dimanche 14 avril 2024

Les Années 90 N'étaient Pas Que du Maudit Grunge

Je me soigne. Peut-être que je me sens mourir. Faut pas prendre la vie trop au sérieux, c'est pas comme si on allait s'en sortir vivant. 

Je vous ai parlé de ma réinvention des années 90. Je les ai trouvé dures. Enfin, je ne le sentais alors pas à 100%, trop occupé à vivre, j'avais entre 18 et 27 ans dans les années 90, mais ce sont mes années d'égarements absolus. Professionnellement parlant. Je ne crois pas m'en être complètement remis. Je me dirigeais vers le monde du cinéma et du divertissement, j'y ai travaillé, mais dès 1999, année où notre fils est né, ma famille a changé pour de bon. Je ne regrette absolument rien. Mais je n'ai jamais eu de visées professionnelles autres par la suite. Je suis devenu traducteur. Et travailleur de la ville, sous-payé, Reste que les années 90, culturellement parlant, semble ne pas m'avoir parlé tant que ça.

Ce qui est quand même faux.  Il y a des tonnes de trucs très intéressants qui se sont déroulés à cette époque. Le passage au monde "adulte" y est assurément pour quelque chose dans mon désenchantement. Mais quand je pense aux années 90, artistiquement, il y a comme un creux.  

Je ne trouvais plus la musique si intéressante. Je suis passé à la radio parlée. Je ne trouvais plus les films intéressants. J'ai comme fait une abstraction de plein de choses qui m'ont ravi, ne retenant que l'irritant et c'est pour ça que j'ai entrepris une sorte de réhabilitation de mes années 90. Qui m'ont quand même fait trouver la Femme de ma vie (1992), m'ont mené ma première maison (1998) et rendu père(1999). Des années majeures quand même.

J'ai commencé avec des listes de lecture. Je pensais n'en avoir fait qu'une mais j'ai réalisé que ma liste de lecture des Happy Mondays, écoutée vendredi soir entre amis, liste créée assez récemment, avait été croisée par moi de musique de The La's, Inspiral Carpet, EMF, Ocean Colour Scene, Black Grape et Primal Scream. Ces sons étaient tous nés dans les années 90. Et mes amis de vendredi, qui étaient les mêmes dans les années 90, réaterrissaient mentalement aux mêmes endroits où nous étions alors. On a versé vers Blur et Yo La Tengo. Quel beau vendredi on a alors eu. Ça a ouvert un week-end qui, malgré la pluie, ne pouvait que me rendre heureux. Le lendemain j'ai écouté pour la première fois The Fifth Element (que j'ai pas aimé) et pour la seconde fois Bram Stocker's Dracula (que j'ai mieux aimé que la première fois). 

Une amie nous disait vendredi que la clé du jour heureux se compose en 4 gestes: 

Appeler un(e) viei(le) ami(e), manger vert, danser sur de la musique qui vous plait, s'étirez les muscles avant de vous coucher. 

J'ai appliqué samedi.

J'ai appelé K.C., une fille qui se tenait avec nous dans les années 90, une bonne amie qui, après avoir eu un enfant parmi les première parmi nous, a vu ses priorités changer et on l'a perdu de vue, devenant liée virtuellement presqu'exclusivement. On s'est revu seulement deux fois depuis les années 90, mais je savais qu'elle était à Montréal. Elle était si contente d'avoir de mes nouvelles. Et moi d'entendre sa voix. Elle m'a appris qu'elle travaillait pour le parti d'Eric Duhaime. Et par la bande était aussi une grand fan de Pierre Poilièvre. Les bras me sont tombés. On s'est parlé entre adultes, en amis, mais au final, on a conclu d'être d'accord de ne pas être d'accord. On se doutait pas de ça, dans sa tête. Elle était plus égarée que moi. Première étape, Imparfaite.

J'ai mangé, au diner, des choux que j'avais acheté pour la famille. On essaie de manger vert toute la semaine. Mais je réalise que je finis toujours par manger en razzia, deux-trois fois par semaine, ce qui est menacé d'être perdu. Des enfants de 20 et 24, se dirigeant vers 21, 25, ça se débrouille souvent en mangeant ailleurs ou en découchant et au final, mangeant aussi ailleurs. Souvent sous le coup de l'improvisation.  La gestion de l'alimentation devient chaotique. J'ai mangé des restes pour diner en y ajoutant les choux. Mais j'ai réalisé qu'ils étaient périmés. Trop tard. J'en avais mangé la moitié. Deuxiéme étape, ratée. 

Écouter de la musique n'est pas un effort pour moi. C'est, des 4 propositions, l'activité que je fais le plus naturellement et le le plus régulièrement, tous les jours. Souvent, en travaillant. Vendredi, au travail, j'ai écouté coup sur coup deux albums de Dylan (des années 90, tiens!) et un de Tom Waits. Réalisant que la créatrice des Hunger Games est assurément une fan de Waits (Brillant acteur dans Bram's Stocker Dracula d'ailleurs) car en 1977, c'est dans une de ses chansons qu'est évoquée un personnage du nom de Katniss Everdeen pour la première fois. Samedi, en prévision du spectacle de Billy Idol et de Platinum Blonde où je ne me suis pas encore décidé si je voulais y aller (84$ cybole...) j'ai mis ma liste de lecture d'Idol et dansant comme un singe dégénéré dans la cuisine, me suis étiré un muscle du bras et des côtes. Comme un vieil otarie sur la banquise de la mort. Catch my fall, christ. Troisième étape. Minable.  

Finalement, avant de se coucher, j'ai pensé que la meilleure manière de s'étirer les muscles était de faire de la gymnastique amoureuse au lit, la belle et moi. J'ai fait la courtisanerie panthère qui lui plait en après-midi, ça l'a amusée. Toutefois, elle m'a dit avoir mal à la tête, je n'ai donc pas insisté. Quand Punkee, notre cadette, s'est fait demander par sa mère de ranger une fois pour toute sa chambre et que Punkee lui a servi le même argument, "Non maman, demain, aujourd'hui j'ai mal à la tête" et qu'elle lui a répondu du tac au tac : "Ce n'est pas un bon argument! "...BINGO !

J'étais là. 

Lui ai rappelé ce qu'elle venait de dire. 

On a exprimé notre amour physiquement.

Fait de l'acrobatie dans la douleur de mes côtes.

Partagé une intimité profonde.

Rédemption. 

Merci, Punkee.

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