mardi 30 avril 2024

"Déclin"

Est-ce que l'arrivée de la carte de crédit a été le déclin des finances ?

Les plus cyniques diront qu'en quelque sorte oui. C'était un élan de capitalisme qui rend aujourd'hui normal de vouloir faire dépenser quiconque n'importe quand, pour n'importe quoi. 

La carte de crédit a été une transformation naturelle du développement des économies mondiales.

Est-ce que l'absence d'une dizaine de Québécois au sein des joueurs réguliers des Canadiens de Montréal, dans la LNH, explique un "déclin" des performances de la concession ? Pas du tout. Mais alors pas du tout du tout. J'ose croire que les recruteurs gèrent par le talent et non par la langue parlée. Sinon ils sont superbement incompétents. J'ai même la forte impression qu'un entraineur Québécois ne parlant pas un bon anglais sera pris assez peu au sérieux. Ne se fera pas respecter. 

Denis avec un Y Arcand a tourné Le Déclin de L'Empire Américain en 1985-86. Quand Arcand tourne un film, c'est pratiquement toujours une version narcissique de "Après moi, le déluge". Il adaptait la chute de l'empire romain et proposait une certaine fin d'un monde de style américain. La fin de son monde baby boomer par les femmes indépendantes et une jeunesse qu'il ne comprenait pas. Ce qu'il appelait "le déclin" était et reste risible. Les Invasions Barbares étaient pires. Le plus petit violon générationnel jamais joué. Le vrai déclin civilisationnel se dessine de nos jours. Avec la montée de l'ignorance, sa glorification, le désinformation massive et l'accélération des moyens de diffusions de cette désinformation.

Est-ce que le télétravail représente le déclin du travail ? PAS DU TOUT. Je dirais même que dans 40% des cas, ce serait la plus grande amélioration qui soit. Pour employeurs comme pour employé(e)s. Que ce soit au niveau des coûts de loyers, aux heures de travail étendues volontairement ou non, ou encore dans le nouvel amour pour leur emploi que ce sont découverts plusieurs qui n'affrontent plus le trafic, ne passent pas une fortune de temps à faire leur lunch, s'habiller, se maquiller, se faire chier quoi. Et ne dépensent plus en lunchs et en essence. Polluant moins nos rues. Je n'y vois que du bien. 

Dans tous ces cas on ne parle pas de déclin, on parle de transformations.

Le vie, le temps qui passe nous transforme. Les mots se transforment. Le mot marteau était à l'origine, martel. Qui a été transformé avec l'usage. Mais dont on a gardé le verbe. Y a des tonnes d'exemples comme ça. C'est beau. 

Alors quand je vois le gouvernement de la CAQ investir 603 millions afin de contrer "le déclin" de la langue française, je grince un peu des dents. Notre langue, comme bien des choses, se transforme. Elle ne plonge pas du nez. J'habites Montréal. C'est elle qui est visée. Pas st-Rodrigue ou Girardville. J'entends effectivement des dizaines et des dizaines de langues différentes autour de moi. Encore ce week-end dans le quartier chinois, c'était extrêmement plurilingue. Et c'était merveilleux. Je suis au coeur du "problème" étant moi même parfait bilingue, Irlando-Atikamekw, élevé dans les deux langues, qui, avec ses deux soeurs, n'ont jamais dit vraiment papa ou maman en parlant ou s'adressant à eux, mais toujours Dad & Mom. Jusqu'à nos jours. 

Tout ceux et celles qui ont poussé un soupir ou qui trouve ça désolant, prenez votre lèvre inférieure, passez-là au dessus de votre tête et avalez très fort. 

Nous vivons, les 4 survivants de la famille dans un équilibre sain et dans un monde francophone qui ne nous menottes aucunement quand l'anglais survient. Toujours pas loin, à portée de main. J'y fais face plus souvent chez moi (À Montréal) que ne l'ont à le faire mes 2 soeurs ou ma mère (dans le 418, à Ste-Foy). 

