jeudi 12 décembre 2024

Yasujiro Ozu

Né en 1903, à Fukagawa, district de Tokyo, par la branche maternelle, dans une famille prospère de marchands de fertilisants, Ozu a 5 frères et soeurs. À 3 ans, il est atteint d'une méningite qui fait que sa maman arrête tout pour ne s'occuper que de lui. Il fera son école primaire, puis le reste de sa scolarité à la préfecture jusqu'à ses 20 ans. Pré-adolescent, il aimera aller au cinéma y découvrir Quo Vadis ou The Last Days of Pompeii. C'est en voyant Civilization de Thomas C.Ince, en 1916, quand il n'a que 12 ans, qu'il se convainc qu'il voudra devenir réalisateur de films. 

À 17 ans, il est expulsé du dortoir scolaire quand on le soupçonne d'avoir écrit une lettre d'amour à un garçon d'une classe sociale inférieure. Il sera "vieux garçon" toute sa vie, il était peut-être homosexuel. Il graduera quand même et passe un examen afin de devenir enseignant substitut, ce qu'il sera aussi. Il prend le train les week-ends pour aller voir des films en ville. Par un de ses oncles, il a accès au milieu du cinéma. Il travaille pour la Shochiku Film Company, contre l'avis de son père. Mais à 21 ans, il doit faire son service militaire. Quittant les rangs militaires, caporal. 

Il devient troisième assistant réalisateur sur les films. Il est impliqué dans une bagarre avec quelqu'un qui coupe dans la file à la cafétéria et quand il doit rencontrer le grand directeur de la compagnie de production de films, il en profite pour proposer une idée de film à lui. À 24 ans, il est promu directeur des films d'époque. Tourne ses premiers films dans ce genre. Kogo Noda qui co-écrit son premier film, signera avec lui tous ses films par la suite. Après un passage en service militaire, il revient et tourne plusieurs comédies, genre dans lequel la compagnie veut faire sa niche. Un de ses films installe sa caméra très bas, au niveau des gens assis dans les maisons Feng Shui, en plan fixe, qui deviendra sa marque de commerce. 

La plus grande star de la compagnie, l'actrice Sumiko Kurishima, lui plait beaucoup et on confie à Ozu un tournage de film du nouvel an, avec elle.  Il utilise parfois le pseudonyme de James Maki et impressionne le patron de la boîte. C'est sous ce nom que son premier film classé parmi les 10 meilleurs de l'année au pays, se classe 3e. En 1932, il tourne une comédie dramatique qui charme les critiques. Sa première oeuvre dite "sociale". Comme Charlie Chaplin, il mettra du temps à passer au cinéma parlant. Tout le cinéma japonais met du temps à mettre du son autre que la musique. La même année que Charlie, il lance son premier film parlant. 5 ans après le premier film parlant au Japon. Mais la frustration d'arriver à faire un film à succès public se fait sentir. Les critiques adorent mais le public ne suit pas tant. Il est mobilisé à nouveau dans le conflit sino-japonais où il est promu sergent. Il y fera la rencontre du réalisateur Sadao Yamanaka. Se battra dans les deux grandes batailles de la seconde guerre Sino-Japonaise. Yamanaka ne survit pas. À seulement 28 ans. 

   En 1939, sa carrière militaire (obligatoire) prend ironiquement fin alors que débutera la Seconde Guerre Mondiale. Il écrit une première version de Le Goût Du Thé Vert. Un nouveau comité de censure est en place, et il doit faire plusieurs altérations. Son film de 1941 devient son premier succès commercial et critique. Il fait suivre très vite par un film sur les relations père/fils séparés depuis longtemps. Il est repris par l'armée pour tourner un film de propagande en faveur de la Birmanie, mais tourne au contraire, un documentaire à Singapour. Il y découvre des films des États-Unis, dont Citizen Kane. Qui l'éblouit. 

Après la Guerre, il retourne vivre avec sa mère et sa soeur. Son premier film après la guerre est Récit d'un Propriétaire, racontant l'histoire d'une veuve  hésitant à aider un enfant sans abri. Il écrit Tokyo Story vers 1947. Il tourne une trilogie appelée la trilogie Noriko qui traite les conflits entre traditions et modernité, des thème chers à Ozu et aux Japonais. La trilogie comprend les films, Printemps Tardif, Été Précoce et Tokyo Story, ce dernier film étant considéré le sommet de son art. Il tourne en couleur en 1958, suivi rapidement de deux autres. Le succès est présent, le public se reconnait dans ses films aux plans souvent fixes qui forcent l'attention sur le jeu des acteurs/actrices. Ses films sont très peu vus hors du Japon. Mais le seront davantage après que Tokyo Story eût gagné le Sutherland Trophy du Festival du Film de Londres, 5 ans après son lancement au Japon. 

Son dernier film est tourné en 1962. Gros buveur de saké, il travaille souvent sous l'effet de l'alcool. Fume comme une machine, et développe ainsi un cancer de la gorge. 

Son cinéma ne suivait pas le modèle Hollywoodien ou Européen. Au lieu de tourner au dessus de l'épaule, la caméra se concentrait sur les visages et restait basse. Plaçant le spectateur au milieu des scènes. Avec les artistes. On apellera ses plans les tatami shots. Il révolutionne en utilisant des lentilles 50 millimètres, considérées comme les plus près de l'oeil humain. Et les thèmes abordés dans ses films sont pratiquement toujours familiaux et très humanistes. Peu d'action et beaucoup de dialogues. 

Sa manière de monter les films est aussi très différentes des rythmes étranger. Son cinéma est parfois une alternative poétique aux drames traditionnels. 

Les scénaristes/réalisateurs Paul Schrader, Martin Scorcese, Francis Ford Coppola et George Lucas aideront à le faire connaitre en Amérique. 

Il meurt du cancer de la gorge aujourd'hui, il y a 61 ans. Il avait 60 ans, le même jour.

Aurait dont eût 121 ans, aujourd'hui aussi.        

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