est toujours gratuit là où je suis) Ce seront ceux bordés de ().
13. The Night of The Hunter de Charles Laughton. 1955Mélange de crime psychologique, de film de crime et de pure horreur gothique, l'unique film tourné par l'acteur Charles Laughton est classé comme l'un des meilleurs au monde, tous genres confondus. Presque toujours placé second derrière Citizen Kane. Des enfants y jouent ce qui donne une sorte de ton de conte en même temps. Conte horrifiant. Cauchemar animé par Robert Mitchum au meilleur de sa forme, dans le rôle d'un révérend se liant à une veuve dont les enfants ont hérité d'une fortune. La seule présence de l'actrice du muet Lilianne Gish suggère une part de silence hantée. James Agee a adapté l'histoire vraie de 1932 du sale Harry Powers. Beaucoup d'hommages ont été rendus par d'autres réalisateurs autour de ce film. Dont Spike Lee.
12. L.A. Confidential* de Curtis Hanson. 1997
Adapté d'un roman de James Ellroy par Hanson et Brian Helgeland, on nous raconte deux détectives aux habitudes très différentes, le bouillant Russell Crowe et le plus "by the book" Guy Pearce devant faire équipe pour faire tomber une toile étanche de corruption, en se rendanr au sommet de la pyramide cirminelle dans le Los Angeles des années 50. Plusieurs films noirs jouent dans les ombres tandis que celui là expose le soleil de la Californie en surface avec la part obscure de l'homme tout en profondeur. Portrait d'immaturités malades, de violente corruption et de bel amour. Kim Basinger gagner l'Oscar de la meilleure actrice dans un rôle secondaire tellement elle crève l'écran. C'est aussi un brillant film sur la fraternité. Et avec tout ce qu'on sait maintenant sur Kevin Spacey...une couche de saleté s'installe toute seule. Fameux casting aussi. 11. The Maltese Falcon de John Huston. 1941C'était le premier film de John Huston et il l'avait entièrement adapté du roman de Dashiell Hammett. Le MacGuffin du titre réunit autour de lui Humphrey Bogart, Peter Lorre, Mary Astor, Gladys George dans une exposition d'avarice et de sa futilité. Ce film est presque une reprise d'un film de 1931 qui adaptait aussi la même histoire, mais qui avait été censurée parce que trop "racée" et ce, jusqu'en 1968. Cette version de 1941 est souvent considérée comme la meilleure histoire de détective du genre. Il a d'ailleurs été parmi les 25 premiers films acceptés à la Librairie du Congrès des États-Unis parce que reflétant adéquatement, esthétiquement et avec talent, des réalités Étatsunienne bien représentatives du peuple.
10. Drive de Nicholas Winding Refn. () 2011
Ironiquement, pas plus tard que hier, je vous parlais de Jodorowski et des réalisateurs qu'il avait influencé. J'ai censuré Winding Refn que je ne connaissais en rien. Je ne connais pas plus son film. Mais comme j'aime bien Carey Mulligan, j'ai déjà la curiosité bien aiguisée. Ryan Gosling n'est jamais plus intéressant que lorsque muet. Poseur. Parce qu'aussi charmeur que menaçant. Avec une présence presque fantôme dans le rôle d'un chauffeur mêlé au milieu criminel en compagnie d'une veuve qu'il doit protéger. Avec des effluves de Pulp Fiction, le film aurait aussi des échos de David Lynch. Je suis vendu. Film a écouter passé minuit, sans contredit.9. Sunset Boulevard* de Billy Wilder. 1950
6 ans après avoir lancé l'ultime film noir, le d'abord scénariste, devenu réalisateur, tourne une satire Hollywoodienne avec Wiliam Holden qui a besoin d'un film pour le relancer, ce qui habite fameusement son personnage de scénariste plus ou moins raté. La vedette du muet Gloria Swanson y trouve un rôle historique d'artiste déconnectée. Von Stroheim est croisement de Dr Frank Einstein et de valet de grande classe. Ce chef d'oeuvre a une scène d'ouverture saisissante. Film sur la nature désillusionnée de l'Homme avec un grand H. Pathétisme et racontars envers soi-même. Film fétiche dans la confrérie des scénaristes dans laquelle j'ai été formé. 8. Laura d'Otto Preminger. () 1944Style avant la substance ici, mais aussi triomphe du style sur la santé mentale. Dana Andrews, Vincent Price, Clifton Webb, Gene Tierney composent ce formidable carré d'As d'artistes qui rendent ce film si intéressant. Un détective tombe amoureux de la victime d'un meurtre sur laquelle il enquête. Histoire d'amour et de fantômes teintée d'un peu de la touche Hitchcock. Depuis 1999, c'est aussi dans la Librairie du Congrès des États-Unis. Truman Capote en avait écrit une adaptation pour la télévision en 1968.