Et-ce-n'est-pas-grave. Notre langue ne meurent pas, elle se transforme. Chaque année, de nouveaux mots sont intégrés aux dictionnaires. Ça aussi c'est beau. Et pour être "au coeur du problème", je peux vous confirmer que si vous habitez le Plateau Mont-Royal, il n'est pas anormal de se sentir parfois égaré car les Français (de France ou d'Europe), y sont parfaitement dominants. Contrairement à la pensée populaire, Montréal est excessivement francophone, jusqu'à la rue St-Laurent. où à l'Ouest de celle-ci, oui, ça se transforme. 

Et je le répète, c'est merveilleux. 

Et ne met rien en péril. Ça transforme comme la vie transforme un enfant, devenu ado, devenu homme ou femme, qui traverse toutes sortes d'expérience.

C'est un florilège langagier riche. 

Riche comme un gouvernement qui a 603 millions sur 5 ans pour sauver une langue formidable mais qui ne demande pas tant à être la demoiselle en détresse, mais qui n'a pas cet argent pour des infirmières ou des enseignantes. Professions majoritairement féminines. Professions que la CAQ confirme chaque fois ne pas être si importantes. 

CAQ qui ne cesse de dire à peu près tous les jours, sous toutes sortes de formes et sans toujours s'en rendre compte:

"C'est la faute des immigrants

Mon mépris pour ce parti est exponentiel. 

Et au Fédéral comme au provincial, l'absence d'alternative interressante est franchement désolante.

Je le vois là moi, le déclin. 

lundi 29 avril 2024

Vivre Dans Le Pays Que Les Pères Fondateurs Ont Combattu à Ne Jamais Devenir

Karl Nhada habite au Nord.

Etta Zuni habite au Sud.

Ils habitent le frontière. Sont voisins. 

"Hey Karl!" a dit madame de son côté du terrain. 

"Hey Etta! ça va ?"

"Baaaah..."

"Ah non, t'as pas l'air certaine. Qu'est-ce qui ne va pas ?"

"Les enfants n'arrêtent pas de se frapper entre eux avec des bâtons"

"Aaah! ça arrive chez nous aussi...assez rarement mais ça arrive aussi, l'immaturité des fois..."

"Ouais chez nous ça arrive tous les jours, souvent deux trois fois par jour

"Oh..."

"Ce ne sont pas tous les enfants, simplement quelques uns."

"Oh! On a pensé leur enlever les bâtons ?"

"Ben sur que non, ça ne serait pas juste pour les enfants qui adorent les bâtons et qui ne frappent personne"

"Vrai...mais...

"Ce qu'on a essayé c'est de donner des bâtons à tout les enfants..."

"Vous avez donné...plus de bâtons à tout le monde ?"

"On s'est dit que si tout le monde en avait un, ça calmerait tout le monde."

"Est-ce que ça a marché ?"

"Pas vraiment non."

"Je le devinais un peu"

"Ensuite on a essayé de donner des bâtons seulement aux bons enfants, plus de bâtons, à eux. On a pensé que ça ferait réfléchir ceux qui n'en avait qu'un seul, qu'ils y penseraient deux fois avant de les utiliser..."

"¨Ça a fonctionné?..."

"Quelque fois...mais une chose devenait certaine, entrant dans une pièce bourrée d'enfants avec des bâtons, il était très difficile de déterminer qui étaient les bons des mauvais enfants..."

"Que pensez vous maintenant faire ?"

"prier"

"... je ne..enfin...n'avez vous jamais pensé bannir entièrement les bâton de chez vous ?"

"On a essayé. On a banni les bâtons dans un coin du salon."

"Et ça a fonctionné ?"

"Non. Des bâtons illégaux étaient utilisés dans le salon. Enfin ils ne sont pas illégaux près du divan, mais près de la fenêtre... on est maintenant obligé de remplacer la télé du salon. "

"Pourquoi ne pas bannir entièrement les bâtons de votre maison ?"

"Quoi ? Mais on ne pourrait pas faire ça ! "

"Pourquoi pas ?"

"Les bâtons sont cools!"

K.Nahda n'avait plus d'argument contre Etta Zuni. 

