C'était pour le poisson d'avril de 1969 du Magazine Rolling Stone. Le journaliste musical Greil Marcus avait fait la critique d'un supergroupe tenu secret, composé de Bob Dylan, Mick Jagger, John Lennon & Paul McCartney appelé The Masked Marauders. Un groupe uni par le producteur et musicien Al Kooper qui avait travaillé avec tout ce monde-là.
À cette époque, les enregistrements illégaux était un jeune phénomène en hausse et on clamait que cet album en était un, vendu sous la couverture, qui était non seulement recherché mais aussi très bon. La pochette, avec une photo en noir et blanc, ne révélait qu'une femme qui semblait assise avec une main menaçant de l'envahir à la poitrine par derrière. On pouvait peut-être la deviner séquestrée, ligotée à une chaise, il y avait mystère partout autour de cet album.
Mais cet album, n'existait pas.
Bob se relevait d'un prétendu accident de moto, Paul et John étaient des Beatles qui se séparaient, Mick a toujours été volontaire, aura son supergroupe dans le futur et aurait joint les 3 autres. Crosby, Stills & Nash, Derek & The Dominos, Blind Faith, venaient de se former ou étaient en train de le faire, les supergroupes étaient soudainement courants, tout était donc plausible. La demande était si grande auprès de l'étiquette Warner Music, qu'on y a vu la chance de faire un peu d'argent facile. On a alors choisit d'investir plus de 15 000$ pour entrer d'urgence en studio le Cleanliness & Godliness Skiffle Band de Berkeley pour jouer des morceaux qui seraient dans le ton de la critique de Marcus qui, lui-même, était resté secret, et avait signé sa critique du pseudonyme T.M. Christian. Lancé à l'automne 1969, l'album, chanté à la manière Jagger ou Dylan, de 46 minutes, a vendu plus de 100 000 fois. Quelques naïfs ont cru en cet album Frankeinsteinisé des 4 légendes même si la chanson Mamma, énoncée dans la critique, qui devait être la préférée de Paul McCartney, n'était nulle part sur le produit fini. Aucun des noms des artistes ne se trouvaient sur le disque "pour de raisons contractuelles". Marcus confirmera qu'on avait fait quelque chose de stupide et avait voulu en faire quelque chose de plus stupide encore. Avec succès. L'album n'est pas fâcheux du tout. Axé sur le fun candide. Plus 50's que 60's.À peu près au même moment, enfin quand les Beatles sont officiellement annoncés séparés et tous en direction de carrières solos, sauf alors peut-être Ringo, George Harrison engage un jeune batteur de 19 ans pour qu'il soit joueur de congas afin de jouer sur un de ses morceaux pour son triple album All Things Must Pass. Ce jeune de 19 ans, c'est Phillip Collins. Phil Collins, futur Genesis. Et artiste solo majeur, lui aussi. Le jeune Collins s'était empressé d'aller acheter le triple album mais était resté déçu de réaliser qu'on avait coupé sa part de congas sur le morceau. Dans les années 80, quand Collins est tout simplement partout dans l'univers musical populaire, il recroise Harrison et lui fait part de cette anecdote. En lui demandant aussi pourquoi on avait coupé ses congas ? Harrison lui dit alors ne pas se rappeler de la chose et lui confirme que c'est assurément Phil Spector qui avait alors probablement pas aimé et choisi de couper.George lui dit donc qu'il a encore les enregistrements originaux et qu'ils lui enverra les bandes maitresses afin qu'il repère ses congas. Collins reçoit les bandes et trouve le morceau avec les congas. Qui sont sensationnellement mauvais. Il comprend très rapidement qu'il jouait n'importe quoi. Il entend même clairement George dire "Débarrasse-moi de cet horrible joueur de conga". Phil encaisse le tout avec humilité.
Quand il recroise Harrison, il lui en parle et lui confirme l'avoir entendu et que c'est plutôt lui qui avait demandé à ce que ce qu'il jouait soit coupé, et que de toute manière, c'était terrible.C'est à ce moment que George lui a révélé que non, c'était lui qui, pour s'amuser, avait fait jouer à quelqu'un terriblement mal du conga, et avait ajouté sa propre voix inventant la suite pour le niaiser.
Ce qui a fonctionné. Le poisson avait bien mordu.
Ils s'en sont bien amusé.
Je deviens mysanthrope depuis peu.Peut-être depuis le 5 novembre dernier.
J'ai envie de rire davantage.
J'espère vous avoir fait sourire un peu.
La chanson sur laquelle Collins avait joué était Art of Dying.
Le faux album des Masked Marauders, qui est aussi le vrai du Cleanliness & Godliness Skiffle Band de Berkeley, a été lancé à peu près à cette période il y a 55 ans.
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