C'est pas que moi qui le dit. Ce sont bien des Femmes.
Michel Venne avait 48 ans. Un an de moins que moi, maintenant. Il était mentor en journalisme pour la jeune stagiaire de 17 ans qu'était Léa Clermont-Dion. Une partie d'elle est morte quand il a tenté de mettre sa main dans sa culotte un soir d'août 2008. Léa a mis des années à s'en remettre. Continue de tenter de s'en guérir complètement. Elle tourne un documentaire sur le processus de guérison de traumatismes du genre. C'est à la fois une forme de thérapie personnelle et à la fois un guide des méandres de la justice en de telles circonstances.
C'est tout simplement épuisant et abominable la machine de la justice en ce qui concerne les agressions sexuelles. On l'a vu avec l'une des victimes de l'animateur, producteur et agresseur, Eric Salvail. On sait TOUS que c'est EXTRAORDINAIREMENT possible qu'Eric Salvail eût séquestré dans une salle de bain une proie, un soir d'Halloween, et que, surexcité, il l'eût agressé. On a tous vu Eric Salvail surexcité à de très nombreuses occasions à la télévisions et dans des contextes beaucoup moins intense que des envies de pénis. Et pourtant, on a fini par ne pas croire complètement l'agressé. Il y a eu doute. La victime n'était pas assez parfaite.
Même chose contre Rozon. Il ne fait aucun doute, au nombre des Femmes qui ont porté plainte, que Rozon avait un "pattern" épouvantable animé par le pouvoir que ses affaires lui conféraient. Suivant la chose de loin, les choses qui m'ont marqué sont les suivantes:
-L'actrice Québécoise Salome Corbo qui raconte, amusée, les tentatives d'attouchements de Gilbert Rozon alors qu'elle était mineure, en lui répondant "ben voyons Gilbert! j'ai juste 14 ans!". Fameux qu'elle n'en soit pas traumatisée, (mais qui sait vraiment) mais aussi, impressionnant de dégueulasserie de penser qu'on puisse s'exciter sur une mineure comme ça et pire encore, act on it, comme disent les english perv. Je ne crois pas que Corbo ait porté des accusations légales en cour contre Rozon. Il était encore plus facile de croire en son histoire ainsi. Personne ne réagit de la même manière suite à un viol d'intimité.
-Patricia Tulasne, actrice Québécoise aussi, en est un autre exemple. Elle a ouvertement déclaré que lorsque plaquée au mur contre son gré, alors qu'au moins lui, était intoxiqué, elle a fini par se laisser faire, comme ça, ça finirait plus vite. L'agression l'a, sans surprises, bouleversée. Mais sa cause était morte en raison de cette phrase. Sans vouloir défendre l'agresseur, que je souhaiterais vivement voir coffré, comment, intoxiqué(e)s, fait-on vraiment pour distinguer celle qui "veut" de celle "qui fait semblant" (pour que ça passe plus vite)? Le doute se cimentait de cette seule phrase de Tulasne. Et une fois placée parmi les courageuses, sa cause ruinait un peu celle des autres. Et si elle a joint les courageuses, c'est parce que seules, on savait qu'elles avaient moins de chances. En groupe, les agressions étant si différentes les unes des autres, leur cause commune est devenue plus faible. Rozon n'a pas été condamné face aux Courageuses.
Parce que gnagnagna...parce que la toile de justice est collante. Et teeeeeeeeeeeeeeeeeeelllement mal tissée en ce qui concerne les agressions. Tout sexes confondus, mais on s'entend que pour 25 Femmes agressées, on trouve un homme.
Dans le cas de Léa Clermont-Dion, sa plainte s'est mieux portée. Le journaliste Michel Venne en était l'accusé et la plainte a été portée en cour à l'automne de 2017. Le délai est encore extraordinairement épouvantable. C'est hier qu'on trouvait Venne coupable et passible d'un minimum de 45 jours en prison. C'est fou ce que ce n'est rien pour fragiliser autrui, 45 jours en tôle. Léa passe 13 ans à essayer de s'en remettre, ne sera peut-être jamais complètement convaincue d'en guérir. Son agresseur fera un mois et demi de réflexion. À l'ombre. Va probablement écrire. C'était son métier. Créer.
On dit de certains écrivains qu'ils ont le complexe de Dieu. Pour faire ce qu'il a fait, il a fallu qu'il se croit invincible. La sale relation de pouvoir y était encore pour quelque chose. L'identité de l'auteur, animatrice, conférencière et doctorante en Sciences Politiques, n'a été révélée que hier.
Pour elle s'était un certain soulagement. Pour bien des victimes, bien des Femmes, encore plus. On peut être crues était le message envoyé par la justice.
Même si le taux de guérison du détenu n'est pas plus garantie à sa sortie du bagne.
Les Femmes victimes d'agressions ont résisté à toutes les tentatives pour en finir avec eux. Tentatives qui se poursuivent après les agressions, au moment de les condamner publiquement. L'entêtement, la persistance, de ces Femmes qui choisissent de mettre les points sur les i fait du bien à voir.
Il est beau mon Québec quand il se bat. Il sait y faire puisqu'il se bat depuis si longtemps.
Nos Femmes sont un bel exemple pour le reste du monde.
Bonne fête peuple que j'aime tant.
Ton pays, tu l'as dans le coeur et dans la tête.
Peu importe ta couleur, ta langue ou ton/tes sexes.
Tu t'appartiens.
C'est ce que Léa s'est fait admettre aussi hier.
Tu t'appartiens. Rien de moins. Merci encore, Léa. Tu fais partie de celles que plusieurs Hommes aiment.
Mais pas comme ça. Qui n'a rien à voir avec l'amour.
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