J'ai 12 ans. Je suis chez un coéquipier de mon club de hockey Pee-Wee AA, Eric Touchette. C'est une petite rue près de l'école secondaire Perreault qu'il fréquente, et ils n'ont pas de terrain. Je m'imagine très bien vivre dans un appartement lorsque je serai grand. Je suis grand maintenant. Me l'imagine encore.
E.T. est dans la cuisine, je revois très bien la scène car il s'agit d'un certaitn traumatisme. Une petite télévision noir et blanc est ouverte sur la table de la cuisine, y joue le clip de Sad Songs d'Elton John. Son père est assis à la table de la cuisine, il boit un café, sa mère s'en fait un aussi et en fait un à Eric, qui a mon âge, 12 ans. Ils m'en proposent un aussi. Je n'ai jamais pris de café. Pas anormal à cet âge. J'en bois une gorgée, et sur-le-champs, mais vraiment dès la première gorgée, je vomis dans cette cuisine tout ce que j'ai dans le ventre. Plusieurs fois. J'ai le vertige mais j'ai surtout très honte. La famille Touchette est très mal à l'aise. Qu'avait ce café ? C'était ce café ou c'était moi ?
Ce serait moi. Bien entendu, je n'ai jamais été tenté par la café ensuite. Dans le futur, sans être diagnostiqué de quoi que ce soit, chaque fois que je goûterai quelque chose qui se rapproche du café, je le vomirai sur-le-champs dès la première gorgée comme c'est arrivé en 1984. Dans mes années adolescentes, j'ai pris sans le savoir un café irlandais pendant la St-Patrick et ai survécu. Mais il y avait nettement plus d'alcool que de café dedans. Et j'étais si intoxiqué d'alcool moi-même, que je ne sais pas ce que ça a fait dans mon corps. Étrangement, je supportes la Coffee Crisp sans problème.Mais dans la vingtaine (jeune trentaine?) ma conjointe m'avait acheté un gâteau d'anniversaire au chocolat dont le petit morceau sur le dessus, où y étais inscrit "Bonne fête Hunty!", avait été conçu avec du je-ne-sais-quoi au café dans lequel j'avais mordu. Heureusement, j'étais tout près de l'évier. J'ai sur-le-champs vomi dans cet évier (qui était le mien, au moins). Une montée dans la gorge instantannée. Une remontée des eaux.
Même chose en croisière avec l'amoureuse. Nous sortons sur un lieu, nous suivons un groupe de gens, j'ai dans les mains mon thé glacé et dans l'autre le café glacé de madame. Je finis sans trop y penser mon thé glacé et le jettes. Pensées sur le radar, j'oublie que j'ai dans les mains le café glacé de madame aussi. Et en prends une gorgée à la paille. Je passais à côté d'une autre poubelle qui a reçu l'entièreté du contenu de mon ventre. Heureusement. Les gens sont restés estomaqués. Moi, vidé de mon estomac.
Je ne sais pas ce que mon corps rejette du café mais je sais qu'il le rejette assez spontanément. J'évites tout dessert trop bruns inexpliqués dans les lieux publics. Je suis de toute évidence, intolérant au café.Je me suis découvert une nouvelle intolérance. Les coffeegasms. Les gens qui orgasment sur le café. Je comprends qu'on peut en être passionné. Il y a en a tant de variétés de nos jours. Mais ça reste un univers qui m'est 100% étranger, vous comprennez pourquoi.
Un peu comme quelqu'un qui vous parlerait de voitures tous les jours, si ça ne vous intéresse pas, vous ne finirez que par trouver fatigant. Sur les réseaux sociaux, j'ai banni les mots café et coffee (et du coup, meuf, welp et woke). Mais ça ne semble pas fonctionner vraiment. J'en vois tout plein.
C'est devenu un peu comme quand j'écoutes du jazz, qui me relaxe tant et que ma conjointe dit soudainement avec irritation: "Ah! change de musique c'est tellement agressant!".Vénus, mars. Irrejoingables dans des moments comme ça. Je suis toutefois conscient que je suis quelque chose comme 2% du 98% autour du café. Ce qui rend le tout d'autant plus souffrant. Placez vous au milieu de 3 personnes qui jouissent de la même chose sans pouvoir comprendre la passion...ça inspire le soupir.
Quand je vois des gens qui orgasme sur les cafés, qui fondent comme le sucre dans le café, je suis froid comme le givre. Je ne connais pas ce type de sensation en s'ingérant du liquide en bouche. J'orgasme ailleurs.Intimement.
Ce que je souhaiterais tant pour le plaisir de la consommation du café. Un plaisir discret.
Mais bon, y a quand même pire.
Y a la religion.
Gardes-moi ça privé, calisse.
Chui ben marabout moi, bout de cigare.
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