vendredi 31 mai 2024

Porno Nationaliste

Donc, le leader du Parti Québécois, Paul Saint-Pierre Plamondon suggèrerait un drapeau du Québec dans chaque classe d'école en Province si le PQ était au pouvoir. 

(...)

Il est déjà imposé depuis 1957 dans toutes les écoles. A-t-on vraiment besoin d'un rappel dans toutes les classes aussi?

Je ne vois pas beaucoup la différence entre la chapelet catholique chrétien sur les murs dont on ne veut plus par respect des religions. Je ne vois pas comment mon cerveau trouverait plus acceptable qu'on politise chaque classe. Car oui, ce serait bien politiser les classes. Personne ne doute que nous sommes bien au Québec. Pas même à Montréal quand on se parle en anglais. Cette semaine j'ai jasé dans la langue de Shakespeare avec une bénévole de Kirkland qui nous as beaucoup aidé dans l'adoption des deux chats trouvés avec leurs frères et soeurs dans la neige, fin novembre 2023. Poncho & Malibu nous rendent heureux et je crois qu'on les rend heureux aussi. D'après "leurs rages de lêche" et leurs ronrons. 

Mais les félins du PQ sont d'un féroce parfois effrayant. Et mal calibrés dans leurs visées. On a pas besoin de se rappeler la couleur et les formes de notre drapeau dans nos classes. Nous ne sommes pas aux États-Unis où le pornflag est souvent signe de conservatisme tordu. J'ai été surpris d'une citation du cinéaste Ken Burns cette semaine, je ne sais pas si il décriait les mots ou si il poussait une forme de sagesse, mais ça disait: "There is no them, there's only us". En fouillant un peu, j'ai compris que c'était une référence à une chanson de U2 de 2014 que je ne connaissait pas, mais sur le coup, je trouvais que c'était individualiste et égocentrique. 

Bien au contraire, la chanson se nomme Invisible, s'en plaint, et parle d'exclusion justement. D'être bien là, au vu et au su de tous, mais de ne pas être considéré. Comme la Palestine ou l'Ukraine en ce moment. Les "j'aime" se trouvaient par milliers. Mais avant de comprendre ceci, j'accusais un malsain nationalisme. 

Afficher son drapeau des États-Unis, sur tous les balcons en tout temps, aux États-Unis, c'est plutôt laid ailleurs que le jour de la fête nationale, le 4 juillet. On ne doute pas qu'on est aux États-Unis quand on s'y trouve. Pas besoin de se rappeler le drapeau. C'est de la porn nationaliste. On imagine facilement que la tige du drapeau pourrait être une arme à feu. Même si ce n'est probablement pas toujours le cas. 

Toutes les fois que nous nous y rendons, on finit par trouver agressant la surreprésentation du drapeau des États-Unis. On a pas envie de se saturer du drapeau du Québec. Entre maintenant et le 24 juin, plusieurs jours après aussi, le drapeau du Québec n'est jamais plus vu, au Québec. La fête nationale est le 24. Juin est toujours bleu fleurdelysé. Et avec l'hommage qu'on veut faire à Jean-Pierre Ferland, qui était né le 24 juin, jamais on ne sera plus fier de nous-mêmes à la Saint-Jean Baptiste. On fêtera l'héritage du petit roi. 

Avant d'imposer un drapeau que tout le monde connait, il serait nettement plus important de changer les systèmes d'aération des écoles. C'est actuellement le tiers-monde à ce niveau. Ça ne peut pas être pire. 45% des 2740 écoles du Québec entier, primaires et secondaires, sont aérés "naturellement" et la tâche revient aux enseignantes de gérer le niveau de Co2 dans chaque classe. Ce que ces gens ne sont pas qualifiés pour faire. Alors ça donne ce que ça donne. C'est irresponsable de la part des gouvernements qui se succèdent qui ne veulent pas y mettre les sous. Ces écoles ne sont ventilées que par les fenêtres. Aucune mécanique. 

Le Québec ne semble pas apprendre de ses crises sanitaires. Air climatisé bien avant les drapeaux, christ. Meilleure santé tabarnak. 

C'est tu assez Québécois, ça ?

Et si Justin Trudeau, un Québécois, imposait le drapeau Canadien dans toutes les classes au pays, le vrai pays reconnu dans le monde que nous sommes,  est-ce qu'on ne rugirait pas ici ?  

Laissons les fripes aux friperies. 

La moisissure s'installe dans les écoles en raison de la mauvaise circulation de l'air. 

Ça démontre un mauvais sens des priorités d'un gouvernement anticipé. Dans le Parti Québécois, il y a encore des projets qui gondolent. 

Si les drapeaux étaient imposés sous un gouvernement Péquiste, à la limite, on reconnaitrait vite les couleurs du bateau quand on le retrouvait coulé au fond de l'amer. (sic)

J'aimerais bien ronronner en politique aux pays. 

Je mets pays au pluriel mais au national, pays réel, comme au provincial, pays rêvé,  je n'ai aucune option satisfaisante. 

Je n'ai que des envies de garder des partis loin du pouvoir. 

C'est triste en gériboire. 

jeudi 30 mai 2024

Réginald Charles Gagnon (1949-2024)

Reginald Charles naît à Moncton, au Nouveau-Brunswick. À l'âge de 13 ans, sa famille emménage aux États-Unis, au Massachussetts où il y passe une partie des années 60. Il ne fréquente pas vraiment l'école, à Boston. De 17 à 19 ans, il se joint aux Corps de la Marine des États-Unis et est recruté pour l'effort de guerre, au Vietnam. Il ne verra pas le front. se limitant à un rôle de chargeur, déchargeur de bateau. Ce qui n'est pas rien. Il se vantera de ne jamais avoir voulu tuer personne, encore moins des gens qui ne lui avaient rien fait. Après avoir terminé son passage militaire, il reste au Massachussetts pour encore 10 ans. Compose de la musique sur sa guitare acoustique et chante ici et là. 

Il revient au Canada à 30 ans, et vit en nomade avec son sac à dos et surtout sa guitare. À 30 ans, tout le monde le connait au Nouveau-Brunswick. Il s'exprime principalement en chiac. Quand on lui fait remarquer son style bohémien, et on le compare à Jack Kerouac pour son parcours aux États-Unis et son français cassé, il confesse ne pas savoir qui il y est, ni savoir lire. Il est analphabète. 

Son accent est si unique pour les Étatsuniens qu'on lui dit, qu'il n'est pas "Acayien", mais "Acayouche"! On lui dit si souvent qu'il gardera la terminaison du sobriquet. Cayouche. Il en fait son nom d'artiste. Se donne en spectacle acoustiquement, racontant le quotidien des Acadiens. Il est poésie locale. Sympathique folklore. Il chante du country folk. 

Il a un fils en 1972 et un autre, l'année suivante. Une équipe de télé de Radio-Canada découvre qu'il est vedette locale, très connue et très prisée dans sa communauté Néo-Brunswickoise. Après avoir passé 25 ans au même endroit, il est presque pape de son quartier de Moncton. Il est près du phénomène. On s'organise alors pour qu'il puisse enregistrer un premier album en studio. Il y a 30 ans. Les ventes seront si bonnes, au Nouveau-Brunswick surtout, mais un peu ailleurs aussi, dans le marché francophone. Plus de 15 000 ventes dans un si petit marché reste remarquable. Il a alors 45 ans. C'est un incontournable des foyers Acadiens. En spectacle, le public connait très bien son répertoire et chante avec lui. Il inspire la communion.

Il habite Burnsville, un village assez près de Paquetville et enregistre sa musique dans un studio de Caraquet. Son style est un croisé de ce que font Johnny Cash, Paul Brunelle ou Willie Lamothe. Les critiques le couvrent peu, mais il est content de plaire à son "petit monde". Celui dont il s'inspire. Pendant 9 ans, il fait des tournées dans villes et villages du littoral Acadien. Il enregistre trois autres albums. Dont une chanson à saveur sociale, L'Alcool au Volant, afin de prévenir la conduite avec faculté affaiblie. Il reste phénomène devenant un des rares artistes Néo-Brunswickois a vendre 100 milles fois ses albums

Il se permet de changer de secteur et de vivre à Maisonnette, toujours dans la péninsule Acadienne. 

Ironie du sort, il est arrêté conduisant sa voiture sous l'influence de l'alcool, lui l'auteur de L'Alcool au Volant. Ça inspirera le titre du documentaire que Maurice André Aubin tournera sur lui, un an plus tard. Cayouche est grand fan de moto et on le voit partout sur son deux roues. Il devient même populaire en Europe. Il lance un nouvel album en 2011

Il continue ses tournées au Saguenay et au Festival de Saint-Félicien, en Beauce. Il fait le festival country de Saint-Antonin, dans le Bas St-Laurent. Se donne aussi en spectacle au festival country de Matane, au festival sportif de Saint-Albert. Il a presque toujours sa caisse de bière Alpine et au moins deux musiciens avec lui sur scène. Il est de Jonquières-en-Musique et à l'Olympia de Montréal. Les gens l'aiment. 

En 2019, une compilation de lui est mise sur le marché. Il est officiellement retraité. 

Il pousse son dernier souffle hier, à 75 ans. 

Cayouche était aimé.   

Le restera.           

mercredi 29 mai 2024

Steve & Les Fantômes

Je vous parles encore divertissement. 

Ceux qui me connaissent savent que quand la réalité me pue au nez, je me réfugie dans la fiction. le culturel. Les leaders locaux, nationaux, mondiaux, me dégoûtent profondément. Les prétendus juges aux États-Unis, qui sont tout sauf impartiaux, sont révoltants. La triche est bien visée au pouvoir. 

Mais parlons léger. 

Et mysticisme. 

Certains liront lourd. Je ne contrôle pas ce que vous comprenez/encaissez. 

Automne 1983. 

Steve Johnson avait travaillé sur les effets spéciaux pour le film d'horreur The Howling, à 20 ans. John Landis l'avais ensuite engagé pour travailler les masques dans An American Werewolf In London, que, ironiquement, je viens tout juste de visionner.  À 23 ans, il est engagé par Ivan Reitman pour travailler le monstre du film en préparation, Ghostbusters.  Johnson sera l'homme derrière la créature de The Abyss vers la fin. Il travaillera sur Fright Night, Poltergeist 2Spieces, Bicentennial Man, plusieurs projets télés dont des adaptations de Shining et The Stand de Stephen King, et Spider Man 2, parmi ses 1001 projets. 

Mais fin 1983, il travaille sur l'histoire de Dan Aykroyd et Harold Ramis. On lui commande un vague fantôme. On lui demande "un fantôme qui sourit". Une fois qu'il en présente un, on le renomme "tête d'oignon" car la bête présentée est faite de matériaux qui puent pour vrai. La fantôme qui deviendra Slimer prendra 6 mois à créer. Ce sera une expérience ardue pour Johnson. On lui demande d'abord simplement une bête souriante de manière machiavélique. Mais on change d'idées souvent sur ce plateau. On lui demande de le rendre plus méchant, mais pas trop pour ne pas que les enfants ne puissent pas voir le film. E.T. vient de faire un malheur, et on veut la crainte d'un Darth Vader, mais quelques coches au-dessus. On lui demande de changer les oreilles, puis de les laisser tomber. Les cheveux aussi. Le nez, la bouche, On le refait faire presqu'au complet. Johnson n'a que 23 ans et ça semble donner envie à tout le monde de continuellement le surconseiller. 

Ce sont les années 80. Et bien entendu, à 23 ans, on est jeune. On le veut plus bédéesque, moins bédéesque, nez menaçant, nez moins dominant. Johnson est sur le point de s'ouvrir le crâne en deux quand il choisit de "bien" vivre ses 23 ans, et de consommer, de temps à autres, de cette bonne vieille cocaïne qui garde éveillé longtemps car on veut une sortie en juin 1984, le temps presse, faudra travailler jour et nuit si on change d'idée tout le temps. La cocaïne, dans les années 80 est partout et très accessible. Les blancs la consomment beaucoup, Reagan fait emprisonner les noirs qui la vendent ou qui sont surpris en possession. C'est une arnaque raciste politique républicaine. Le racisme républicain ne date pas d'hier. Pendant qu'on se décide mal sur Slimer, Johnson travaillera "La fantôme de la bibliothèque" qui sera aussi très marquante. Slimer et la fantôme de la bibliothèque sont à mon avis les deux fantômes les plus réussis de l'original Ghostbusters

On s'impatiente et on donne un ultimatum au jeune Steve. Il a 24 heures pour tout redessiner et si on est pas d'accord sur le produit final,  le lendemain, il sera viré. Bonjour pression. Il se cocaïne à fond pour travailler le dernier 24 heures. 

Et Aykroyd, meilleur ami de John Belushi, pour lequel il avait écrit le rôle qu'a finalement tenu Bill Murray, donne comme dernier conseil à Johnson: "Fais-lui ressembler à John". Belushi est mort d'une surdose cocaïno-héroïnée, à seulement 33 ans, deux ans avant. Alors qu'Aykroyd lui écrivait justement le rôle tenu par Murray.  

Il faut savoir qu'Aykroyd croit fermement aux fantômes. Depuis toujours. Et les premières versions, selon Ramis & Reitman, du film, traitent de manière beaucoup plus sérieuses que comiques la trame narrative. Quand on propose le rôle que tiendra Ernie Hudson, à Yaphet Kotto, celui-ci insiste pour NE PAS accepter. Quand il a joué dans Alien de Ridley Scott (avec Sigourney Weaver) il a vécu toutes sortes d'expériences de fantômes qu'il ne veut jamais plus revivre. Il sera le lien vers Sigourney Weaver d'ailleurs. Mais si une oreille lui est attentive à respecter sa peur des fantômes, c'est bien celle de Dan Aykroyd. Il comprend tout à fait. Quand Aykroyd propose que le fantôme ressemble à Belushi, il est sérieux. Croit même sentir sa présence quelques fois. Il dira à Kotto quelque chose comme "je te comprends à 100%, nous savons, eux pas". 

Belushi
Comme Belushi l'aurait peut-être fait, Steve Johnson qui a sorti plusieurs photos du visage de Belushi, a enligné des lignes de cocaïne sur chacune d'elle qu'il a consommé, et après 3 grammes les hallucinations ont commencé. Il a senti John carrément le conseiller sur la bête qu'il travaillait. Et ils ont commencé à se parler. Hallucinations ou intervention divine, Johnson était guidé par l'esprit de John Belushi, lui donnant du renforcement positif et posant même pour lui. 

John, mort de la cocaïne croisée, lui rappelle aussi de cesser ses conneries, ceci tuerait Steve si il continuait ainsi. 

Steve cessera. Mais pas ce soir-là. 

Ce soir-là, cette frénésie créative alimentée par la drogue fera naître le Slimer qui a été accepté par l'équipe de Ghostbusters.

Film qui fête ses 40 ans en juin. 

Le 8.   

mardi 28 mai 2024

10 Distributions Parfaites (Jouant des Gens Connus)

Parfois, au cinéma, de plus en plus, je dirais, je vous en parlais il n'y a pas si longtemps, on a envie de vite raconter, parfois réécrire ce qu'on veut qu'on retienne d'eux, la vie de gens connus. Evan Rachel Wood a récemment joué Madonna dans Weird: The Al Yankovich Story et non, ils n'ont jamais vraiment échangé, ni même flirté comme c'est suggéré dans le film de 2022. Quand Al a parodié sa chanson Like a Virgin, tout s'est passé avec son agent. Elle s'est dite amusée par la version de Yankovich, mais il n'y a aucune preuve qu'ils se soient même rencontrés.

Amanda Seyfried est une actrice que j'aime bien et Elisabeth Holmes, une fraudeuse que j'aime moins. Je n'ai pas vu  son interprétation de celle qui changeait sa voix pour la faire passer comme plus "mâle". Donc plus bandit. Mais les 10 performances dont je vais vous parler combinent impact physique parfois très frappant, et un niveau de crédibilité important, justement parce que pour l'oeil, on y croyait presque.

Sans ordre précis, comme ils me viennent à l'esprit:  

Control d'Anton Corbijn. 

Le photographe de la formation Joy Division, réalisateur de ce film, était lui-même estomaqué de la présence de Sam Riley autour de lui. Il avait l'impression que Ian Curtis était revenu sur terre. Après sa graduation du conservatoire de théâtre, Riley a été chanteur de son band 10 000 Things, band qui, selon lui avait un succès modéré se rapprochant davantage du nul. En spectacle, on a même parfois annoncé Ian Curtis au micro des Rolling Stones pour annoncer son band. Il a été choisi non pas par amour pour la musique de Joy Division, il ne connaissait aucunement le band, et même pas parce qu'il auditionnait pour le rôle, il l'a fait presque par accident en appelant son agent qui se trouvait en compagnie des producteurs du film qui comprenait Corbijn qui a financé 2,5 millions de sa poche, Tony Wilson, qui a fait découvrir le band au monde et la veuve de Curtis, Deborah. Il a même dû reprogrammer son audition car il avait rendez-vous chez le dentiste. Mais avait des dents parfaites pour obtenir le rôle, criant de vérité.

Gainsbourg (Vie Héroïque) de Joann Sfar.

Sfar est bédéiste. Et dans son film, on y trouve facilement la sensibilité du bédéiste. Sfar s'est même offert le rôle de Georges Brassens puisqu'il en avait la tête. Mais celle de Lucien Ginsurg, c'était impossible à trouver. Eric Elmosino est Marocain de par son père et Alsacien de par sa mère. Il ne joue pas "La Gueule" leitmotiv péjoratif qui hante le personnage dans le film, (Serge se trouvait laid) mais il a absolument la gueule de Gainsbarre. Il était parfait comme choix, moi qui ne l'ai jamais connu jeune, avait l'impression d'avoir un oeil sur ce génie musical dans son jeune temps. Quand on aime le produit culturel souligné par l'oeuvre cinématographique, ça aide à embarquer (ou non) dans le portrait offert.   

Oppenheimer de Christopher Nolan.

J'ai toujours aimé Cillian Murphy. J'ai toujours trouvé qu'il crevait l'écran comme Terence Stamp pouvait le faire dans les années 60. Je l'ai adoré dans le très bon The Wind That Shakes The Barkley de Ken Loach, troublant film qui raconte les premières dérives menant à la Guerre d'indépendance, en Irlande, vers 1918. Il était plus secondaire mais tout aussi marquant dans The Girl With The Pearl Earing ou dans Peaky Blinders où il en était au coeur, pour la télévision. Pour le rôle de celui qui a changé les relations internationales à jamais, qui est à la fois argument final d'un grand conflit guerrier et huile à perpétuité guerrière, il a dignement été récompensé de l'Oscar du meilleur acteur lors de dernière cérémonie de remise de ces trophées.

Sid & Nancy d'Alex Cox.

Pour tourner les punks, ça prenait un punk. Cox était ce punk. Je l'étais presque alors, en 1986, à 14 ans, quand j'ai vu le film au cinéma. C'était mon premier contact avec Gary Oldman que je ne regretterai jamais au cinéma. Je pense encore qu'il est un des acteurs les plus doués de l'industrie. En Sid Viscious, il incarnait la débauche assassine. L'irresponsabilité absolue. Oldman avait refusé le rôle 2 fois avant de réaliser qu'il n'avait plus d'argent et qu'il avait besoin du salaire. Mais en parfait professionnel, il a beaucoup maigri pour le rôle et étudié studieusement ce qu'il y avait de disponible du vrai Sid, en images, à cette époque. J'aimais beaucoup le cinéma de Cox dans les années 80. Quand j'ai foulé Picadilly Circus, à Londres, en 1995, le CD que j'ai acheté a été l'intégral des Sex Pistols (ça me semblait aller de soi-et ils n'ont qu'un album :) et en chanson bonus se trouve My Way chantée par Sid, en solo. Ce qui est représenté dans le film.

La Chute d'Oliver Herschbiegel.

J'ai connu Bruno Ganz par Wim Wenders. Où il était tout en retenue, presque candide sur deux films, incarnant un ange. Mais dans ce film racontant les derniers moments d'Adolf Hitler, il est d'une intensité dictatoriale. Tant que sa crise finale a été reprise des milliers de fois sur les réseaux sociaux, les gens s'amusant à y associer toutes les indignations possibles. Merveilleusement joué et tourné.  

Man on The Moon de Milos Forman. 

Andy Kaufman était si particulier que personne ne savait jamais quand le prendre au sérieux. Il fallait le faire quand il disait qu'il détestait tourner des textes de sitcoms, mais surtout quand il a annoncé avoir une rare condition qui le ferait mourir très tôt. Avant même ses 40 ans. Il y a 40 ans, ce mois-ci. Jim Carrey est parfait dans la peau de ce très inconfortable artiste fourre-tout qui luttait contre les femmes, imitait Elvis, lisait Fitzgerald au complet à un public, faisait jouer des disques afin de n'en mimer qu'un seul segment, feignait tant de choses qu'on confondait le vrai avec le faux. L'hypersensibilité d'Andy était parfaitement rendu par un Jim Carrey étonnamment touchant. 

Frida de Julie Taymor.


Mexicaine elle aussi, Salma Hayek incarne à la perfection la peintre du Mexique fétiche. Taymor a eu le talent de faire fondre certaines oeuvres de Frida Kahlo avec des vraies scènes du quotidien dans son film aussi coloré que les oeuvres de la grande artiste surréaliste. Avant de jouer Evita Peron, Madonna souhaitait incarne Khalo, mais Hayek lui ressemble nettement davantage. Ce film a eu des retards de productions et une visibilité restreinte car Hayek avait refusé les avances sexuelles d'Harvey Weinstein. 

Dahmer-Monster The Jeffrey Dahmer Story de Ryan Murphy.

J'ai pas toujours aimé American Horror Story. Des traces de Glee (aussi de Murphy) probablement, série que j'ai en horreur. Mais Evan Peters, qui est de plus d'une saison d'American Horror Story (8), m'a toujours plu. Il était toujours bon. Volait toutes les scènes. Dans la série télé, il est bouleversant. Tordu. Il faut l'être pour se mettre dans la peau avec conviction de ce terrible animal qu'était Dahmer. Ce dernier a été assassiné lui-même, dans la douche d'une prison, il y a 30 ans, cette année. 

