Sur Instagram, ça allait comme suit:
"What's up people?, ...just wanted to take a quick moment to say I'm gay."
Carl Nassib, joueur de football de la NFL, des Raiders de Los Angeles, devenait cette semaine le tout premier athlète de cette ligue à se déclarer homosexuel. On a découvert des joueurs gays ou bisexuels par la suite, longtemps après leur carrière, on a soupçonné, on soupçonne encore, dans la plupart des autres sports majeurs, le Nascar, le hockey de la LNH, le golf, le baseball, le basketball, le soccer, on ne fait que parler de rumeurs à ce niveau, aucun joueur ne s'est ouvertement déclaré gay.
Jason Collins, joueur de basketball de la NBA, le 29 avril 2013, lorsque la saison s'est conclue et qu'il devenait agent libre, a déclaré qu'il était homosexuel. Bien que l'annonce eût un effet de fraicheur sur la population en général, aucune équipe n'a invité Collins à son camp d'entraînement au début de la saison suivante. On a d'abord trouvé très dommage, mais le joueur était assez vieux et il n'était pas complètement anormal qu'on ne se précipite pour retenir ses services. Quiconque connait le sport sait que les camps d'entraînements servent en partie à reconnaître l'état des forces en quelques jours, et ensuite, réagir en embauchant des joueurs pour penser être meilleurs. Mais quand la saison a commencé, Collins n'a pas trouvé d'embaucheur. D'octobre à février il n'avait pas de club. Fin février, ce sont les Nets qui ont finalement engagé Collins, mettant fin à l'humiliation qui commençait à poindre. Étions nous vraiment de notre époque dans la NBA? ou n'étais-ce qu'un résistance à un talent incertain? Probablement un peu des deux. Collins jouera la fin de la saison et prendra sa retraite l'automne suivant.
Nassib, de son chez lui, en Pennsylvannie, a déclaré se trouver dans un état d'esprit suffisamment sain pour enfin sortir le chat du sac.
À une époque où la communauté LGBTQ a une vitrine internationale comme jamais connu auparavant, son annonce a eu l'effet d'un choc sismique assez discret tout de même. Je ne sais trop si c'est parce que la football de la NFL n'est pas un sport excessivement suivi ici, au Québec, ou encore parce qu'on avait de yeux et d'oreilles que pour nos fantastiques Canadiens de Montréal qui atteignaient la Finale de la Coupe Stanley, mais ça m'a pris une bonne semaine avant de réaliser ce qu'il avait fait.
Qui reste historique.
Les joueurs gays le déclarent presqu'exclusivement au terme de leur carrière. Collins, dans la NBA, l'était aussi. Dans la seule NFL, près de 30 joueurs l'ont fait après avoir pris leur retraite. Avant Nassib, aucune des 4 grandes ligues d'Amérique, la NFL, la MLB, le NBA et la NHL n'a eu un joueur ouvertement gay jouant une saison complète. La trop courte saison de Collins dans la NBA avait eu l'effet de questionner l'idée de s'avouer gay et de craindre l'effet sur la carrière d'un joueur.
Ça explique surement en partie la diffusion discrète de la révélation. La chambre à coucher des gens ne devraient jamais être un sujet de discussion. Mais il est facile de comprendre pourquoi cette révélation est important pour cette communauté encore victime de répression un peu partout dans le monde.
Federico Fellini, en expliquant pourquoi il avait engagé un acteur britannique et un acteur Étatsunien pour jouer des homosexuels dans son film Satyricon, avait déclaré très sérieusement :" Parce qu'un homosexuel italien, ça n'existe pas".
C'était il y a plus de 50 ans, mais en Russie, les discrimination anti-gays sont innombrables. Il n'y a que 20 ans qu'on a retiré l'homosexualité de la liste des maladies mentales.
Il y a de l'homosexualité partout dans le monde, comme il y a des gens aux cheveux roux. Ce n'est pas laid, ce n'est pas beau, c'est.
Et alors?
Une fois qu'on l'a su, on passe à autre chose.
Un jour, ce ne sera par plus un sujet de discussion que de s'avouer roux.
Certaines sociétés y arrivent peu à peu.
Content de savoir qu'on est de ceux-là.
La tolérance est une plante qui pousse bien lorsque bien arrosée. C'est ce qui s'est fait la semaine dernière.
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