La métaphore est simple à comprendre. La logique devrait commander. Mais l'engrenage est solidement ancrée depuis si longtemps. Ça sévira plusieurs fois par jour, tous les jours toute l'éternité. L'éternité courte pour plusieurs voisins d'en bas. Qui pourtant, interprètent un texte de plus de 235 ans (une éternité, quoi!) à leur manière, pas question de changer une virgule, 1787  ou 2024, mêmes réalités, pour assouvir son envie d'intimider, de paraitre cool, de trouver un argument massue à une confrontation, comme Kyle Rittenhouse, triple assassin en liberté, chasseur de militants progressistes.

Aux États-Unis l'idée de présenter comme candidat présidentiel un homme en cour jusqu'en 2025, faisant face à de multiples affaires criminelles, et qui demande au ciel l'immunité si on est président, n'est pas encore assez choquante pour qu'il soit disqualifié du poste de représentant suprême de son pays. Et ne le sera visiblement pas. 

L'absurdité de nos jours est devenu les combats d'hier des pères fondateurs. L'ennemi, aux États-Unis est de l'intérieur. Rien ne fait plus peur qu'un contemporain Étatsunien. Près à régler une chicane de ruelle d'un coup de fusil dans la gueule.

La menace ne sert d'armes qu'aux menacés.

Et le/la menacé(e) armé(e) rend souvent justice à un Russe, aux États-Unis.

Anton Tchekhov. 

Qui disait, il est inutile de montrer un fusil au premier acte si on est pour ne pas l'utiliser. 

Ce conseil est très suivi dans la population.

Il n'y a pas de liberté dans ce pays si on oblige un(e) enseignant(e) à porter une arme au travail sans lui laisser le choix de faire lire les livres à ses élèves jugés par la majorité éclairée comme des incontournables.

dimanche 28 avril 2024

Jean-Pierre Ferland (1934-2024)

Jean-Pierre est d'abord commis à la comptabilité à Radio-Canada où ses amis lui conseille de poursuivre ses velleités de chansonnier. 4 ans plus tard, à 24 ans, il fait parti des bozos, regroupement d'auteurs-compositeurs-interprètes chantant a bar Chez Bozo, à Montréal. Parmi eux, Jacques Blanchet, Hervé Brousseau, Clémence Desrochers, André Gagnon, Claude Léveillé et Raymond Lévesque. 

Un an plus tard, il chante pour la première fois à la télévision où il travaillait dans l'émission Music-Hall

Inspiré de la grande chanson française, Reggiani, Gainsbourg, Ferré, Brassens, mais aussi très inspiré de Felix Leclerc qui lui donne le premier envie de faire tout ça, il fait une série de spectacle dans le quartier d'Anjou, dans l'Est de Montréal, avec Clémence Desrochers pour soutenir son premier album studio. Sur cet album, la première chanson que j'ai apprise à la guitare, adolescent, dans les années 80. Ce sera suivi 2 ans plus tard d'un autre 33 tours. En 1962, sur une musique de Pierre Brabant, il chante Feuilles de Gui, qui lui fera gagner un prix local, mais aussi le grand prix de la chanson internationale de Bruxelles. Cette année-là ce sont deux autres disques qu'il lance. La même année il se donnera en spectacle en France et co-animera une émission de variétés estivale pour Radio-Canada. En 1963, il représente le Canada au Festival de la chanson de Pologne où il arrive 3ème, et reçoit le prix du meilleur interprète sur scène, à Cracovie. 

Au retour, il lance un 5ème album. Il sera animateur télé pour Jeunesse Oblige, programme qui fait découvrir les nouveaux talents des chansonniers Québécois, mais aussi plateforme pour mousser ses propres créations. Comme sa musique est promue plus ou moins facilement au Québec où le monde musical en est à ses premiers pas dans des systèmes organisés, deux sortes de compilations sont lancées pour rassembler le meilleur de Jean-Pierre depuis 6-7 ans. En 1966, un album éponyme suggèrera une première renaissance. Il participe à des spectacles à la Place-Des-Arts avec la troupe de danse des Feux-Follets, puis fait le tour du Québec, de l'Ontario, des Maritimes. Il part aussi jouer un mois à Paris où il y est merveilleusement accueilli, mais a quand même le mal du pays.