The Social Network de David Fincher.

C'est drôle quand ce film avait été lancé, je n'arrivais pas à voir un film qui allait raconter un réseau social. Mais le montage, la direction, l'écriture, la distribution, la musique allaient rendre la naissance de ce réseau social, qui a subtilisé mon anniversaire, il y a 20 ans, cette année, passionnante au point que j'en ai acheté le DVD. C'est monté comme un suspense. Et Jesse Eisenberg est nettement plus sympathique que le vrai Zuckerberg, et impressionnant de détermination. Habile.

I, Tonya de Craig Gillespie.

C'est son excellente partenaire Alisson Janney qui gagnera un Oscar pour sa performance, jouant sa mère, mais Margot Robbie en Tonya Harding est tout aussi remarquable. Elle joue l'envie, l'impulsivité, l'intensité, du paquet de nerfs à vif qu'est l'ancienne patineuse artistique si mal entourée dans sa vie. Robbie s'est fait un nom avec ce film et elle le savait, brillante, elle est parmi les productrices du film. (comme pour Barbie, d'ailleurs) 

J'aurais pu parler de Jaime Fox en Ray Charles, Rami Malek en Freddy Mercury, Angela Bassett en Tina Turner ou Taron Egerton en Elton John qui nous faisaient croire les vrais eux aussi, mais ils/elles étaient tous portés par des films moins réussis, selon moi. 

Ce qui n'enlève rien à leurs excellentes performances.

lundi 27 mai 2024

Yorgos Lanthimos

Dans la première scène du film Poor Things, le personnage incarné par celle qui gagnera l'Oscar de la meilleure actrice, Emma Stone, meurt. 

Ça ne devient pas moins étrange dans les 140 minutes qui suivent. 

Minutes qui comprennent du sexe original et des expériences plus ou moins propre sur des animaux. 


Quand on sait que c'est dirigé par le réalisateur d'origine grecque Yorgos Lanthimos, tout s'explique. Il est porté sur l'animalerie. De lui, j'ai vu The Lobster (le homard) et The Killing of a Sacred Deer (l'assassinat d'un cerf sacré). La majorité de ses films, il les as écrits et tournés. Et si mon attention a été portée sur lui pour The Lobster, lancé en 2015, c'était parce qu'il était nommé pour le meilleur scénario original, aux Oscars. Ma (première) formation scolaire a été en scénarisation. J'écris toujours. J'ai un coin de mon coeur réservé à ceux et celles qui écrivent des scénarios originaux. Et Lanthimos est très original.

Et pas pour tout le monde. 

En 7 films sur 14 ans, le réalisateur de tout juste 50 ans, s'est niché dans un genre étrange qui est aussi amusant qu'inconfortable, entre Wes Anderson, Lars Von Trier ou David Lynch. Que ce soit dans Dogtooth en 2009 (encore un animal) ou  dans The Lobster, 6 ans plus tard, ou encore dans The Favourite, en 2018, Lanthimos nous fait rire autant qu'il nous répugne. Ces films sont inconfortables. Absurdes. Ces films nous testent. Ces personnages sont parfois sadiques, malades, rigolant de choses horribles, cruelles, ces personnages sont malchanceux, souvent ensanglantés, au minimum émotivement cicatrisés. Sinon morts dès l'ouverture. 

On rit car on y reconnait plein de choses, toujours inconfortablement, et souvent, étrangement, on peut arriver à comprendre qu'on a vécu, vivra, été témoin, de choses s'en rapprochant. 

Dans The Favourite, Emma Stone joue la méchanceté magouilleuse de manière splendide auprès de sa mère dérivant mentalement, une autre oscarisée de la meilleure actrice (et pour ce film précis) l'excellente Olivia Colman. Bien qu'il ne fasse mal à aucun animal, il en montre beaucoup, morts. Voilà pourquoi je vous dis, qu'il n'est pas pour tout le monde. Et voilà pourquoi je vous parles de cruauté aussi. Le cinéma de Lanthimos est cruel. 

