lundi 1 mai 2023

Cinema Paradiso*********************The Hospital d'Arthur Hiller

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parles de l'un de mes trois immenses passions: Le cinéma !

Je l'ai surconsommé, le fais toujours, l'ai étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, en fût récompensé, me suis retiré du milieu, mais le cinéma ne m'a jamais quitté. 

Je vous parles d'un film qui m'a séduit par sa réalisation, son histoire, ses interprètes, son audace, son montage, ses thèmes, sa musique, son sujet. bref, je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. 

Je vous parles aujourd'hui d'un film qui n'est pas complètement déconnecté des réalités de nos jours. Et qui a pourtant 53 ans. Plus d'un demi siècle !

THE HOSPITAL de Arthur Hiller.

Je vous parlais tout juste hier de ce brillant scénariste qu'était Paddy Chayefsky. Il est auteur de ce film et a été Oscarisé pour ce film. 

L'Hôpital en question est parfait chaos. Il pourrait donc être facilement un hôpital Montréalais de nos jours. Dès le départ, une voix hors champs (celle de Chayefsky) nous explique en ouverture pourquoi la chambre 806 avait soudainement un lit de disponible. Il s'agit de l'histoire d'un patient entré à l'hôpital qui sera victime d'un absurde cafouillage médical et qui en paiera de sa vie. Un docteur plus jeune est ravi de voir un lit se libérer pour la nuit et en fera usage personnel. Toutefois, le chaos est tel, que les communications ne se font aucunement bien dans cet hôpital et il meurt accidentellement dans ce même lit. Les morts accidentelles pullulent, toujours au nom de l'absurdité, complètement appuyé par l'incompétence. Le Dr. Bock, intensément (comme toujours) incarné par George C. Scott, sera continuellement appelé afin de tenter de colmater les brèches de ce paquebot à odeur de raffiot.

Chayesfky a écrit cette comédie suite à un passage de son épouse dans un hôpital et constatant de ses yeux le chaos qui y régnait. 

Bock, au niveau personnel est en chute libre. Sa femme veut la séparation, ses enfants ne veulent plus fréquenter. C'est 1971, ils sont anti-Vietnam et anti-gouvernement, lui se trouve au coeur de ce qui devrait être la rigueur morale, éthique et professionnelle, mais se trouve soudainement simplement éponge à problèmes. Dont il n'est pas la source. Il considère le suicide et en parle avec un psychologue et collègue des lieux. 

Il est auparavant charmé par la fille d'un patient qui menace de mourir. Il a des rapports très simples et très formel avec elle jusqu'à ce que la famille choisisse de quitter l'hôpital. Contre son avis, mais il n'insiste pas. Rien ne fonctionne comme il le voudrait de toute manière et épuisé mentalement, il se prépare à s'enlever la vie.

C'est à ce moment que le film bascule. Cette femme, incarnée par la toujours-beaucoup-trop-charmante Diana Rigg, mon premier fantasme télé, revient dans on bureau et l'empêche, en quelque sorte de se suicider. Toutefois toute sa présence dans le reste du film, à partir de maintenant, ainsi que celle de son père, qui ne quittera pas l'hôpital finalement, semble relever du fantasme mental du Dr. Bock.

Tout devient soudainement très beau, sain et équilibré entre elle et lui. Ce qui n'empêche pas les erreurs médicales de survenir à nouveau, mais on réagit mieux. On a même des projets impossibles ensemble.

Il est là le génie de Chayefsky. De nous présenter du très réaliste avec sa lourde part d'absurdité. 

Toutes les scènes impliquant Rigg & son père, à partir de ce moment, semble relever du rêve idéal. L'amour parfait. L'éclaircissement des problèmes par A+ B alors que nous sommes témoins aussi de X, Y et Z.     

Hiller, qui était aussi réalisateur de l'immense succès populaire Love Story, réunissait son talent avec le dernier gagnant de l'Oscar du meilleur acteur George C. Scott (pour Patton). Tourner une comédie et diriger des acteurs et des actrices dans une comédie n'est jamais une tâche aussi facile que ce que les gens pensent. La coordination, le texte, le rythme, doivent être parfait. Et Hiller trouve la ton de la comédie, là où il y a aussi pathétisme. Donc une certaine tristesse. Hiller est tout à fait remarquable restant au service de l'histoire avec une habile créativité.

Le film, à sa sortie, en 1971, a été critiqué pour son changement de ton en seconde partie après une première moitié franchement drôle, chaotique et absurde. Mais au contraire, une lecture attentive de qui se déroule sous nos yeux offre une second moitié plus profonde en eaux tout aussi agitées. La proposition de Chayefsky est que les hommes les moins équilibrés peuvent facilement désarticuler toute une micro-société comme l'est un hôpital. 

On a vu, depuis le passage d'un certain clown à la présidence des États-Unis, que ceci est aussi possible à plus grande échelle, et à poste supérieur. Chayefsky a eu l'intelligence de glisser des situations politiques très réalistes aussi. Hors de l'hôpital et au sein de sa gestion. Habilement. 

Les acteurs et actrices sont extraordinairement crédibles, employé(e)s comme patient(e)s et ça ajoute au réalisme qui équilibre le farfelu de ce qui frise parfois la farce.

C'est une satire assez féroce qui ne détonne aucunement des réalités actuelles dans nos hôpitaux locaux qui ne sont pas toujours à la hauteur des situations qui s'offrent à eux.

L'affaire Joyce Echaquan en étant un exemple parmi des tonnes. 

Quand Chayefsky se battra contre le cancer, vers la fin de sa vie, il ne fera aucunement confiance aux médecins qui le traitent, pensant qu'il lui en veuille d'avoir dépeint leur milieu comme un refuge à poules sans têtes. 

Chayefsky n'était qu'à moitié sérieux. Comme dans ce film. Drôle et dérangeant. 

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