Il revient avec un album dont un morceau traduit très bien son état d'esprit. Un gros succès. Son nouvel album portera encore simplement son nom. L'année suivante, la chanson titre de son nouveau disque sera un autre hit. Mais le psychédelisme gagne du terrain. Ferland se sent de plus en plus en voie de s'écarter des tendances musicales de l'époque. Gainsbourg est devenu pop, Ferré parle des Moody Blues, même Aznavour devient plus R & B plus jazz, big band. Ferland ne veut pas paraître ringard comme Charles Trenet.  Il doit se réinventer. Il réussira majestueusement avec son album Jaune qui comprendra un guitariste de Paul MCCartney et Paul Simon, et un bassiste futur collaborateur de King Crimson, Peter Gabriel, Pink Floyd, Asia, Yes, Stevie Nicks, Sarah McClachlan, David Bowie et le batteur de Frank Sinatra et Ben E.King. Jaune sera mythique au Québec et fait naître un petit roi bien de chez nous.

Soleil sera tricoté tout de suite après et Jean-Pierre est au goût du jour. Il fait un virage plus rock pour ses deux albums suivants et est si populaire qu'on lui propose d'animer le spectacle de la St-Jean-Bapiste de 1975, jour de son anniversaire de naissance, moment où il choisit de s'entourer de 10 femmes artistes sur le Mont-Royal, dont France Castel, Renée Claude et Ginette Reno à qui il fera cadeau d'un bijou musical. De 1975 à 1980 il triomphe en résidence à la Place-Des-Arts. En 1978 il salue aussi la France et y présentant son talent sur scène. Il sera aussi comédien dans un film pour Jacques Vallée. En 1976, c'est aussi l'année où il enregistre sur scène 1x5 avec les 5 grands, Robert Charlebois, Yvon Deschamps, Gilles Vigneault, Claude Léveillé et lui. Encore dans le cadre des activités autour de la fête nationale. 

Il redevient plus folk au début des années 80. Il est tout de suite après plus mélancolique et introspectif, principalement jouée au piano.           

Il refera de la télé, animant toujours des émissions de variétés autour de la musique, de 1981 à 1987. Il fera beaucoup de télé et de radio. Il participe aux Yeux de la Faim pour la Fondation Québec-Afrique. Lance un album plus synthés tentant d'épouser les sons des années 80. Il participe à une tournée soulignant les meilleures chansons Québécoises des 50 dernières années avec Louise Portal, Nanette Workman, Marie-Claire Séguin, Nicole Martin. Il signe un drame musical inspiré de la muse de Salvador Dali et Paul Éluard, Gala, mais ça devient un échec financier. 

En 1992, il fait un retour intéressant avec Bleu, Blanc, Blues. Mais trois ans plus tard, il fait mieux avec un nouveau chef d'oeuvre sofistopop qui ne trouve que Jaune pour le rivaliser. Écoute Pas Ça sera un si grand succès que plusieurs des chansons de l'album deviennent des incontournables de son oeuvre. Il lancera trois autres albums entre 1999 et 2020. 

Ne voulant pas vieillir trop publiquement, il se fait rare entre 2006, année où un blocage sanguin le force à repousser un spectacle qu'il s'apprêtait à livrer sur scène. 

Il fera de la radio à nouveau, mais choisit ses sorties, comme avec Céline Dion ou Ginette Reno, ou pour des soirées bénéfices.

C'est un immortel qui nous as quitté hier à 89 ans. 

Une chance qu'on t'a eu. Salut! mon grand. 

samedi 27 avril 2024

Oeillères Toxiques

J'ai eu l'impression toute la semaine que le vent soufflait du parfum de purin.

Tout d'abord j'ai croisé plus d'une fois Stéphan Pas de E-Tucker Bureau-Carlson et Mathieu Bock-Côté plus d'une fois sur ma télé, engagés tous deux pour "éclairer" des situations du quotidien, Le premier nous parlant des États-Unis, où il accorde une importance malsaine à tous les définformateurs, et où il partage beaucoup beaucoup beaucoup de sottises, insultant la plupart des intelligences Québécoises. Le second, intellectuel auto-promu à ce rang, roule sa bosse sur toutes les tribunes en se tordant le cou pour mieux s'entendre rire. De la France (qui devrait le garder pour eux) ou d'ici. Jamais je n'ai trouvé Mathieu Bock-Côté pertinent sur quoi que ce soi et pourtant, c'est une mouche perpétuelle autour de nos plats. Il est indigeste.

Ces deux "spécialistes du rien" sont facilitateurs du toxique, du néfaste, de propagation de la haine. Il me semble un manque de jugement immense de les garder comme commentateurs alors qu'ils font plus de dommages que de bien. Ils commencent même à contaminer les autres prétendus spécialistesLa Joute dégoûte. Ils deviennent presqu'aussi agressants qu'une annonce d'Ozempic ou de Rybelsus. 

Parlant d'agressions, on avait fait mention honorable en condamnant les Bill Cosby, Harvey Weinstein, abuseurs sexuels, faisant un grand pas dans le monde du futur progressiste. Mais pas au Québec en innocentant le séquestrateur Québécois Eric Salvail, toutefois*. Dans les trois cas, le doute était inexistant. Cosby a drogué plus de 80 femmes, pour les abuser sexuellement sur un demi-siècle. Il a été condamné, emprisonné. De 3 à10 ans, selon son comportement en dedans. Il a été libéré trois ans après. Son avocat a commis le crime verbal de dire que "C'était un grand jour pour la justice, un grand jour pous tous les Étatsuniens". 

Traduction de "C'est un grand jour pour les violeurs, 3 ans, ce n'est pas le Pérou".

Malgré la tonne d'évidence, Cosby a toujours platement maintenu son innocence. Même si il s'agissait du même modus operandi contre plus de 80 femmes, qui ne se connaissaient pas. 

Mercredi dernier, mercredi sombre pour la justice, Harvey Weinstein producteur agresseur confirmé de multiples fois, qui avait écopé de 23 ans de prison pour son rôle de prédateur sexuel perpétuel, a vu sa sentence annulée puisqu'il y aurait eu "vices de prodécures" dans son procès. 

C'est d'une ingominie rare. On ne reprend même pas une élection si il y a vice de procédure. Il ne fait aucun doute que le type est un abuseur de toutes sortes. Des images existent de cet ogre attouchant devant son clavier une assistante de production, les témoignages sont multiples contre cet homme, mâle comme femelle, et quand il a été accusé, la très grande majorité ne tombaient pas des nues. Certains s'étaient même brouillés avec lui pour ses pulsions malsaines. Quentin Tarantino l'a confronté quand Weinstein a tenté d'agresser son copine d'alors, Mira Sorvino. Lui ordonnant de ne plus jamais s'approcher d'elle. En effet, Weinstein s'est assuré qu'elle ne travaille presque plus à Hollywood ou New York ou ailleurs. Weinstein aura un autre procès au complet, à grand coups de gros sous, et j'espère qu'on lui donnera un autre 10 ans au terme du prochain. Pour pertes de temps et d'argent inutiles. Il prouve par 1000 qu'il continue d'abuser.  

Le même jour, un vent de rumeur disait qu'Eric Salvail préparerait un retour sur nos écrans télés. C'était du boudin. Il a appraru dans un vidéo d'une fête locale à Sherbrooke. Salvail est dans l'immobilier avec son partenaire de vie. Il ne reviendra pas. Ne serait pas accepté dans l'affection collective comme on pleure les Cowboys Fringants. Mais deux nouvelles du genre disant presque simultanément "agresser, c'est pas si grave, get over it !", ça agresse justement. 

Finalement l'aspirant Premier Minus Canadien Pierre Poilièvre est allé visiter les convois de l'imbécilité qui ont campement sur les routes qu'ils parasitent, manifestant contre on ne sait pas trop quoi. Une journée c'est contre la taxe carbone, une autre, contre les dépenses du gouvernement Trudeau. En général, chantant en choeur Fuck Trudeau. Soufflant sur les braises de la haine, Poilièvre est allé entrer dans leur wagon, dont un de ceux-ci avait le logo du regroupement haineux Diagolon qui ne vaut pas une virgule. On ne sait pas si il savait ou non que le propriétaire de ce wagon de camping était fan de Diagolon, mais on l'a entendu dire "que nous sommes très satisfaits de tout ce que vous faites".

Nous étant les gens en manque de jugement. Poilièvre choisissait son camp.

Qui se targue "du gros bon sens". 

Le gros bon sens serait de ne pas donner le crachoir aux tordus. Ceux qui désinforment, ceux qui abusent, ceux qui surfent sur la haine d'autrui.

Poilièvre n'a pas de programme. Encore cette semaine, une de ses candidates répondaient 4 fois à la même journaliste que "Quand nous aurons un programme..." confirmant que c'est le néant des idées dans ce parti et qu'on ne cherche que de la réaction impulsive. Le Donald Trump playbook. Ce qui fait du bruit. Le train de la colère. Peu importe sa source.

Poilièvre a distribué les drapeaux Fuck Trudeau dans les campements cette semaine. 

Parmi des haineux qui ne l'appuient même pas complètement. Seulement dans la mesure où ils peuvent faire ce qu'ils veulent avec celui qu'il qualifie de weasel (belette/rat). Diagolon a pleinement menacé d'agresser la femme de Poilièvre (et de violer bien des journalistes et leur entourage). PP se trompe sur les bitcoins, sur l'Ukraine, sur le rôle des Femmes en société, sur les convois, sur le climat, sur les attaques terroristes à l'étranger, sur le contrôle des armes à feu, sur la communauté LGBTQ+.


Sur le Canada d'Amérique. Qui le ferait Premier Minus demain selon les sondages. 

C'est un beau vent malsain Nord Américain qui souffle.

 Non sans rappeller la météo imposée par le clown orange d'en bas et son passage à la présidence. 

Les portes de la haine se sont alors grandes ouvertes. 

La vie est contrat de mariage entre amour, justice, respect et responsabilisation.

Vous avez lu ça dans ce que je viens de vous exposer ? 





*Ni avec Gilbert Rozon.

vendredi 26 avril 2024

À La Recherche Du Temps Perdu********************Catch-22 de Joseph Heller

(Aux innocents de l'Ukraine, Russie, Palestine, Israël)

Chaque mois, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers jours) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une de mes 3 immenses passions : La littérature.

Lire pour moi, c'est à peine travailler. C'est le prolongement de l'air que je respire au quotidien. Je lis tout le temps. Je suis traducteur. C'est donc dans la nature de ce que je fois faire, tout le temps. Je traines des livres partout, souvent à des endroits où je ne serai pas en mesure de lire. Mais y arrive parfois dans des drôles de moments. 

Lire, c'est plonger dans de nouveaux mondes, explorer de nouveaux univers, parcourir des corridors mentaux, développer les siens, s'ouvrir les sens, comprendre des choses, confronter ses peurs, accepter de nouvelles perspectives, s'évader du réel, baigner dans le réel, apprendre à respirer sur le rythme d'un(e) autre.

Et respirer, c'est vivre.

CATCH-22 de JOSEPH HELLER.

Dans Le Procès de Kafka, vers la fin de sa torture bureaucratique, Joseph K. est approché par un prêtre qui lui lance une étrange parabole: un homme est venu à la porte de la loi mais un gardien en bloquait l'accès. L'homme a demandé si il pouvait passer. Le gardien a dit "oui, mais pas tout de suite". L'homme s'est assis près de la porte et a attendu. Il tenta de soudoyer le gardien. Il a attendu longtemps. Très longtemps. Le gardien ne fléchissait pas. Malgré tous les cadeaux que l'homme lui offrait, il n'y avait rien à faire. Le temps a passé. L'homme attendait toujours. Devenu vieux et mourrant, l'homme lui a demandé pourquoi le gardien se comportait ainsi. Le gardien lui a répondu que la porte n'avait jamais été pour lui, mais puisque l'homme n'avait jamais pensé entrer quand même, la porte lui était condamnée pour toujours.

Joseph K. ne se trouve pas dans Catch-22 de Joseph Heller. Mais on y trouvera John Yossarian, un alter ego de Joseph Heller. (Joseph H.).

