mercredi 29 mai 2024

Steve & Les Fantômes

Je vous parles encore divertissement. 

Ceux qui me connaissent savent que quand la réalité me pue au nez, je me réfugie dans la fiction. le culturel. Les leaders locaux, nationaux, mondiaux, me dégoûtent profondément. Les prétendus juges aux États-Unis, qui sont tout sauf impartiaux, sont révoltants. La triche est bien visée au pouvoir. 

Mais parlons léger. 

Et mysticisme. 

Certains liront lourd. Je ne contrôle pas ce que vous comprenez/encaissez. 

Automne 1983. 

Steve Johnson avait travaillé sur les effets spéciaux pour le film d'horreur The Howling, à 20 ans. John Landis l'avais ensuite engagé pour travailler les masques dans An American Werewolf In London, que, ironiquement, je viens tout juste de visionner.  À 23 ans, il est engagé par Ivan Reitman pour travailler le monstre du film en préparation, Ghostbusters.  Johnson sera l'homme derrière la créature de The Abyss vers la fin. Il travaillera sur Fright Night, Poltergeist 2Spieces, Bicentennial Man, plusieurs projets télés dont des adaptations de Shining et The Stand de Stephen King, et Spider Man 2, parmi ses 1001 projets. 

Mais fin 1983, il travaille sur l'histoire de Dan Aykroyd et Harold Ramis. On lui commande un vague fantôme. On lui demande "un fantôme qui sourit". Une fois qu'il en présente un, on le renomme "tête d'oignon" car la bête présentée est faite de matériaux qui puent pour vrai. La fantôme qui deviendra Slimer prendra 6 mois à créer. Ce sera une expérience ardue pour Johnson. On lui demande d'abord simplement une bête souriante de manière machiavélique. Mais on change d'idées souvent sur ce plateau. On lui demande de le rendre plus méchant, mais pas trop pour ne pas que les enfants ne puissent pas voir le film. E.T. vient de faire un malheur, et on veut la crainte d'un Darth Vader, mais quelques coches au-dessus. On lui demande de changer les oreilles, puis de les laisser tomber. Les cheveux aussi. Le nez, la bouche, On le refait faire presqu'au complet. Johnson n'a que 23 ans et ça semble donner envie à tout le monde de continuellement le surconseiller. 

Ce sont les années 80. Et bien entendu, à 23 ans, on est jeune. On le veut plus bédéesque, moins bédéesque, nez menaçant, nez moins dominant. Johnson est sur le point de s'ouvrir le crâne en deux quand il choisit de "bien" vivre ses 23 ans, et de consommer, de temps à autres, de cette bonne vieille cocaïne qui garde éveillé longtemps car on veut une sortie en juin 1984, le temps presse, faudra travailler jour et nuit si on change d'idée tout le temps. La cocaïne, dans les années 80 est partout et très accessible. Les blancs la consomment beaucoup, Reagan fait emprisonner les noirs qui la vendent ou qui sont surpris en possession. C'est une arnaque raciste politique républicaine. Le racisme républicain ne date pas d'hier. Pendant qu'on se décide mal sur Slimer, Johnson travaillera "La fantôme de la bibliothèque" qui sera aussi très marquante. Slimer et la fantôme de la bibliothèque sont à mon avis les deux fantômes les plus réussis de l'original Ghostbusters

On s'impatiente et on donne un ultimatum au jeune Steve. Il a 24 heures pour tout redessiner et si on est pas d'accord sur le produit final,  le lendemain, il sera viré. Bonjour pression. Il se cocaïne à fond pour travailler le dernier 24 heures. 

Et Aykroyd, meilleur ami de John Belushi, pour lequel il avait écrit le rôle qu'a finalement tenu Bill Murray, donne comme dernier conseil à Johnson: "Fais-lui ressembler à John". Belushi est mort d'une surdose cocaïno-héroïnée, à seulement 33 ans, deux ans avant. Alors qu'Aykroyd lui écrivait justement le rôle tenu par Murray.  

Il faut savoir qu'Aykroyd croit fermement aux fantômes. Depuis toujours. Et les premières versions, selon Ramis & Reitman, du film, traitent de manière beaucoup plus sérieuses que comiques la trame narrative. Quand on propose le rôle que tiendra Ernie Hudson, à Yaphet Kotto, celui-ci insiste pour NE PAS accepter. Quand il a joué dans Alien de Ridley Scott (avec Sigourney Weaver) il a vécu toutes sortes d'expériences de fantômes qu'il ne veut jamais plus revivre. Il sera le lien vers Sigourney Weaver d'ailleurs. Mais si une oreille lui est attentive à respecter sa peur des fantômes, c'est bien celle de Dan Aykroyd. Il comprend tout à fait. Quand Aykroyd propose que le fantôme ressemble à Belushi, il est sérieux. Croit même sentir sa présence quelques fois. Il dira à Kotto quelque chose comme "je te comprends à 100%, nous savons, eux pas". 

Belushi
Comme Belushi l'aurait peut-être fait, Steve Johnson qui a sorti plusieurs photos du visage de Belushi, a enligné des lignes de cocaïne sur chacune d'elle qu'il a consommé, et après 3 grammes les hallucinations ont commencé. Il a senti John carrément le conseiller sur la bête qu'il travaillait. Et ils ont commencé à se parler. Hallucinations ou intervention divine, Johnson était guidé par l'esprit de John Belushi, lui donnant du renforcement positif et posant même pour lui. 

John, mort de la cocaïne croisée, lui rappelle aussi de cesser ses conneries, ceci tuerait Steve si il continuait ainsi. 

Steve cessera. Mais pas ce soir-là. 

Ce soir-là, cette frénésie créative alimentée par la drogue fera naître le Slimer qui a été accepté par l'équipe de Ghostbusters.

Film qui fête ses 40 ans en juin. 

Le 8.   

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