Un Monde Violent, Mais Toujours Inflammable

Je peine à m'inquiéter pour la Covid-19.

Je suis beaucoup plus agressé/irrité qu'inquiété.
Ça ruine des tonnes de vie et menace constamment de briser des tonnes de portefeuilles.
Personnels et collectifs. C'est là que se loge mon inquiétude. Les sous.

J'ai donc l'irritant facile.

J'ai récemment écouté la web-série de Sarah-Maude Beauchesne, Fourchette.
Que je soupçonne largement inspirée de la série Girls, de Lena Dunham, aux États-Unis.

Dans Girls, on ouvrait la série sur le ton de l'imperfection. L'auteure, aussi actrice principale, exigeait des sous à ses parents de manière terriblement effrontée. Lena Dunham nous annonçait du gâté/pourri, imparfait, pas tout le temps aimable. Ce qui allait suivre le resterait. Souvent détestable. Pleins de mauvais choix. Chez les personnages.

En voyant la première saison de Fourchette(ce sont des épisodes entre 9 et 14 minutes, 8 par saison, 2 saisons), j'ai tout de suite été vérifié quelque chose. Et compris du même coup plein de choses avant même de tout voir.
Dès le premier épisode.

Sarah-Maude est aussi l'auteure de la série télé L'Académie.
Cette série est actuellement largement publicisée sur les ondes télé. J'ai eu envie, avant Fourchette, de voir la série télé, puis ai décidé que non. J'ai pas osé explorer. Je savais que j'étais attiré par L'Académie pour les mauvaises raisons. Principalement pour mon fétiche des jambes. Elle a compris ce fétiche. Elle se sert beaucoup de ses jambes dans Fourchette aussi. Chez elle et chez ses personnages féminins.

Tout comme dans Girls, l'auteure, Sarah-Maude, incarne aussi le personnage au coeur des émois. Car nous ne resterons qu'en émoi. En humour parfois. Mais surtout en émoi. La Fourchette c'est elle. Elle se trouve un corps de fourchette. Pas faux.  Elle déploie beaucoup son corps. Et partout.

Ça ne m'a pas agacé sinon à un seul moment qui n'appartient, selon moi, à personne: sur le bol. On a facilement 4 scènes de bol sur 2 saisons.
Je ne veux jamais voir personne sur le bol. Pas même ma blonde des 27 dernières années. Ça lui appartient. C'est jamais joliment visuel. C'est intime. Personnel. Jamais jamais envie de voir ça. Almodovar m'agresse aussi de cette manière. On voit tout le monde sur le bol. Gardez vous un seul endroit sur terre privé PLEASE!

Je n'ai rien contre les imperfections. J'en suis même bien souvent séduit. Mais avec Sarah-Maude, assez peu. Elle se dit conne dans les deux saisons. Mais aussi assez fière de l'être. Son public, n'est pas l'homme de 48 ans que je suis. Elle brise régulièrement le 4ème mur et envoie des regards entendu à la caméra. Quand madame ne jouit pas en même temps que monsieur. (oui, c'est assez sexuel, c'est le web), quand madame passe une entrevue dans la condescendance, (elle est écrivaine et s'appelle Sarah, comme dans la vraie vie vraie), quand on la siffle dans la rue vulgairement. Certaines choses doivent effectivement être dites du point de vue féminin. Ça, c'est assez réussi.

Elle nous présente, étonnamment, un portrait assez laid d'elle-même. Je n'ai pas su si c'était volontaire ou non. Dans la seconde saison, elle paie le prix à la fin.

Un homme marié qui dit je t'aime à sa maîtresse, c'est pas joli. C'est pas touchant. C'est irritant. Une métastase de l'amour.
D'autant plus que son homme de la saison 2, c'est le sosie de mon oncle, le frère aîné à mon père, Don Juan Jones. Inconfort sur 8 épisodes.

"Je vais me reconstruire, je suis capable d'être plus grande et longue, je suis une fourchette après tout" dit-elle au terme du 7ème épisode de la saison 2. En brisant le 4ème mur, Ally McBeal.