7. Blue Velvet* de David Lynch. 1986
Tant de gens ont tenté de copier le style Lynch. Quand je sortais de mes classes de cinéma, TOUT LE MONDE citait Lynch (ou les X-Files) pour parler du style qu'ils voulaient créer. Il n'y en aura jamais eux deux comme lui. Il est unique. Ce film noir présente un étudiant découvrant une oreille en banlieue ce qui le plonge dans un univers criminel déséquilibré où Dennis Hopper "s'oxygène" à même une bonbonne. Frank Booth est probablement un des vilains les plus déséquilibrés présenté sur pellicule filmée. Sombre et dérangeant comme Lynch est capable de nous déstabiliser. La musique de Roy Orbison n'a jamais paru aussi tordue. Autre fameux casting.6. Notorious* d'Alfred Hitchcock. 1946
La plus élégante démonstration du style du maitre du suspense selon le mythique critique Rogert Ebert (qu'il repose en paix). Cary Grant, Ingrid Bergman, un fameux verre de lait, Claude Rains, sont à leur plus sombre, parfois cynique, profondément romantique dans une histoire d'espionnage dans la foulée de la fin immédiate de la Seconde Guerre Mondiale. Ce film est aussi dans la Librairie du Congrès comme culturellement, historiquement, esthétiquement significatif dans l'histoire des États-Unis. Ben Hecht méritait sa nomination aux Oscars pour la meilleure histoire originale. Humaniste à souhait. Trait pas toujours présent dans les films noirs.5. The Last Seduction de John Dahl. 1994J'avais beaucoup aimé Red Rock West qui offrait probablement le meilleur rôle à Lara Flynn Boyle qu'elle n'aura jamais eu. Mais Linda Fiorentino dans cet autre bon film de John Dahl, est encore plus exceptionnelle. Mais comme le film avait été diffusé à la télévision en premier, il n'était pas candidat pour les Oscars. Où elle aurait au moins dû avoir une nomination. Ce thriller érotique des années 90 raconte l'histoire d'une femme fatale prenant la route avec l'argent sale de son homme, tentant de préparer son prochain coup. Excitant road movie, parfois assez drôle, mais tout à fait brutal. Un Coen & Coen style Blood Simple.
4. Collateral de Micheal Mann.() 2004Je n'ai jamais été impressionné par Tom Cruise. Même dans les trois films que j'ai avec lui dans ma vidéothèque, Born on The Fourth of July, Jerry Maguire et Magnolia, j'ai au moins une scène qui me revient en tête où je me dis "c'était vraiment la meilleure prise qu'ils avaient pour cette scène ?". Mais on dit que ce tueur à gages qu'il incarne, qui impose son style de vie à un pauvre chauffeur de taxi, serait sa meilleure performance à vie. Il serait animal, presque loup. Néon, grandes lumières et basses ombres, Mann tourne merveilleusement bien. C'est tout ce que j'avais retenu de lui pour son film Heat. Une scène de coyote dans les rues, une autre de fusillade dans un lieu clos seraient mythiques. Portrait d'une ville impersonnelle, L.A.
3. Vertigo* d'Alfred Hitchcock. 1958Plusieurs placent ce film parmi les 3 meilleurs peu importe les genres. Plusieurs autres le placent premier dans le genre noir. Le vétéran militaire devenu détective privé devient obsessif autour d'une blonde sur laquelle il a été engagé pour enquêter. La cinématographie couleur relève du rêve. Salvador Dali a participé à une scène, justement tiré du sommeil du personnage de John "Scotty" Ferguson. Déboussolé dans un San Francisco superbement filmé par Robert Burks. La musique de Bernard Hermann est aussi une de des meilleures. Et le générique de Saul Bass est culte. Et annonce les multiples sortes de déséquilibres à venir dans le film. Cyclique et vertigineux.
2. Chinatown* de Roman Polanski. 1974Un des me films préférés. Autre film culte entre scénariste. Comment faire d'un sujet plate sur papier, quelque chose d'intéressant. Film sur l'impuissance face èa la corruption.
1. Double Indemnity de Billy Wilder. 1944
Encore Billy Wilder, avec le film noir des films noirs. Après avoir vu ce thriller à suspense, Hitchcock aurait dit que les deux mots à retenir à Hollywood étaient Billy & Wilder. Quand le maître parle de vous comme ça, vous avez réussi. Ce film est comme le dernier mot sur le genre. Adapté de la courte, mais punchée nouvelle de James Cain, par Wilder & Raymond Chandler, on y voit Fred MacMurray incarner un vendeur d'assurance, sa provoquante femme Barbara Stanwyck incarner la femme fatale, et Edward G.Robinson jouer l'ajusteur des réclamations. La double indemnité double la prime d'assurance quand la mort survient d'une manière inusité. Vous pouvez donc imaginer que ce trio va magouiller. Ce film est reconnu pour avoir jeté les bases du film noir pour les années à venir. Un incontournable.
J'ai même choisi de le réserver aussi à la Vievliothèque. Pour le revoir.
Parce que oui, la bibliothèque c'est respirer autrement et respirer, c'est vivre. Donc vievliothèque.
Je m'étais commandé deux versions d'adaptation de la nouvelle de 1927 The Killers d'Ernest Hemmingway sur un même DVD. 1946 tourné par Robert Siodmak avec Burt Lancaster et Ava Gardner et 1964, tourné par Don Siegel avec Lee Marvin, John Cassavettes, Angie Dickinson et Ronald Reagan. L'ai reçu. Ça m'a donné l'idée de la chronique.
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