Je l'ai surconsommé (le fait toujours), étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, fût primé, m'en suis retiré, mais on ne pourra jamais retirer le cinéma de ma personne.
Je vous parles d'un film qui m'a marqué par sa réalisation, ses interprètes, sa cinématographie, son histoire, son sujet, son traitement, son audace, bref je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix que que bien souvent, j'ai dans ma vidéothèque personnelle, en Blue-Ray/DvD.
REQUIEM FOR A DREAM de Darren Aronofsky
Fincher, Nolan, Aronofsky, je dois vous admettre, je mélange souvent les trois réalisateurs. Ils sont tous trois nés dans l'image, ont trempé dans l'univers de la publicité et ont développé un talent pour la cinématographie et le montage indéniable.
Le premier film d'Aronofsky était fameux dans sa manière de présenter une contorsion du prisme de la réalité chez son héros. Son second ici, trempé dans l'univers des consommateurs de drogues, est brillant dans sa manière de nous faire reproduire et sentir ce que ses personnages resentes, vivent, ou veulent resentir dans la crainte nerveuse. L'ouverture est choquante.
Un jeune homme (Jared Leto) voit sa mère (Ellen Burstyn-extraordinaire) enchainer la télévision au radiateur car son fils lui subtilise absolument tout ce qui pourrait avoir une valeur afin de le revendre dans des pawn shops et faire un peu d'argent pour se payer sa drogue. Pour lui ou sa copine (Jennifer Connelly), qui elle, fait l'escorte pour encore plus d'argent. Le meilleur ami (Marlon Waymans dans un fameux contre-emploi) est aux prises lui aussi avec les dépendances associées à leurs consommations, et tout le monde est en mode survie. Ce dernier se pense dans le trouble, mais le personnage de Leto le sera davantage. Et celui de Jennifer a un arc narratif pathétique. Et spectaculaire. Avec insistance sur 3 lettres du milieu du mot spectaculaire.
La télévision de Sara (Burstyn), mère d'Harry (Leto) est sa dépendance à elle. Elle s'investit tant dans ce qu'elle écoute qu'elle y plonge. Le moteur de l'obsession est installé en elle et ce gêne est lié directement aux obssessions de son fils. Sara pense perder du poids, mais ce qu'elle perdra, c'est la tête. Forcée de prendre des pillules, elle hallucine fréquemment et la part de réalité et de fiction devient confuse. Harry et sa blonde sont en dérive, ont besoin de ce gros coup qui "les ramènera dans le coup". Leur ami Tyrone (Waymans) les voit et les sent dériver. Ça ne l'empêche pas d'être aussi sur la nappe quand on tombe de celle-ci en tirant dessus.Aronofsky fait un peu comme Hitchcock dans The Birds en nous présentant certaines choses, comme leurs états d'esprit, mais nous prive d'explications nous forçant à plonger dans une subjectivité commune avec les personnages. Des gros plans d'oeil qui se dilate, de pillule avalées ou qui s'époussièrent, les aiguilles qui scintillent, les sons exagérés qui amplifient les excès fonctionnent à merveille et nous donnent un rythme de consommation quasi insoutenable. La réalité devient si froide et laide, on se surprend à penser qu'effectivement, aussi bien s'évader dans de nouvelles sensations. Mais à aucun moment, ne sommes nous tenté de les imiter dans leur consommation.De bons "décourageants" de consommation de drogues sont le visionnement successif de Christiane F., 13 ans, Droguée, Prosituée, Trainspotting et ce film.Il est impossible ce souhaiter ces cheminements personnels. Travelogue de l'enfer sur terre, ce film a été interdit aux 17 ans et moins. Ridicule. Si on a envie de suivre leurs traces après avoir vu ce film, c'est la théorie de Darwin qui se déploit.
Contrairement à un Romeo + Juliet de Baz Luhrman qui y glorifiait le suicide, Requiem For A Dream peut être si laid comme portrait de groupe qu'on ne voudrait jamais tenter de le copier. Ces gens sont extrêmement seuls, ensemble. Ils sont tous les 4 prisonniers. Tous de leurs dépendances. Dans une scène d'écrans partagées tournée avec virtuosité vers la fin, on peut les voir tous les 4 en direction de leur destin final. Seuls, ensemble.Intenses montage nous donnant le rhytme et la sensation de l'urgence. La pitié nous sera inspirée. Ces gens sont des ruines humaines. Leto et Waymans sont formidables de désintégration, mais les deux plus impresionnantes sont Burstyn et Connelly. Courageuses et généreuses dans la livraison de leurs performances.
Faye Dunaway, Giovani Robisi, Neve Campbell et Dave Chapelle ont tous refusé les rôles originaux.Le film est tiré du livre d'Hubert Selby Jr du même nom lancé en 1978. Partiellement inspiré de sa propre vie. Dans 25 jours, ça fera 20 ans que les déjà faibles poumons de Selby l'ont lâchés et qu'il a trépassé. À 75 ans.
Dur par moments. Vetigineux. Hallucinant.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire