Peter, Paul & Mary

Avant Simon Cowell, il y avait Albert Grossman. 

Cette race d'hommes d'affaires qui se travaillent le flair que pour faire beaucoup d'argent avec le talent des autres.

Grossman serait le gérant de Bob Dylan. C'est sa splendide épouse, Sally, qui fume une cigarette sur la pochette du 5e album de Dylan, l'excellent Bring It All Back Home. Mais quand il avait Dylan dans le rétroviseur, il avait déjà passé plusieurs artistes chansonniers de la scène folk New Yorkaise, dont Dave Van Ronk et Carolyn Hester, dans le but de monter un trio musical qu'il voulait folk-harmonique. Il avait une idée claire en tête. Deux hommes et une femme. Le trio devait refléter son époque. Et tous devaient bien chanter, bien entendu. Pas besoin d'être 100% compositeurs mais fallait être interprète. 

Peter Yarrow avait pris la guitare au Romp'a Stomp qui était un des points forts étudiant de la fin des années 50 à l'Université Cornell. Parmi ses collègues scolaire, on compte les auteurs Lenny Lipton, David Shetzline, Thomas Pynchon et Richard Farina, qui mariera Carolyn Hester, pas super longtemps. Yarrow prend goût à la scène et participera à des festivals par la suite. C'est au Newport Folk Festival qu'il fait la rencontre d'Albert Grossman qui se magasine un trio qui serait une nouvelle version des Weavers pour les baby-boomers, avec une saveur du Kingston trio. Grossman aime ce que Yarrow fait et l'engage d'abord. Van Ronk est rencontré mais Grossman le trouve trop caractériel et donc, possiblement problématique.  Il voudrait Carolyn Hester comme chanteuse. Celle-ci avait rencontré Bob Dylan et l'avait invité à jouer sur son 3e album. C'est la première présence de Dylan sur disque. Instrumentale, à l'harmonica. C'est grâce à elle que John H.Hammond, qui produit, remarque Dylan et le signe pour Columbia sur-le-champs. Hester refuse de faire partie du trio de Grossman et préfère collaborer avec Bill Lee ou Bruce Langhorne. 

Voyant la fort jolie femme de 25 ans sur une photo du mur du centre de folklore de Greenwich Village, Yarrow demande qui est cette femme avec ce band ? C'est Grossman qui lui dit qu'elle est la chanteuse des Song Swappers, Mary Travers, qui faisaient des spectacles avec Pete Seeger et qui a enregistré quelques fois avec lui. Grossman pense qu'elle ne travaille plus dans le métier. La jeune fille du Kentucky a connu Pete Seeger (& Paul Robeson) comme chanteurs ayant passé à son école secondaire et lui ont donné envie de faire le métier, elle aussi. Elle a quitté l'école en 11e année. Donc à 16 ou 17 ans. Yarrow se rend donc au Gaslight Cafe pour la rencontrer et ensemble ils chantent Miner's Lifeguard, trouvant qu'ils harmonisent bien ensemble. C'est Travers qui suggère alors Noel Stockey, chansonnier/humoriste du Gaslight, géant gentil, déjà ami de l'introvertie Mary. Comme le nom du milieu de Noël est Paul, on se choisit comme nom de band rapidement Peter, Paul & Mary. Trois noms très communs puisqu'on voudrait rejoindre beaucoup de gens. Grossman a son band. 

Le premier album contiendra du Pete Seeger, mais principalement du Yarrow/Stookey. Ce sera un rare album folk à atteindre le #1 des ventes aux États-Unis. Il sera dans le top ten des meilleures ventes pendant 10 mois. On lance le single, un poème de Lenny Lipton mis en musique par Peter & Paul, Puff The Magic Dragon qu'on pense une métaphore sur la drogue serait en fait une ode à la perte d'innocence. Peu importe, ce sera un gros succès aussi. Ils feront sensation à La Marche Sur Washington Pour l'Emploi et la Liberté. Ils y jouent ce qu'ils chantent déjà en spectacle, et qui sera plus fréquent dans leur futur proche, du Dylan. Mais un nouvel  album n'en contient pas encore. Et reste un autre succès. 

9 mois plus tard on lance déjà un autre album. Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud. Là, il y a du Dylan. On gagnera deux Grammys . Le premier (second*) album de Bob Dylan, sur lesquels se trouvent deux des trois morceaux qu'ils font, vend extraordinairement bien aussi pour Dylan en partie grâce à eux. On lance un album en spectacle de représentations à San Francisco, Sacramento, Long Beach, Daytona Beach, en Floride, à Terre Haute. Retournant principalement à leurs compositions, Travers aussi depuis l'album studio précédent, Ce seront 7 albums en 5 ans. Dont un avec un gros hit signé John Denver. Un autre est aussi lancé avant la fin de l'année 1969. 

On enregistrera avec les musiciens de sessions de luxe Mike Bloomfield, Al Kooper et Charlie McCoy chantant du Laura Nyro, Richard Farina, John Denver. C'est le morceau de John Denver qui leur donnera leur unique #1 dans les singles.

 Quand le 9e album est lancé, Travers & Yarrow sont tabassés et arrêtés parmi les manifestants au rassemblement de la Convention du Parti Démocratique à Chicago. On transitionne peu à peu vers un son plus Beatlesque. 

Faisant campagne pour Eugene McCarthy Peter Yarrow fait la connaissance de la nièce du candidat présidentiel démocrate, Mary Beth, qu'il épousera l'année suivante et avec laquelle il aura 2 enfants. Il a 31 ans, elle en a 20. En 1969, année mouvementée où leur  album pour enfants est lancé, Peter Yarrow se fait prendre à exiger des gestes sexuellement extraordinairement inappropriés d'une jeune fille de 14 ans. Il fera 3 mois d'une sentence de 1 à 3 ans de prison. Elle l'a masturbé sous ses ordres. Perte d'innocence, oui !

Bien entendu ceci a raison de son mariage. Et du band. Les trois feront des carrières solos, et on se réunira sur disque 8 ans plus tard. On fera encore 5 albums ensemble entre 1986 et 2003.

Paul aura 87 ans dans 5 jours. Mary décède de la leucémie il y a 15 ans, à 72 ans. Peter "ne serait plus pédophile" puisqu'il a été pardonné par la Président Jimmy Carter en 1981...

Peter, Paul & Mary, seront de l'entourage du nouveau film de James Mangold couvrant les jeunes années de Dylan, à New York et avec Grossman qui est lancé aujourd'hui en salle.    

Que je suis fort excité d'aller voir.

Joyeux Noël à toutes et à tous. Que l'amour baigne votre personne. L'amour donne, et ne demande jamais.

Comme un parfait étranger. 

* Le vrai premier album, Dylan (et Sony)le cacheront longtemps.