Il revient au Canada à 30 ans, et vit en nomade avec son sac à dos et surtout sa guitare. À 30 ans, tout le monde le connait au Nouveau-Brunswick. Il s'exprime principalement en chiac. Quand on lui fait remarquer son style bohémien, et on le compare à Jack Kerouac pour son parcours aux États-Unis et son français cassé, il confesse ne pas savoir qui il y est, ni savoir lire. Il est analphabète.
Son accent est si unique pour les Étatsuniens qu'on lui dit, qu'il n'est pas "Acayien", mais "Acayouche"! On lui dit si souvent qu'il gardera la terminaison du sobriquet. Cayouche. Il en fait son nom d'artiste. Se donne en spectacle acoustiquement, racontant le quotidien des Acadiens. Il est poésie locale. Sympathique folklore. Il chante du country folk.
Il a un fils en 1972 et un autre, l'année suivante. Une équipe de télé de Radio-Canada découvre qu'il est vedette locale, très connue et très prisée dans sa communauté Néo-Brunswickoise. Après avoir passé 25 ans au même endroit, il est presque pape de son quartier de Moncton. Il est près du phénomène. On s'organise alors pour qu'il puisse enregistrer un premier album en studio. Il y a 30 ans. Les ventes seront si bonnes, au Nouveau-Brunswick surtout, mais un peu ailleurs aussi, dans le marché francophone. Plus de 15 000 ventes dans un si petit marché reste remarquable. Il a alors 45 ans. C'est un incontournable des foyers Acadiens. En spectacle, le public connait très bien son répertoire et chante avec lui. Il inspire la communion.Il habite Burnsville, un village assez près de Paquetville et enregistre sa musique dans un studio de Caraquet. Son style est un croisé de ce que font Johnny Cash, Paul Brunelle ou Willie Lamothe. Les critiques le couvrent peu, mais il est content de plaire à son "petit monde". Celui dont il s'inspire. Pendant 9 ans, il fait des tournées dans villes et villages du littoral Acadien. Il enregistre trois autres albums. Dont une chanson à saveur sociale, L'Alcool au Volant, afin de prévenir la conduite avec faculté affaiblie. Il reste phénomène devenant un des rares artistes Néo-Brunswickois a vendre 100 milles fois ses albums.
Il se permet de changer de secteur et de vivre à Maisonnette, toujours dans la péninsule Acadienne.
Ironie du sort, il est arrêté conduisant sa voiture sous l'influence de l'alcool, lui l'auteur de L'Alcool au Volant. Ça inspirera le titre du documentaire que Maurice André Aubin tournera sur lui, un an plus tard. Cayouche est grand fan de moto et on le voit partout sur son deux roues. Il devient même populaire en Europe. Il lance un nouvel album en 2011.
Il continue ses tournées au Saguenay et au Festival de Saint-Félicien, en Beauce. Il fait le festival country de Saint-Antonin, dans le Bas St-Laurent. Se donne aussi en spectacle au festival country de Matane, au festival sportif de Saint-Albert. Il a presque toujours sa caisse de bière Alpine et au moins deux musiciens avec lui sur scène. Il est de Jonquières-en-Musique et à l'Olympia de Montréal. Les gens l'aiment.
En 2019, une compilation de lui est mise sur le marché. Il est officiellement retraité.
Il pousse son dernier souffle hier, à 75 ans.
Cayouche était aimé.
Le restera.
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