lundi 6 mai 2024

CINEMA PARADISO**************Shakespeare In Love de John Madden

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une de mes 3 immenses passions: le cinéma.

Je l'ai surconsommé, le fais toujours, étudié, en fût diplômé, ai travaillé dans le milieu, en fût récompensé, m'en suis retiré, mais le cinéma ne sera jamais retiré de ma personne.

Je vous parles d'un film dont j'ai aimé l'histoire, la distribution, la réalisation, la cinématographie, le sujet, les thèmes, les idées, l'audace, bref je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. Et que presque tout le temps, j'ai dans ma vidéothèque personnelle de DVD/Blu Ray.

SHAKESPEARE IN LOVE de John Madden

C'est vers la fin des années 80 que le scénariste Marc Norman propose la vie fictive de William Shakespeare à Edward Zwick qui qui y rattache Julia Roberts au projet. Celle-ci acceptera de jouer dans le film seulement si Daniel Day-Lewis est Romeo. Comme celui-ci s'apprête à tourner The Last of The Mohicans, et qu'il n'est pas intéressé, 6 semaines avant le début du tournage, alors qu'on lui fait faire des essais avec 6 autres partenaires dont Hugh Grant, Sean Bean, Colin Firth et Ralph Fiennes, Julia se retire aussi du projet. Nous sommes en 1991. L'abandon coûte 6 millions. Zwick réussira a présenter le film à Miramax, dont l'infâme Harvey Weinstein accepte le film seulement si il en est crédité producteur. Ce film changera beaucoup Hollywood. Pour être producteur, il faut faire quelque chose sur le tournage. Activement. Weinstein ne sera actif qu'après le film. Il est d'abord président de Miramax et prédateur. Cette manière deviendra dans le milieu The Harvey Rule.  

Il embarque son ami Ben Affleck dans le film et demande à Kate Winslet de jouer Viola/Juliette. Elle refuse voulant faire des projets indépendants. Wynona Ryder, Diane Lane, Robin Wright sont considérées. Tom Stoppard, auteur du brillant scénario Rosencrantz & Guildenstern are Dead est engagé pour étoffer le scénario qui n'a pas de fin convenable encore. N'a pas de Romeo ni de Juliette non plus. Gwyneth Paltrow qui avait d'abord refusé, accepte le rôle qui lui vaudra un Oscar et le frère de Ralph Fiennes, Joseph accepte le rôle de Romeo. Colin Forth a si bien fait en audition, on le prend comme "méchant". Très bonne idée. Judi Dench sera reine. Un Oscar là aussi. Pour 8 minutes de jeu. C'est dire à quel point elle domine l'écran. Geoffrey Rush sera part d'humour, Tom Wilkinson est parfait aussi, dans ce film excessivement drôle et le toujours excellent Ruppert Everett incarnera Phillipe Marlowe. Car on a eu l'intelligence d'utiliser dans la trame la rumeur que c'était Marlowe la vraie muse de Shakespeare. 

Ce sera une comédie. Où Willy boy est un artiste comme on les dépeints tous encore de nos jours, désorganisé, pauvre, toujours à la remorque de l'argent qu'il n'a pas où qu'il doit, presqu'immature. On y va de coup de génie en faisant jouer à un enfant sadique et à la limite du psychopathe, le très violent "bloody & gory" auteur  (futur) John Webster. Le film racontera la conception et l'inspiration de la création de Romeo & Juliet, qui sera Romeo & Viola presque jusqu'à la fin. Le film est truffé de splendides clins d'oeil au Hollywood de nos jours aussi (1998 alors). Wilkinson jouant le producteur et présenté comme "l'argent". À qui on finit par donner le rôle de l'apothicaire afin qu'il se trouve une autre fixation mentale. 

 On trouve un fin superbe qui mène à une autre pìèce de Shakespeare, Twelfth Night. On triche un peu car, dans la vraie vie vraie, Will a écrit 10 autres pièces entre les deux sur 6 ans. Le film rapelle de manière très amusante à quel point Will était immense. 

Plus miniature, Weinstein qui tentera d'agresser sexuellement Gwyneth, mais quand Brad Pitt, son copain d'alors, le confronte, il retraitera un peu. Mais l'argent c'est lui. Il abusera de son pouvoir. Ce même Weinstein investira une somme record dans la course aux Oscars afin d'acheter de séduire les voteurs de l'Académie: 15 millions. Ce qui portera fruit puisque le film gagnera 7 Oscars dont ceux du meilleur film (contre Saving Private Ryan mais Spileberg gagne celui du meilleur réalisateur) et du meilleur scénario pour Norman & Stoppard.  

Ce film est d'abord et avant tout très amusant, les références à la littérature Élizabéthaine sont multiples, les imbroglios sont parfaits, Romeo en fantôme fera éclater de rire. La physicalité de Fiennes, de Paltrow, la direction artistique (primée aux Oscars), le rythme imposé par Madden, ce film est un régal.

Si on en oublie le prédateur producteur.

Soudainement revenu en cour pour qu'on recommence le cirque de son procès. Parce que "vices de procédures" dans le premier passage en cour.

On devrait lui rajouter 10 ans à son 23. Personne ne doute qu'il a été abuseur. 

Personne.    

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