mardi 28 mai 2024

10 Distributions Parfaites (Jouant des Gens Connus)

Parfois, au cinéma, de plus en plus, je dirais, je vous en parlais il n'y a pas si longtemps, on a envie de vite raconter, parfois réécrire ce qu'on veut qu'on retienne d'eux, la vie de gens connus. Evan Rachel Wood a récemment joué Madonna dans Weird: The Al Yankovich Story et non, ils n'ont jamais vraiment échangé, ni même flirté comme c'est suggéré dans le film de 2022. Quand Al a parodié sa chanson Like a Virgin, tout s'est passé avec son agent. Elle s'est dite amusée par la version de Yankovich, mais il n'y a aucune preuve qu'ils se soient même rencontrés.

Amanda Seyfried est une actrice que j'aime bien et Elisabeth Holmes, une fraudeuse que j'aime moins. Je n'ai pas vu  son interprétation de celle qui changeait sa voix pour la faire passer comme plus "mâle". Donc plus bandit. Mais les 10 performances dont je vais vous parler combinent impact physique parfois très frappant, et un niveau de crédibilité important, justement parce que pour l'oeil, on y croyait presque.

Sans ordre précis, comme ils me viennent à l'esprit:  

Control d'Anton Corbijn. 

Le photographe de la formation Joy Division, réalisateur de ce film, était lui-même estomaqué de la présence de Sam Riley autour de lui. Il avait l'impression que Ian Curtis était revenu sur terre. Après sa graduation du conservatoire de théâtre, Riley a été chanteur de son band 10 000 Things, band qui, selon lui avait un succès modéré se rapprochant davantage du nul. En spectacle, on a même parfois annoncé Ian Curtis au micro des Rolling Stones pour annoncer son band. Il a été choisi non pas par amour pour la musique de Joy Division, il ne connaissait aucunement le band, et même pas parce qu'il auditionnait pour le rôle, il l'a fait presque par accident en appelant son agent qui se trouvait en compagnie des producteurs du film qui comprenait Corbijn qui a financé 2,5 millions de sa poche, Tony Wilson, qui a fait découvrir le band au monde et la veuve de Curtis, Deborah. Il a même dû reprogrammer son audition car il avait rendez-vous chez le dentiste. Mais avait des dents parfaites pour obtenir le rôle, criant de vérité.

Gainsbourg (Vie Héroïque) de Joann Sfar.

Sfar est bédéiste. Et dans son film, on y trouve facilement la sensibilité du bédéiste. Sfar s'est même offert le rôle de Georges Brassens puisqu'il en avait la tête. Mais celle de Lucien Ginsurg, c'était impossible à trouver. Eric Elmosino est Marocain de par son père et Alsacien de par sa mère. Il ne joue pas "La Gueule" leitmotiv péjoratif qui hante le personnage dans le film, (Serge se trouvait laid) mais il a absolument la gueule de Gainsbarre. Il était parfait comme choix, moi qui ne l'ai jamais connu jeune, avait l'impression d'avoir un oeil sur ce génie musical dans son jeune temps. Quand on aime le produit culturel souligné par l'oeuvre cinématographique, ça aide à embarquer (ou non) dans le portrait offert.   

Oppenheimer de Christopher Nolan.

J'ai toujours aimé Cillian Murphy. J'ai toujours trouvé qu'il crevait l'écran comme Terence Stamp pouvait le faire dans les années 60. Je l'ai adoré dans le très bon The Wind That Shakes The Barkley de Ken Loach, troublant film qui raconte les premières dérives menant à la Guerre d'indépendance, en Irlande, vers 1918. Il était plus secondaire mais tout aussi marquant dans The Girl With The Pearl Earing ou dans Peaky Blinders où il en était au coeur, pour la télévision. Pour le rôle de celui qui a changé les relations internationales à jamais, qui est à la fois argument final d'un grand conflit guerrier et huile à perpétuité guerrière, il a dignement été récompensé de l'Oscar du meilleur acteur lors de dernière cérémonie de remise de ces trophées.

Sid & Nancy d'Alex Cox.

