La solitude n'est pas nécessairement malsaine. Mais peut l'être assez durement. J'ai plusieurs exemples dans mon entourage de l'un et de l'autre, et en suis un moi-même. Personne ne vit la solitude de la même manière ni ne la gère de la même manière à différents moments de sa vie.
Je connais des gens qui ont dit avoir connu un autre Alexis Cossette-Trudel, à une autre époque. Mais il ne fait aucun doute que le triste personnage qu'il est devenu est issu d'une certaine solitude toxique. On pourrait dire la même chose de Maxime Bernier et de beaucoup d'autres pour qui la solitude a fait fermenter des idées loufoques, qui ont, lorsque distillées ici et là, trouvé écho chez d'autres, et fait en sorte que ces gens, seuls, se sont trouvés moins seuls et ont alors déduit que si on était plusieurs à penser comme ça. On était peut-être un mouvement. Et un mouvement, issu de la solitude, ce n'est ni mauvais ni bon. C'est toujours selon.
Les réseaux prétendus sociaux sont une exploration fascinante, en surface, de la maladie mentale. Je trouve tout simplement fascinant de lire des gens extraordinairement agressifs verbaliser une définitive haine envers d'autres qu'ils ne connaissent que d'une phrase. La solitude peut être très malsaine pour celui ou celle qui marine dedans. Et ce que j'y retrouve, c'est surtout aussi, une large part de solitude.
Personnellement, il fût une période de ma vie où j'étais toujours autour de plein de gens. Dans une équipe de hockey, dans des écoles, dans des soirées festives, des samedis entiers au chalet familial, animateur de camps de vacances, au jour de l'an, à Noël, sur scène dans des pièces de théâtre avec la troupe, si partout en même temps qu'on me rappelait parfois des fois où j'y étais, des moments que j'oubliais moi-même. Partout mais nulle part en même temps. Je dirais que c'est avec l'arrivée des enfants dans nos vies, (donc à 27 et 29 ans, respectivement) que l'amoureuse et moi avons commencé à chérir une certaine "solitude". Je place entre guillemets car en fondant une famille, on fait le contraire que de creuser sa solitude,(si on laisse tomber les métaphores à 5 cennes) on agrandit le cercle direct. Mais on rapetisse aussi le cercle extérieur. Par choix, par non-choix, peu importe, on vise, en vieillissant, enfants ou pas, des moments de solitude qui, pour moi en tout cas, sont magiques. Ma mère est beaucoup comme ça aussi, je le remarque avec le temps, elle a absolument besoin de son temps "moi, toute seule". Ma conjointe est moins comme ça. Elle vise toujours les foules. J'ai tendance à les fuir. Je préfère toujours me taper un film chez moi que d'aller foncer là où il y aura congestion de gens. La pandémie a joué en ma faveur là dessus. J'étais justifié de rester encabané. Et maintenant que j'ai officiellement été diagnostiqué allergique à à peu près tout l'été, j'ai mes raisons de ne pas quitter la maison quand j'y entre. Ma solitude reste saine.
Mon beau-père est seul depuis quelques temps. Il n'a plus d'amoureuse et on sent qu'il souffre beaucoup de sa solitude. On l'a vu récemment et pas moins de 4 fois on a entendu "tu seul" en parlant de lui-même placé ici et là dans ses phrases en moins de 24 heures. Il ne vit pas bien avec sa solitude. Elle lui est très mauvaises compagne.
La solitude peux aussi être très mauvaise conseillère.
Le politicien de la Beauce Maxime Bernier, martyr auto-déclaré, a été menotté au Manitoba la semaine dernière. En traversant les frontières, il n'avait pas respecté la quarantaine, alors obligée. Je crois qu'elle ne l'est même plus aujourd'hui. Le zouf entouré d'une "foule" de moins de 10 personnes (dont peut-être 6 étaient de son équipe) a joué le martyr. Reprenant une photo prise par un proche de sa voiture, il a concocté un peu de poésie très amusante. Que plusieurs ont pensé d'abord et avant tout, une fabrication du net. (Ce qu'il devrait plaider, sincèrement)Plaçant en rouge le policier qui l'arrêtait et lui faisant dire "Avez vous des armes?" et lui de répondre dramatiquement "des armes? non, seulement mes mots...".
Pff...Tsunami de fou rires a suivi.
Il en faisait pitié, le pitou. Ça a à peine été couvert par les médias traditionnels. Bernier est déjà parmi ceux qu'on écoute plus dans les conversations. Celui qui n'arrive plus à s'imposer nulle part. Sa photo-martyr op. a été tournée en ridicule. Plusieurs ont entendu le rythme d'une chanson mielleuse. C'était vendredi, vers 14h00. J'ignore le type de week-end qu'il a connu. Mais j'ai l'impression qu'il est nettement plus seul qu'on ne le croit.
Comme le disait Dalida, Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots, rien que des mots.
En descendant sur mon fil de gazoullis, je voyais un autre inviter quelqu'un qui se disait fier d'être vacciné...à se battre...quelque part. Où tu veux, quand tu veux...Faut être en totale isolation mentale pour inviter un inconnu à se battre suite aux mots (encore des mots, juste des mots...) "fier vacciné!".
Pendant ce temps, au même moment, en Europe, le docteur Raoult, voix assez unique en son genre, professionnel improvisateur de la santé, créateurs de maux lui aussi, se faisait perquisitionner dans ses bureaux parce qu'on veut lui imputer une part de responsabilité sociale dans l'irresponsabilité planétaire actuelle autour des croyances sur la pandémie.
C'est pas un temps fameux pour vivre seul(e) dans son coeur et dans sa tête. Ça fait mariner le maudit.
Solitude: douce absence de regards disait Milan Kundera. Cette fois, les absents du regards s'abonnent aux regards égarés d'autrui.
Oui, la solitude peut être un arbre sans fruit aussi. Dont personne n'ait envie d'en être nourri.
Heureusement qu'il y a Billie pour emballer tout ça de manière si jolie.
Souffrez prétendus patriotes. Vous n'avez pas le tiers du tiers de ce qu'étaient les vrais patriotes.
Sinon la même assurance que nous, celle de mourir un jour. Dépourvus d'à peu près tout. Vous êtes plus pressé que nous de vous y rendre.
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