Yossarian est un officier de la US Air Force basé sur une petite île de la côte italienne en 1944. Il attend lui aussi. Il attend d'être relevé de son poste et renvoyé chez lui. Son commandant lui dit lui aussi continuellement "Pas tout de suite". Yossarian poursuit les missions de combat et son commandant lui en impose davantage. Le temps passe. Ses soldats meurent. Yossarian devient faible, irrévérencieux, sans espoir. Les règles sont absurdes, paradoxales, arbitraires, impénétrables, mortelles. Mais au moins ce décret a un nom: Catch-22. 

Joseph Heller n'a écrit que 7 romans. Mais il a aussi écrit 5 nouvelles, 3 pièces de théâtre dont une adaptation de Catch-22, un épisode télé de McHale's Navy, 2 autobiographies et trois scénarios dont une co-écriture de la satire de James Bond, Casino Royale en 1967. Film pour lequel, il a refusé de voir son nom au générique. Catch-22 a été élevé au panthéon des meilleurs romans d'Amérique de tous les temps. Un livre sur la guerre, antiguerre. Lancé en octobre 1961, le livre a bénéficié du timing de moment alors que la folie de la peur communiste/nucléaire était à son sommet. Le livre a vite atteint le statut d'oeuvre culte tout en devenant une des oeuvres favorites de la contre culture Étatsunienne. L'impact de ce livre a été si important sur la société d'Amérique que l'expression Catch-22, pour dire qu'on est condamné et qu'on ne pourra pas s'en sortir, est passé à l'usage dans la langue anglaise d'ici. 

Heller écrit de manière unique et non conventionnelle. La narration n'étant aucunement chronologique. Sa prose est tendue, passant avec frénésie d'une situation à l'autre, d'un personnage à l'autre dans l'agitation. C'est un livre d'action. Les dialogues se multiplient et on a l'impression d'être nous-mêmes plongés en situation de guerre. Des phrases sont répétées comme des mantras à des oreilles sourdes. Comme dans toute guerre. La technique créé une forme d'absurdité déconcertante, un rythme rapprochant de la folie. Il y a des traces de Céline, Beckett et Ionesco. 

Les évènements décrits sont circulaires, récurrents, répétitifs, à la limite de l'exaspérant. L'action se déroule dans la campagne italienne de la Seconde Guerre Mondiale. Le danger de chaque mission est senti. Les hommes se comportent de manière irresponsables, le portrait du corps militaire est dysfonctionnel. Les victimes et les blessés s'empilent. On tente de faire du mieux avec ce qu'il y a de pire. La satire est grotesque, c'est anti-héroïque, anti-romantique, c'est nettement encore d'actualité. Vers la fin, l'horreur nous prends à la gorge.

Le livre n'est pas qu'un livre sur la guerre, c'est un livre sur les parcours mentaux les atmosphères qu'on y trouve. L'ennemi n'est pas externe. L'inadéquat et le toxique, désormais importé en politique en temps de paix, déroute. Ce livre est post-moderne Apocalytpique. L'expérience d'Heller sur le terrain est palpable.

C'est aussi plein d'humour. Noir. 

La conclusion rappelle celle de 
Crimes & Châtiment de Dostoievski.

On a tenté d'adapter en film. George Clooney a aussi fait en série télé pour Hulu. Ça n'a pas rendu justice. Mais Heller l'écrit, justice is a knee in the gut from the floor on the chin at night sneaky with a knife brought up down on the magazine of a battleship sandbagged underhanded in the dark without a word of warning

Heller est décédé il y a 25 ans. 

Son livre est toujours pertinent. 

jeudi 25 avril 2024

Jenny Agutter

J'ai beau avoir étudié en Cinéma, l'avoir consommé à outrance, il y a des artisans du métier dont j'ai manqué l'entièreté de la carrière et qui m'apparaissent comme ça de temps à autres comme Yo La Tengo dans les années 2000. Je l'ai dit souvent, les années 90 culturelles (populaires) ont été une grande déception pour moi. Bien que Yo La Tengo n'ait jamais été populaire, c'était justement le style que j'arrivais à trouver quand même en évitant l'irritant grunge. J'ai découvert le band par une compilation dans les années 2000 après une dizaine d'albums. Même chose pour Blur. J'ai découvert ce band, une fois séparé. Par Gorillaz.