Moi, je l'ai vue tellement petite sur 16 épisodes.
La plongée dans le narcissisme devient si lourd.

Je n'ai pas écouté L'Académie. Je ne suis pas non plus le public cible.
Je crois comprendre que cette académie scolaire accueille aussi des garçons dans leurs classes.

C'est, me semble-t-il,  un condensé de son propre passage scolaire fantasmé, tout comme Fourchette doit refléter une partie de sa propre vie. Je soupçonne qu'au contraire, elle soit allée à une école strictement de filles lors de son passage au secondaire.
Et ce que j'ai vu dans Fourchette, c'est le comportement d'une fille qui s'est longuement et trop intensément imaginé et conceptualisé l'amour, mais qui n'a jamais pensé à l'autre qu'accessoirement dans cette unité amoureuse fantasmée.

Comme une fille ayant passé tout son secondaire, de 12 à 17 ans, entre filles, seulement. Sans partage ni échange avec les gars.

Elle anime d'ailleurs un balado titré Entre Filles.

Il n'y a pas de mal à répéter ce que les hommes ont fait comme bêtises, au féminin maintenant.
À souhaiter un rééquilibre.
C'est même souhaitable pour toutes les Femmes, partout, le rééquilibre.

Mais les choix de son personnage sont très détestables. Vraiment détestables.
Faire un sexto à son amoureux et dire à la caméra "ben quoi? tout le monde fait ça!"
Mettre de la poudre dans ses drinks et s'en amuser sans en subir de contrecoups...

Ouch!

J'espère qu'elle savait que les ados ne comprendront pas tous "le côté créatif" et comment réagiront-ils/elles à l'exposition de tout ça?

Le narcissisme est une vraie plaie. L'égoïsme aussi.
Un virus aussi important que la Covid-19.
Ça n'est pas beaucoup décrié d'un regard entendu à la caméra.
C'est même valorisé.
("Des fois je fais comme si j'étais dans un vidéo...")

La Plus Belle Saison De Ma Vie (Deux Printemps), de Daniel Bélanger, joue un rôle important dans la websérie.

On doit actuellement vivre la pire en raison du coronavirus.

Ça vous est surement déjà arrivé, peut-être même ici très souvent, de regarder là où plein de gens regardent et disent "wouah! c'est si beau", sans, pour votre part, trouver ça beau, vous-mêmes.

Je me suis posé la question à la fin de chaque saison.

Ai-je vu quelque chose de vraiment beau?
Quelque chose de bien?
Assez peu pour moi. Je n'étais pas le public cible.
Mais sans être public cible, on ne devrait pas être irrité pour autant.
J'ai été plongé dans le désordre féminin.
J'ai été plongé dans l'imparfait assumé.
Dans l'immaturité égoïste et narcissiste.
J'ai eu envie de Purell souvent.

Dans notre monde devenu si violent et inflammable,
Madame cherchait des pompiers.

On visite franchement son monde intérieur, violent et inflammable.

Je me suis souvent demandé si le personnage était si loin de l'auteure.
Et au final, en y réfléchissant bien, je me suis dit, et alors?

Ce type de gens qui aiment très mal, on l'a vu au masculin des milliers de fois. Terence Stamp dans The Collector. Richard Benjamin dans Diary of a Mad Housewife, Micheal Caine dans Hannah & Her Sisters, Nicolas Cage dans Leaving Las Vegas. Kevin Spacey dans American Beauty. On le voit à toutes les époques.
Mais pas tant que ça du côté féminin.

Si c'est ce qu'elle voulait nous montrer, c'est réussi.
Sinon, elle est resté émotivement développée à l'époque de L'Académie.

Aimer mal, ça existe. Et c'est ce qu'elle expose.

Je dois, en revanche, lui accorder, qu'elle se connait très bien.
Se décrivant comme une passionnée, romantico-émotionnelle-emo-fatigante.

Oui.

Une fourchette qui pique.

Sa websérie traite du désir, relativement confondu avec l'amour.

Une confusion généralement masculine.
Rééquilibre ou déséquilibre?

À vous de vous faire une tête.
Gratuit et très court, sur Toutvextra.