On nous accueille aux entrées des épiceries avec un employé, pancarte en main:
"Revenez-vous de voyage?, Vous êtes vous lavé les mains? Êtes vous atteint du Covid-19?"
Trois réponses différentes, personnellement.
Non. Oui. Je ne sais pas, j'en doute.
On doute d'absolument tout maintenant.
Dans notre nouveau normal.
Habituellement je fais les épiceries le vendredi. Mais à l'entrepôt, on ne souhaite plus qu'on fasse des heures supplémentaires. Comme j'en fais assurément les lundis et surtout le mercredi, mon jeudi a dû se terminer à 14h30. J'ai donc fait mes deux épiceries tout de suite après. Puis, les traductions que j'aurais faites le vendredi.
Et je n'ai pas vu le temps passer. Je m'en suis voulu d'avoir manqué la diffusion de Mademoiselle Julie à la radio de Radio-Canada.
J'ai toutefois pu reprendre le lendemain matin. J'ai AAAAAAAAAAADORÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ.
Le niveau de créativité que la situation cataclysmique oblige me séduit beaucoup. Comme la première de l'adaptation de la pièce d'August Strindberg devait avoir lieu au Rideau Vert, jeudi dernier, le 19 mars, on a eu la brillante idée de diffuser la pièce comme on le faisait en 1943. À la radio. En ballado. J'ai beaucoup beaucoup aimé. L'obligation de recréer l'imaginaire avec des sons. S'embrasser à la radio. Très très bien interprété en plus. Vraiment. Serge Denoncourt et son entourage ont pris toutes les bonnes décisions.
C'est ce qu'on questionne beaucoup de nos jours. Les prises de décisions.
Une hostilité s'est développée envers les personnes âgées de 70 ans et plus depuis le week-end.
On les remarque davantage. On y est plus attentif. On constate aussi que les boomers sont extraordinairement nombreux chez nous.
Ils sont vraiment, vraiment nombreux. Et partout. Et il est inutile de leur en vouloir de les croiser à l'épicerie, si personne ne les aide, ils doivent bien manger! Ils ne sont pas assez séniles pour se laisser mourir de faim!
Il faut savoir continuer à garder une haute opinion de son prochain.
Toute cette boue noire actuelle...
Le milieu, si précaire, de la culture fait de jolies petites prouesses en ce moment pour aider à rendre les confinements forcés plus agréables. On peut actuellement visiter la plupart des musées du monde virtuellement sur le net tout à fait gratuitement. On a visité le Met de New York vendredi soir, en famille. En se faisant un vin fromage modeste. Devant notre télé si extraordinaire du sous-sol.
À 4.
Il y a aussi ce site appelé Openculture qui offre des liens directs avec tout ce qu'il trouve de disponible gratuitement sur Youtube ou ailleurs. 1150 films gratuits en ligne. De toutes les époques. Des films noirs. Des films muets. Des documentaires. Des films d'arts martiaux. Des films d'animation. Des films d'Hitchcock, de Chaplin. Tarkovski, John Wayne, Dziga Vertov ou des films gagnants des Oscars passés.
Des cours d'arts, d'astronomie, de biologie, d'affaires, de chimie, d'environnement, de math, de philo de tout ce que vous voulez, gratuits sur le net.
Des conférences de ou sur Michel Foucault, Sun Ra, Richard Feynman, Joseph Campbell, Carl Sagan, Margaret Atwood, Jorge Luis Borges, Leonard Bernstein, Richard Dawkins, Buckminster Fuller, Walter Kauffman nous parlant d'existentialisme, Jacques Lacan, Roland Barthes, Toni Morrison, Bertrand Russel, des philosophes d'Oxford, des écrivains récipiendaires du Prix Nobel de Littérature.
Des tonnes de livres lus. Des livres à lire. Des concerts, des pièces de théâtre, des opéras.
Des directions culturelles dans l'obscurité actuelle.
Il y a même des listes de films préférés de Kubrick, de Tarantino, de Scorcese, Tarkovski, Lynch, Herzog, Allen, Wes Anderson, Bunuel, Roger Ebert, Susan Sontag, les 100 préférés de Kurosawa.
De la culture à l'infini. Un fameux rassemblement de la gratuité du net. Joli ramassis.
Inutile de vous dire que j'ai consommé comme un héroïnomane dégénéré.
Des documentaires sur Bowie, Lynch, Kubrick, Godard. Je n'ai pas fini de piger.
On doute des choix de tous actuellement.
Des décisions de nos leaders dans la gestion de la panique mondiale.
Mais sur ce site. On choisit nous-mêmes.
Sans se poser de questions.
Comme "comment font-ils pour s'embrasser à la radio si il doivent se tenir à 2 mètres de distance?"
Question qui a pourtant une réponse.
En jouant du coude. Se touchant tout(e) seul(e).
Comme on doit protéger autrui de la Covid-19.
On aura des réponses bientôt pour le Covid-19.
Il faut le croire. Jamais en douter.
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