jeudi 10 juin 2021

La Vengeance de Stella


"Days begun, grace become... I just went through so much hell"

- P.B./D.K./S.F. 

Journées de marde sur journées de marde. Depuis que l'incompétent à quitté les lieux, au bureau, on se tape de réelles journées de marde. Tout a été très mal réfléchi. Par lui, d'abord, le départi. On reconstruit avec de la broche et du foin. L'horreur. Heureusement qu'il y a la musique. 


Après des jours à se faire violence à partir de trop tôt le matin, je plonge dans un trafic barbare tout l'Est de Montréal, direction Cretonville de 15h à 15h45. Je pense sérieusement me faire une affiche sur carton, à placer sur le revers de mon pare-soleil de la voiture, sur laquelle serait inscrit quelque chose comme "Pourquoi je te laisserais couper la ligne comme ça?". Déjà, je place et mon bras et mon pare-soleil du côté où on promet de nous couper, simplement pour ne pas les voir, je n'ai pas de raisons de me soucier de ceux qui tiennent à me bousculer sur les routes. J'avance. Mais ce jour-là, je ne sais déjà plus quand, le temps semble suspendu, j'avais une agression supplémentaire dans mon quotidien. Qu'Interpol dans ma voiture n'arrivait pas à faire dévier de mes irritations. Une araignée? Étais-ce une araignée qui venait de me chatouiller ainsi dans le cou?


Et dans les cheveux, tout de suite après? quand j'ai voulu la chasser, je ne l'ai que déplacée? Elle a filé sur ma tête? Jusqu'aux oreilles? NON! ce n'était pas une araignée, c'était une mouche! Un bébé mouche! Frondeuse. "St'u fais là?" que j'ai maugréé, au moment où commençait à jouer de mon téléphone, Stella Was a Diver and She Was Always Down. J'ai mentalement baptisé la mouche, Stella. 

"Aaaaaaaaaah! Stella...pour qui tu te prends toi?" lui-ai-je dit. Elle avait volé jusque dans mon cou, sur mes mains, sur le volant, trois fois sur mon nez, deux fois sur mon genou, une fois vers l'oeil et était presqu'entrée dans ma bouche. Elle était franchement frondeuse. Toute petite. Une enfant. Il aurait été facile de l'avaler si je chantais trop Interpol en conduisant. Rarement un insecte m'aura affecté autant au volant. Elle était si agressive. Et chatouillait sur les joues de manière insupportable. Puais-je à ce point? J'ai ouvert la fenêtre pour qu'elle se sauve, mais là ma musique, je la partageais inutilement, donc je rebaissais le son, mais j'aimais la musique que j'entendais alors je ne voulais pas tant la baisser, je la remontais, bref, c'était une gestion sans relâche. Elle était trop conne, trop jeune probablement, pour comprendre la route pour se sauver par la fenêtre. Trois fois j'ai pensé qu'elle était sortie par la fenêtre, mais elle réapparaissait peu de temps après. Pour réaffirmer mon inconfort au volant.


FAISAIT 34 DANS MA VOITURE!!!!!!!!!! je lui offrait la survie! 

Comment ne pouvait-elle pas trouver plus salutaire de tenter de quitter par la fenêtre grande ouverte? À la cinquième fois, j'avais réussi. Jusqu'à ce qu'elle réatterrisse sur le bout de mon nez. AAAAAAAAAAAAAAARGGH!

J'ai voulu la frapper de mes mains (pas sur mon nez quand même!) mais ce faisant je donnais des coups de volants involontaires, et conduisait, tout d'un coup, dans un trafic intense, assez dangereusement. Je ne sais plus si on m'a klaxonné ou si j'ai pété dans l'effort de la tuer, mais je me souviens avoir pensé que si c'était la seconde option (j'ai perdu mes repères) je n'aiderais très certainement pas ma cause en parfumant l'habitacle de putréfactoire aura.  


Stella s'est installée sur mon rétroviseur et m'a fixé du regard après m'avoir montré son cul. Un regard de mépris. Et là j'ai compris.

J'ai reconnu un air de famille. J'avais tué sa mère (ou son père) au bureau plus tôt dans la journée. La mouche avait laissé une trace de son intérieur sur la baie vitrée où j'avais fauché son âme d'une frappe de bloc notes (dont la première page n'était plus tellement utilisable par la suite).

C'était sa fille (ou son fils)!


"Tu me cherches noise, ai-je commencé noblement, en terminant dans la vulgarité avec, ma calisse de petite conne!" 

Elle a foncé droit entre mes yeux. Je jure cru avoir clairement entendu "oui" en buzz. J'ai ramé le vent, me frappant la face un peu partout avant de tenter de l'écraser contre la vitre du banc du côté passager. 

C'est la dernière chose dont je me rappelle. 


Je me suis ensuite demandé qui avait entré cette poutre de métal au travers de mon corps. Et de quelle carrosserie je tentais de m'extirper, laissant derrière moi mes intestins, et ce qui semblait un pied à partir de la cheville. Je croyais suer, mais c'était mon propre sang qui coulait de partout. Je n'avais pas mal. Mais je me sentais ailleurs. J'étais dans l'eau. Une eau rougie de mon sang, sortie de nulle part, y a pas d'eau sur le Boulevard Henri-Bourrassa Ouest. Je nageais, confus. Je savais qu'un jour je serais mort de manière ridicule. De faim, coincé par les fesses, assis dans l'intérieur d'un bol de toilette (on paie par où on a pêché) ou me trouvant au bon moment, derrière un éléphant quand il vide ses intestins, enterré de ses digestions ou encore éternuant violement en période d'allergies, la face trop près d'un clou me montrant son côté troueur. Mais comme Camus? Dans un bête accident de voiture?

Étais-je vraiment mort? Tué par une mouche? J'ai fait un bout sous l'eau, j'ai toujours été le genre à nager sous l'eau, pas juste dessus. À ma sortie de l'eau, je suis tombé nez à nez avec Michel Louvain. 

"Salut, beau brun" qu'il m'a roucoulé. J'ai poussé un petit cri pas viril du tout, il m'avait surpris. Il semble avoir trouvé plus charmant encore. Puis j'ai vu John, George, Lou, Ian, Prince et David plus loin. J'aimerai peut-être cela là où je m'en vais.


Mais je m'en vais nulle part. Je suis martien vampire. Je survis les époques. Et je ne pourrais rester longtemps sans la musique de la formation New Yorkaise Interpol qui nourrit la trame sonore de ma vie depuis près de 20 ans.  

Quoique ceux et celles que je croise ici, ne sont pas de vilains musiciens...

Allez! on se reparle demain!

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