Pour tourner les punks, ça prenait un punk. Cox était ce punk. Je l'étais presque alors, en 1986, à 14 ans, quand j'ai vu le film au cinéma. C'était mon premier contact avec Gary Oldman que je ne regretterai jamais au cinéma. Je pense encore qu'il est un des acteurs les plus doués de l'industrie. En Sid Viscious, il incarnait la débauche assassine. L'irresponsabilité absolue. Oldman avait refusé le rôle 2 fois avant de réaliser qu'il n'avait plus d'argent et qu'il avait besoin du salaire. Mais en parfait professionnel, il a beaucoup maigri pour le rôle et étudié studieusement ce qu'il y avait de disponible du vrai Sid, en images, à cette époque. J'aimais beaucoup le cinéma de Cox dans les années 80. Quand j'ai foulé Picadilly Circus, à Londres, en 1995, le CD que j'ai acheté a été l'intégral des Sex Pistols (ça me semblait aller de soi-et ils n'ont qu'un album :) et en chanson bonus se trouve My Way chantée par Sid, en solo. Ce qui est représenté dans le film.

La Chute d'Oliver Herschbiegel.

J'ai connu Bruno Ganz par Wim Wenders. Où il était tout en retenue, presque candide sur deux films, incarnant un ange. Mais dans ce film racontant les derniers moments d'Adolf Hitler, il est d'une intensité dictatoriale. Tant que sa crise finale a été reprise des milliers de fois sur les réseaux sociaux, les gens s'amusant à y associer toutes les indignations possibles. Merveilleusement joué et tourné.  

Man on The Moon de Milos Forman. 

Andy Kaufman était si particulier que personne ne savait jamais quand le prendre au sérieux. Il fallait le faire quand il disait qu'il détestait tourner des textes de sitcoms, mais surtout quand il a annoncé avoir une rare condition qui le ferait mourir très tôt. Avant même ses 40 ans. Il y a 40 ans, ce mois-ci. Jim Carrey est parfait dans la peau de ce très inconfortable artiste fourre-tout qui luttait contre les femmes, imitait Elvis, lisait Fitzgerald au complet à un public, faisait jouer des disques afin de n'en mimer qu'un seul segment, feignait tant de choses qu'on confondait le vrai avec le faux. L'hypersensibilité d'Andy était parfaitement rendu par un Jim Carrey étonnamment touchant. 

Frida de Julie Taymor.


Mexicaine elle aussi, Salma Hayek incarne à la perfection la peintre du Mexique fétiche. Taymor a eu le talent de faire fondre certaines oeuvres de Frida Kahlo avec des vraies scènes du quotidien dans son film aussi coloré que les oeuvres de la grande artiste surréaliste. Avant de jouer Evita Peron, Madonna souhaitait incarne Khalo, mais Hayek lui ressemble nettement davantage. Ce film a eu des retards de productions et une visibilité restreinte car Hayek avait refusé les avances sexuelles d'Harvey Weinstein. 

Dahmer-Monster The Jeffrey Dahmer Story de Ryan Murphy.

J'ai pas toujours aimé American Horror Story. Des traces de Glee (aussi de Murphy) probablement, série que j'ai en horreur. Mais Evan Peters, qui est de plus d'une saison d'American Horror Story (8), m'a toujours plu. Il était toujours bon. Volait toutes les scènes. Dans la série télé, il est bouleversant. Tordu. Il faut l'être pour se mettre dans la peau avec conviction de ce terrible animal qu'était Dahmer. Ce dernier a été assassiné lui-même, dans la douche d'une prison, il y a 30 ans, cette année. 

The Social Network de David Fincher.

C'est drôle quand ce film avait été lancé, je n'arrivais pas à voir un film qui allait raconter un réseau social. Mais le montage, la direction, l'écriture, la distribution, la musique allaient rendre la naissance de ce réseau social, qui a subtilisé mon anniversaire, il y a 20 ans, cette année, passionnante au point que j'en ai acheté le DVD. C'est monté comme un suspense. Et Jesse Eisenberg est nettement plus sympathique que le vrai Zuckerberg, et impressionnant de détermination. Habile.

I, Tonya de Craig Gillespie.

C'est son excellente partenaire Alisson Janney qui gagnera un Oscar pour sa performance, jouant sa mère, mais Margot Robbie en Tonya Harding est tout aussi remarquable. Elle joue l'envie, l'impulsivité, l'intensité, du paquet de nerfs à vif qu'est l'ancienne patineuse artistique si mal entourée dans sa vie. Robbie s'est fait un nom avec ce film et elle le savait, brillante, elle est parmi les productrices du film. (comme pour Barbie, d'ailleurs) 

J'aurais pu parler de Jaime Fox en Ray Charles, Rami Malek en Freddy Mercury, Angela Bassett en Tina Turner ou Taron Egerton en Elton John qui nous faisaient croire les vrais eux aussi, mais ils/elles étaient tous portés par des films moins réussis, selon moi. 

Ce qui n'enlève rien à leurs excellentes performances.

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