Retraité, boomer, il a beaucoup de son temps et tous ses jours sont un peu un samedi. Quand il atterrit chez nous, pour bricoler ce que je ne bricole pas, ce sont les week-ends. L'amoureuse et moi, les week-ends, après avoir été des trains grande vitesses toute la semaine, sommes des trains se reposant, en gare. Mais il est vrai qu'il est entendu que, lorsqu'il passe chez nous, il bricole un peu. C'est dans son ADN. Vous avez compris que ce n'est pas dans le mien. L'amoureuse n'a pas choisi son propre père en me choisissant dans sa vie. À son grand dam, bien souvent.
Ce week-end, il arrivait vendredi, qui est toujours une grosse journée au bureau pour moi. Cette semaine, en prévision des deux semaines de 4 jours qui s'en viennent, c'est pire. Beaucoup de nouvelle coordination, de communication avec les villes, de mesures des impacts, de gestion des routes, de gestion des requêtes des jeudis déplacées, bref, compliqué. Et enfer en vue. Vendredi, on tricotait les deux prochaines semaines et ma journée, comme toute la semaine, commençait à 5h du matin. Au retour à la maison, le beau-père était en action depuis 11h00 le matin déjà, on a posé une tablette, fixé une gauge de tuyau à eau, bouchonné (maison) le robinet. J'ai couru le souper chez les Libanais (c'est si bon) ce qui m'a donné une sorte de corridor respiratoire. Au retour, les Canadiens de Montréal se donnaient contre Vegas dans un match surréaliste qui relevait d'un scénario Hollywoodien. Le club était privé de son entraineur pour le match et les 9 jours suivants. Il aurait la Covid. Des assistants entraineurs feraient le boulot pour lui. Dominés au nombre des lancers presque tout le match (pas à la fin) Montréal a réussi à gagner l'improbable dans ce printemps qui semble si improbable. J'ai été reconduire mon fils et sa conjointe qui se rendaient dans une soirée dans le but de boire et fêter entre amis (selon les règles sanitaires en vigueur) et suis allé les rechercher vers 2h00 du matin.
J'ai eu l'impression de vivre un week-end en 24 heures.
Consciente que j'avais eu un journée de mongol la veille, l'amoureuse m'a laissé dormir jusqu'à 9h30 samedi matin, ce que je ne fais jamais ( me lève vers 6h00 les week-ends, quand mon corps le demande). Mais depuis 6h00 du matin, son père, en prenant son café, avait eu une idée pour cacher le "timer laitte su'l bord d'la galerie". Et ils travaillaient sur "c'te p'tite affaire pas compliquée" depuis trois heures. Je sentais de la fatigue chez ma douce. Il est perfectionniste son papa. Et il "pense" toujours la maison. C'est un vrai expert bricoleur. Ma blonde maugréait en disant "Pourquoi on a choisi de prendre notre café du matin, dehors, aussi?!". Il était un train tellement en marche que quand je me suis levé, il n'a pas été en mesure de me dire "bon matin" ou des choses du genre il était sur un drive de bricolage. J'ai mis un bon trente minutes pour me défaner de la nuit et déjeuner, ce qui m'a dédouané de toutes tâches. Ma blonde a essayé de m'intégrer à ce qu'ils faisaient "nonon, laisse-le se lever pis déjeuner" disait son père (heeeeeey! he's on my side!:). Quand ma blonde a soupiré qu'il fallait aller à l'épicerie chercher un avocat assez mou pour faire de la Guacamole (je lui ai pas dit que c'était masculin, je ne voulais ajouter à ses soupirs) du lait, et des gugusse, ça n'a pas été plus long pour que je me porte volontaire pour courir tout ça. J'ai même fini par acheter une carte de la fête des pères. Pas pour moi. Pour son père à elle. On a posé une porte de garde-robe comme dernière tâche.
Je n'ai pas eu la chance de connaître trois générations en même temps, enfant. Tout juste 10 ans. La dynamique entre mes parents, ceux de ma blonde, et mes enfants maintenant grands est 100% nouvelle pour moi. Tout comme elle est nouvelle pour les grands-parents que sont devenus nos parents. Y a beaucoup de magie qui se déploie de temps à autre. Même si nos trains ne sont pas au même rythme tout le temps.
Quand on eut fini, il s'apprêtait à se rendre chez son fils, le frère de l'amoureuse, qui est plus comme lui, bricoleur, et dont les projets seront plus compliqués que ce qu'il fait chez nous. C'est le bon ordre de le faire passer par chez nous en premier. Nous sommes la partie d'exhibition et chez son fils, c'est "la ligue des hommes". Qui pensent bricole. J'avoue que dans mes wagons, j'avais comme projet d'écouter trois films, trois matchs de hockey, lire une bd sur Leonard Cohen dont l'auteur traine dans notre entourage, et commencer mon livre de Cassivi et Lussier sur Cannes. Pas complètement fait. Pas grave.
De manière amusée, j'écoutais mon beau-père me parler de sa jeunesse quand il était forcé de commencer ses journées à 5h00 du matin et qu'il devait travailler 10 heures par jour. L'amoureuse et moi échangions des regards amusés puisqu'il parlait alors de ma vie de 49 ans aussi.
Il a beaucoup aidé sur du fignolages que je n'aurais jamais fait sans lui. Et depuis 2009, depuis le départ hâtif de mon père vers l'autre monde, il est pas mal tout ce qui me reste comme figure paternelle.
Ironiquement, une photo de mon père, fier de faire conduire mon fils son bateau, était dans notre angle de vision quand nous avons travaillé notre dernière tâche.
J'ai pensé à toi vendredi Daddy-O, tu y étais né, il y a maintenant 74 ans. McCartney promet de fêter cela avec toi un jour, c'est sa fête le même jour. J'ai pensé aussi à toi samedi, grâce à cette photo que mon fils y a placé dans sont garde-robe de linge sale. Photo qu'il croise donc souvent du regard.
Je pense encore à toi aujourd'hui, qui a fait de moi un père, un amoureux, un homme.
Bonne fête des pères là-haut. Je sais que t'es là parfois. Pas loin.
T'es toujours dans certains coins de mon coeur.
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