Les excellents Willem Dafoe, Mark Ruffalo, Ramy Yousseff, Christopher Abbott et Jerrod Carmicheal sont aussi du film Poor Things. Que je n'ai pas vu encore. Et que je sens que je vais simplement acheter. Ce film était nommé dans la catégorie du meilleur film en mars dernier. Il était nommé aux Oscars 6 fois. Tom McNamarra l'a adapté du livre du même nom d'Alasdair Gray. Ce film me semble un nouveau Frankeinstein Et je crois comprendre un scénario féministe. Très 2024. C'est un pari que je penses faire en l'achetant. 

Lanthimos ne se gêne pas pour nous montrer des images qui pourraient nous troubler et c'est qui me plait chez lui. Il ne semble par répondre à des diktats de producteurs/productrices qui imposeraient du très commun pour faire  beaucoup d'argent. Il y a donc place pour du bel art. 

Le désordre social arrive souvent de grotesqueries dans ses films. Ou de surnaturel absurde. Dans The Lobster,  nous sommes dans une société dystopique où tout le monde doit se retrouver en couple. Avant de devenir, animal. Mélancolique et drôle. Dans The Killing of a Sacred Deer, une famille est menacée par un mystérieux jeune homme qui a le pouvoir d'imposer la misère sur eux. Dans Dogtooth des adultes se comportent comme des enfants, leurrés par leurs propres parents sur le monde extérieur quand ils étaient enfants. Surréaliste mais aussi proche de l'anxyogène qui emprisonne certaines personnes. Comme spectateurs, on peut se permettre d'abandonner le film, mais pour ensuite retraiter dans un monde réel qui n'est pas si différent que le difforme qu'on vient de quitter. 

Il tourne du cauchemar comique. Dans un film de 2011, une troupe de comédiens est spécialisée dans l'incarnation de gens récemment décédés et engagée par les familles éplorées. C'est presque une esquisse de Poor Things

Il tourne aussi des courts-métrages, 5 entre 1995 et 2022. 

Plus on écoute ses films, plus les cauchemars comiques paraissent vrais. Ridicules. Absurdes. Liés aux icongruité du quotidien. Plus on vieillit, plus on réalise que la vie peut être extraordinairement stupide. On se le fait rappeller tous les jours.

En Alberta, la semaine dernière, on a pensé que c'était une bonne idée de faire une soirée de danse "with the youth" (avec la jeunesse)pour gens entre 14 et 25 ans...

25 ANS ! C'était un appel aux prédateurs ? 

Tout de suite, dès le lendemain, le chef de police de la région, une banlieue rurale d'Alberta, a lancé sur les réseaux sociaux que ce n'était pas une idée bien pensée selon lui. On a retiré l'annonce de la soirée dansante, mais surtout, le message du chef de police. Et la rumeur veut qu'on fera la soirée quand même, sans l'annoncer davantage, ce qui renforce l'idée du cercle de prédateurs. On s'est expliqué qu'on fait les choses différemment en région qu' en ville...oui...est-ce que ça rend "la chose" meilleure ? Enfin...

Yorgos Lanthimos n'est pas cet inconfort moral Mais presque. Il nous peint plusieurs absurdités sur pellicule. Comme dans Poor Things où le sujet est le patriarcat à dompter. C'est un cinéaste qui aime tourner l'inconfort.

Et votre planète est si malaisante parfois...

Son prochain film est lancé le 21 juin prochain

J'ai très hâte.    

Yahou Yorgos, I like U. Tu me plais.  

dimanche 26 mai 2024

Dans Un Parlement Près de Chez Vous

Vous avez entendu parler de Jeremy Harisson ?

Nooooooooon, pas le guitariste des Talking Heads et des Modern Lovers, ça c'est Jerry Harrison. Je vous parles du ministre de l'économie de la Saskatchewan. 

Il s'agit d'un important-lire dangereux intimidateur en règle. Un pur. Le modérateur parlementaire faisait son dernier tour de chambre la semaine dernière, perdant sa réélection à son poste, et il disait avoir reçu plusieurs textos d'intimidation de la part d'Harrison. La leader du NPD, en Saskatchewan, est Carla Beck. Pour chaque intervention que fait cette petite dame, Harrison hurle du début à la fin "CARLA WHO ? CARLA WHO?" comme un demeuré. Le modérateur a fini par l'expulser. Ce qui a initié les menaces par texto de sa part. Il est un des Canadiens les plus odieux au pays. 

Il montre de dangereux signes de comportements innapropriés depuis son entrée en chambre, avec des commentaires remplis de faussetés, des déraillements mentaux comme hurler comme il le fait contre une adversaire politique pendant qu'elle parle, et avec de simples mensonges énoncés comme vérités. Il est aussi propageur de désinformation massive.

On dit qu'autour de lui, son équipe est un bureau de portes tournantes où personne ne semble rester travailler avec lui, Ne restant jamais plus que quelques semaines, la rétention est pénible dans sa garde rapprochée. 

Mais plus dérangeant encore est son obssession des armes à feu, et son sens inné de l'intimidation verbale. Harrison a demandé très sérieusement, la permission de pouvoir porter une arme sur lui, en chambre

Vous avez bien lu. Bien entendu on lui a refusé.

Un élu. Pas un garde de sécurité. Un élu demandant la permission de porter une arme à feu, en chambre. Au Canada !

Il a déjà apporté une arme de chasse au parlement de l'endroit, comme si il avait voulu tester les limites de ce qu'il pouvait faire  (excessivement dérangeant) sans l'apporter en chambre, mais le montrant aux gens sur place comme on montrerait sa nouvelle voiture. Il possède une importante collection d'armes à feu dont le 223 AR qui est ce qu'il y a de plus proche de l'arme d'assaut. Cette arme tire 4 balles, mais peut facilement être convertie en arme pouvant en tirer le double. 

Il est difficile, voire impossible, de ne pas demander "pourquoi?" à sa demande de porter une arme en chambre. Le parlement de la Saskatchewan est l'un des plus beaux au pays. Et la sécurité (armée) est partout depuis la tuerie du parlement de Québec, il y a 40 ans. Un superbe parc se trouve devant ce parlement. Pas besoin d'autres armes ailleurs. Chez les amateurs.

Ce sont des centaines de messages d'harcèlement qu'a texté Harrison au modérateur de la chambre. Toujours dans le ton du "That's an absolut bullshit ruling, completely wrong".

Pendant la session en cours...

Peut-on imaginer, un enseignant disons, gérant un débat scolaire en classe entre deux élèves, avec un de ceux-ci qui lui texterais en direct "Hey, you sucked just there!" ?. Son attitude est ridicule et celle d'une maturité d'école primaire. Au point qu'il tente de diriger les sujets de conversations en disant aux partis opposés, souvent en les coupant, qu'ils devraient parler de la santé, ou encore d'économie. Un chien surexcité dans le magasin de vaisselle. 

On pense toujours à la Saskatchewan comme une province tranquille où le pire qu'il puisse y arriver est que les vaches vous disent "tu". Et pourtant... On dit que la misogynie est excessivement en forme en chambre, dans cette province, et que les remarques misogynes sont excessives. Des stagiaires ont confessé avoir eu comme tâche d'aller porter des insultes griffonnées au crayon sur un bout de papier aux gens de l'opposition du parti de Jeremy Harrison. 

Les politiciens, de par leur poste, sont continuellement agressés en public se faisant constamment rappeler à l'ordre. Peu de métiers vous seront rappelés quotidiennement comme les leurs car l'impact de leurs tâches est souvent direct sur nos vies. Leurs vies publiques sont intoxiquées par leur carrière politique et des fois, simplement par d'autres membres de leur parti ou par leur chef. 

Ce que je dis est qu'il est déjà terrible et difficile de s'imposer une carrière en politique sans en souffrir très personnellement. Ce n'est pas tentant pour personne. 

Et là vous avez cet olibrius qui demande la permission de pouvoir apporter une arme en chambre. Est-ce à dire que les gens intelligents, les premiers de classe, les Chrystia Freeland, ne sont plus bienvenus en politique ?

Une dernière chose sur Harrison: quand on le contredit ou s'oppose à ce qu'il dit, il joue avec son veston comme si il suggérait avoir une arme à l'intérieur, prête à dégainer. Certains ont déjà pensé qu'il avait une arme dans son veston de la manière qu'il s'agitait. Dé-ran-gé. Il fait déjà les gestes, ne testons pas ses impulsions avec des outils.

Quand la loi sur les armes à feu a fait tomber quelques règles importantes autour du contrôle des armes à feu au pays, il a crié, excédé : "OPEN CARRY, OPEN CARRY, NEXT!". 

Circulation libre, libre circulation, passons à autres choses.

Sa simple question "Puis-je porter une arme en chambre ?" est alarmante. Presqu'une promesse d'utilisation de cette arme avec tout ce qu'il laisse comme traces. Why the fuck, dickhead?

Nous sommes sur terre pour y laisser des traces. Que veut-il laisser comme impression, ce déséquilibré?

Oh! et regardez donc ! Qui sont 2 de ses meilleurs amis avec lesquels il a étudié au Collège...

Andrew Scheer & Pierre Poilièvre.

Les 2 derniers chefs Conservateurs au pays.