Même chose pour Jenny Agutter

Je n'en avais jamais entendu parler avant de voir quelques photos d'elle sur le net que les gens plaçaient sur Threads, et d'avoir le coup de foudre chaque fois. Ces deux premières photos ici. 

Jennifer Ann Agutter est née à Taunton, Somerset, en Angleterre en décembre 1952. D'un père responsable du divertissement dans l'armée et d'une mère d'origine irlandaise. Parce que papa est dans l'armée, la famille vit à Singapore, Chypre, Kuala Lumpur. Elle fréquente plusieurs écoles dont l'école de ballet d'Elmhurst, à Birmingham. Ce qu'elle fera de 8 à 16 ans. 

Par les contacts de son père, elle est remarquée en audition et décroche, enfant, un rôle dans la série britannique The Newcomers. C'est aussi l'année du premier film dans lequel elle tournera. Elle ne peut filmer que lorsqu'en congé scolaire, elle a 12 ans. Pour Disney, elle sera une ballerine. C'est dans la comédie musicale de Robert Wise Star! incarnant la fille négligée de Gertrude Lawrence qu'on la remarque davantage. Le film met en vedette Julie Andrews qui elle, est très grand public. La BBC adapte The Railway Children d'Edith Nesbit pour la télévision et Jenny est choisie pour y jouer. C'est un tel succès, on en fera aussi un film dans lequel elle reprendra son rôle aussi. Dans un rôle plus sérieux, à 17 ans, elle joue dans I Start Counting. Mais un an avant, elle avait joué pour Nicholas Roeg dans un film qui la faisait se perdre (son personnage) en Australie. Elle alterne entre télé et film et gagne même un Emmy pour le meilleur rôle secondaire féminin dans un drame, à 19 ans. Elle fera ses débuts au théâtre sur scène, à 18 ans. 

À 21, elle choisit de s'exiler aux États-Unis. Elle y fera d'abord de la télé dans un téléfilm sur les Troubles en Irlande. Les États-Unis la découvrent sur grand écran dans le film de science-fiction de Micheal Anderson Logan's Run. Elle charme tout le monde. La même année, pour Preston Sturges, elle sera d'un film de guerre. Peter Shaffer adapte sa propre pièce pour Sidney Lumet et Agutter gagne le BAFTA du meilleur second rôle féminin pour Equus. Elle sera Louise de Vallières dans The Man in the Iron Mask

Elle tourne un western, puis retourne pour Micheal Anderson avant de jouer dans un film d'espionnage et un film d'aventures historiques. Elle fait la navette entre l'Amérique et le Royaume-Uni où elle joue parfois parmi le Royal Shakespeare Company sur scène. Elle sera d'une adaptation d'un livre de James Herbert et sera de la comédie d'horreur de John Landis An American Werewolf in London. Elle trouve l'amour auprès d'un hôtelier suédois et l'épouse. Ils auront un fils ensemble. Et une seconde maison, dans la péninsule de Lizard. Elle sera d'un vidéo du band Prefab Sprout. (non disponible ici).

Deux membres de sa famille élargie décèdent de la fibrose kystique, elle s'y investira beaucoup et influencera même un épisode sur le sujet dans la série dans laquelle elle joue, Call the Midwife.

Elle sera de Child's Play 2, Darkman et de Blue Juice. Elle fera de la radio pour la série Doctor Who en plus d'y jouer au moins une fois dans un épisode. Elle sera de la série de la BBC The Buccaneers, inspirée du livre non terminé d'Edith Warthon. Elle fait des apparitions épisodiques dans certaines séries mais préfère se concentrer sur sa vie de famille. Elle sera d'une nouvelle version de The Railway Children, cette fois, incarnant la mère de l'enfant qu'elle avait jadis joué.

La boucle est bouclée, elle choisit de se retirer, mais vous savez les artistes qui prétendent se retirer ne font souvent que se faire désirer. Elle a toujours été désirable.

Elle sera de quelques séries télé, puis de The Avengers et Captain America: The Winter Soldier.

Elle est très charmante pour mon oeil.

Elle aura 72 ans en décembre prochain.

Cette année marque les 60 ans de ses débuts publics dans le domaine du divertissement.

Dans le spectre du très charmant.