vendredi 26 mai 2023

L' Orgueil d'un Pays Tue Parfois

L'orgueil est le consolateur des faibles. 

Parlons Russie. Ancienne Union Soviétique qui aimerait renaître. L'orgueil leur fait des torts immenses. 

Vous avez entendu parler de Valery Legazov ? Si vous avez écouté la brillante série Chernobyl, vous avec vu son histoire. Il était expert chimiste minéral et membre de l'Académie des Sciences de l'Union Soviétique, en avril 1986. Que s'est il passé le 26 avril 1986 ? Je vous ai déjà plutôt vendu la mèche, Ce fût la catastrophe de l'explosion du réacteur # 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl au Nord de l'Ukraine, alors Soviétique, près de la ville de Pripyat. Il s'agit du tout premier accident du genre coté 7 sur l'échelle de la gravité nucléaire mondiale, soit le summum de la gravité toxique, qui a été depuis reproduit une seule autre fois, au Japon, à Fukushima, en 2011. 

La réponse immédiate et la décontamination qui a suivi, a impliqué plus de 500 000 personnes, et coûté plus de 18 milliards de roubles, soit l'équivalent nord américain de 68 milliards de dollars, de nos jours. 

L'accident est survenu lors d'un test de sécurité qui était repoussé depuis plusieurs mois, voire quelques années.  Il y avait changement de personnel au moment de faire le test. L'insécurité était au rendez-vous. C'était l'équipe du jour qui devait le faire pas l'équipe du soir. C'est d'ailleurs l'équipe de jour qui l'a commencé. On a décompressé la vapeur forçant l'arrêt des réacteurs comme les autres fois. En 1982, on avait fait le premier test du genre. On l'avait répété en 1984, puis, en 1985, avant ce 4ème essai. Chaque fois, en faisant le test, on note que le réacteur accumule des fuites d'hydrogène et d'oxygène. Lorsqu'on fait le 4ème test, les accumulations sont 100 fois ce qu'elles devraient être et causeront la fatale explosion.

En 1982, tout comme en 1984 et en 1985, on tait les notes de failles possibles sur les test des réacteurs qui, de l'avis de tous, son des échecs, mais qu'on présente au gouvernement comme de fiers succès.

Par orgueil. 

Quand l'explosion a eut lieu, les pages notant les fuites de chaque test ont comme par magie disparues. Elles ont été déchirées des rapports de test. L'équipe du soir, qui termine le test et provoque l'explosion, n'a jamais été formée pour faire ce test. On y va à l'instinct. Plusieurs alarmes de sécurité sonnent et les employés ne veulent plus continuer. Mais ils sont menacés par leur superviseur d'être limogés si ils résistent aux ordres qui sont de continuer le test. la puissance nominale du réacteur sera 100 fois celle qu'elle devait être. Faisant exploser une dalle de béton de 2000 tonnes sur le coeur du réacteur qui en sera facturé. 

L'explosion survient à 1h23 du matin mais on en prend la mesure de l'affaire encore à 4h du matin, alors qu'on pense que les incidents sont mineurs. On laisse alors libérer des radioélements toute la journée dans l'atmosphère. On commence à prendre des mesures de sécurité contre les avis des patrons, car le réacteur menace de fondre, par manque d'eau. La contamination atmosphérique dure pendant 10 jours. Couvre 70% de la Biélorussie. Touche une large partie de l'Europe. On dit qu'il y aurait eu moins de 100 morts de la catastrophe. C'est soviétique. Faux. Les morts sont comptés sur de nombreuses années. Les malformations multiples. 

Valery Legazov est l'homme engagé pour étudier tout ce qui s'est passé. L'erreur humaine est au rendez-vous, mais surtout, l'orgueil. 

6 membres du personnel seront condamnés entre 2 et 10 ans de travaux forcés. Ceux qui ont eu 10 ans n'en feront que 3. Alors les autres...

Il dira de manière fort lucide que l'excessive hiérarchie est toujours contrindiquée en sciences. La science, comme l'art, ne tolère aucun intermédiaire. Il est toujours nécessaire de se débarrasser de ceux  qui interfèrent avec notre travail. Le formalisme a atteint un point qui pourrait ne pas être de non-retour.

Legasov devient un héros mais compose extraordinairement mal avec ce qu'il a découvert. Il sait que rien ne changera et que ça pourrait survenir à nouveau. Soigné pour une crise d'appendicite, il tente une première fois de se suicider. 

Les autorités soviétiques sont peu intéressées à corriger les failles et plus intéressées à masquer les faits et étouffer l'affaire. 

Legasov est si amer et désillusionné qu'il se pend le lendemain du 2ème anniversaire du drame. Le 27 avril 1988. Il avait mon âge actuel.

Il y a un mois, jour pour jour, cela faisait 37 ans que la catastrophe nucléaire avait lieue. 

Les actuels Post-Soviets en savent moins là-dessus que les autres dans le monde. 

La courte et excellente série Chernobyl de HBO est Anglo-Étatsunienne.

La Post-Soviétie n'est pas assez honnête avec elle-même pour faire face au miroir. 

Aucun commentaire: