Johnny Ace

John Marshall Alexander est né à Memphis, au Tennessee, en 1929, d'un père prédicateur, qui avait donc de l'ego. 

Il a fait son école à LeMoyne-Owen College avant de quitter les bancs scolaires pour faire son service militaire dans la Navy. Mais il a été déserteur presque tout son passage militaire, n'en supportant pas la discipline. Il joint alors ensuite le band d'Adolph Duncan, comme pianiste. Il joue sur Beale Street, rue animée par la musique, tard la nuit. Le réseau de musiciens devient si connu qu'on les appellera les Beale Streeters qui comprendront avec le temps, B.B.King, Bobby Bland, Junior Parker, Earl Forest et Roscoe Gordon. Ils ne seront pas tout le temps un band tous ensemble, mais jouent tous sur les albums des uns aux autres. S'interchangent les tours de chants. 

Ike Turner, qui n'a que 20 ans, est alors recruteur musical et producteur. Il fait enregistrer régulièrement Alexander avec leur star B.B.King qui a aussi une émission de radio où on y joue, en direct. Quand Bobby Bland quitte le groupe de B.B.King, Alexander devient une voix qui chante dans cette émission de radio. Comme on l'appelle déjà toujours Johnny, le directeur du programme commence à l'appeler Johnny Ace par référence aux Four Aces. Il est signé comme artiste solo et commence à lancer du single qui cartonne. 

Il sera de nombreuses tournées et même un jeune Elvis Presley qui viendra voler Hound Dog à Willie Mae "Big Mama" Thornton, est épaté par Johnny Ace. Elvis n'a pas commencé à endisquer lui-même. En tournée avec Big Mama Thornton, Johnny Ace joue son blues et connait du succès. Il sera nommé artiste le plus prometteur de 1954. Playboy, il est forcé de se marier à 21 ans avec sa copine de 16, quand celle-ci est enceinte. Il aura une autre enfant de cette même jeune fille, mais ils sont rarement ensemble, puisque toujours en tournée, ou courant les autres filles. Lui et Big Mama Thornton vendent pas moins d'un million 750 milles copies de leurs créations musicales.  

De son ego gonflé par le succès nait une certaine arrogance. Il ne cache aucunement avoir plusieurs partenaires amoureuses. Et en tournée avec Big Mama Thornton, en a une dans presque chaque ville. Le racisme étant un jeu ouvert, ils ne peuvent pas jouer partout. Ils sont donc très proches les uns des autres en tournée. 

À Houston, au Texas, dans la loge entre deux sets, Johnny Ace joue avec un revolver. Habitude qu'il a fréquemment, tirant sur des panneaux quand ils se promènent en voiture, pour s'amuser. Il a beaucoup bu. Il pointe le fusil vers sa copine pour la narguer. Big Mama Thornton ne trouve pas amusant et lui dit de faire attention avec son stupide fusil. Johnny Ace lui répond qu'il n'y a pas à s'inquiéter, le fusil n'est pas chargé et se le pointe au visage. 

Et tire.

Il se trompait. Il y avait au moins une balle dans son chargeur. Son cerveau frappe le plafond, sa tête explose. Tout le monde s'énerve. Il avait 25 ans. On rapporte de manière erronée qu'il jouait à la roulette russe, mais ce n'est pas vrai. Il n'était qu'imbécile. Johnny Ace est mort d'imbécilité. Il était surexcité de s'être acheté une Oldsmobile de 1955, à peine une heure avant. Il était riche. Et con. 

Sa chanson Pledging My Love, par fascination morbide autant que par envie, sera sa plus vendue par la suite et #1 au moins de février suivant. Plus de 5000 personnes assistent à son enterrement. Big Mama le suivra dans la tombe, il y a 40 ans cette année. À seulement 57 ans. De problèmes de foie. 

Johnny Ace se fait sauter la tête devenue trop grosse, aujourd'hui, il y a 70 ans.