Je réalise que tout ce que j'anticipais, depuis un an, se réalise. À mon corps défendant.
On a déménagé dans une maison auquel je m'acclimate toujours très mal, je ne reviendrai pas là dessus.
C'est surtout au travail que je souffre davantage. On m'avait promis l'entrepôt en novembre 2018. J'y ai travaillé. Mais dès janvier suivant, on mettait à la porte un des chauffeurs. Je disais, anticipant beaucoup trop bien: "regardez bien, j'hériterai de ses heures de route et de ses parcours". J'avais été chauffeur et il était entendu que je dépanne ici et là de temps à autres. Ce qui ne me fâchait pas. Sur la route 1 à 2 fois par semaine, ça me plaisait. Ça changeait le mal de place.
Mais c'est effectivement ce qui s'est passé. Fin janvier j'était sur la route toujours. Sans vraiment qu'on me demande si c'était ce que je voulais. Sans me confirmer que je serais toujours sur la route. Quand on est venu me voir pour me dire que "j'avais le meilleur rendement", je comprenais que je serais chauffeur toute l'année. Ce que j'ai été. 97% route, 3% entrepôt. Année de pénibilité.
Celle qui organisait nos routes quittait le 20 décembre dernier pour des projets personnels. Je prévoyais alors quitter l'emploi et m'en trouver un autre avant janvier. Dans le tourbillon de ma vie, je n'ai pas pris le temps de le faire. J'anticipais que la nouvelle personne nous forcerais à nous ajuster à ses erreurs de débutants et c'est exactement ce qui est arrivé. De plus, trois autres personnes ont aussi été nouvellement engagées, ce qui fait, qu'avec le déménagement de l'entrepôt, on a passé beaucoup beaucoup beaucoup, BEAUCOUP de temps à s'ajuster et se réajuster.
Début janvier 2020, celle qui organisait nos routes n'y est définitivement plus et c'est absolument le bordel. Parce son remplacant fait de brutales erreurs compliquant nos routes.
Mardi a été atroce. Je vous épargne les détails mais une journée qui aurait dû être fort simple a été une horreur frôlant le traumatise. Comble de conneries, vers la fin de la journée, le GPS de ma tablette sur laquelle on entre les infos, ne fonctionnait tout simplement plus. L'enfer.
Le problème avec mon travail, sur la route, sont les conditions. Nous travaillons 10 heures (minimum) par jour, dans toutes les météos, et sur des bacs de recyclage, de compost ou de simples bacs de vidanges. Les réparant ou les changeant. Livrant de nouveaux bacs pour les nouveaux arrivants. Les bacs doivent être vides pour qu'on les change. On ne doit jamais négocier avec les vidanges. Mais c'est de moins en moins le cas. Et le mercredi, c'est pire que pire. Je dois transvider d'un bac à l'autre. Quand j'en suis capable.
Je n'en suis plus capable. La seule journée du mercredi suffit toujours à me faire tout abandonner.
Mais ce mercredi a eu une drôle de tournure.
La journée a commencée avec une évaluation. Où on m'a plutôt reconfirmé chauffeur pour le plus longtemps possible. Je leur ai confirmé que mon objectif de 2020 serait de sortir de la route. Ce qui nous as placé dans un drôle de moment. Ils en sont restés étonné et ont demandé du temps pour penser certaines choses. D'autres promesses? Je m'en moque un peu. Je quitterai avant. C'est certain.
Je devais ensuite faire ma route du mercredi. Cette route qui ne me tente jamais. Qui ne tente à personne. Le mercredi la route nous amène dans la ville la plus cosmopolite en province. Les nouveaux arrivants ne savent pas toujours comment recycler et nous devenons, ce jour-là, vidangeurs. Pour cette même raison, c'est la seule journée où nous avons à nos côtés un(e) représentant(e) de la ville. Pour dire aux résidents (les citoyens de cette ville sont à 90% disponibles de jour) comment opérer recyclage/compost/vidanges.
Mais en entrant dans le camion ce mercredi...
UNE LOURDE ODEUR DE MARIJUANA!
Salvateur mais aussi affligeant.
Le chauffeur ayant pris le camion la veille rendait ma route du jour impossible à faire. Pas avec un(e) représentant de la ville à mes côtés. Alors que nous sommes en soumission pour renégociation de contrat avec eux en plus. On a remis au lendemain. Je suis donc resté en entrepôt. Où j'ai pu prendre toute la mesure de la confusion régnant maintenant sur place.
J'étais sauvé de cette route le lendemain aussi car, en soirée, j'allais voir
On me promettait en revanche un jeudi d'horreur. Broche-à-foin. Où j'irais chercher, réservant avec mon propre argent, un camion de location, que je devais remettre en fin de journée, un camion au propane, ce que nous n'avions jamais opéré...Je paie et on me rembourserais...
BROCHE-À-FOIN! Rien de professionnel. Ça m'angoissait de partout.
J'étais, mentalement au pire du pire mercredi soir. Chez moi. Je l'ai compris quand je me suis surpris à écouter un podcast entier d'Émilie Perreault sur Julie Masse. J'avais atteint le fond du baril.
Tellement broche-à-foin, jeudi matin, alors que j'avais assez peu dormi et était éveillé depuis 4h22 AM, tout avait soudainement changé. Ce qui, je vous épargne les détails, complique l'entièreté de nos routes. C'est alors le bordel dans la préparation de commande, préparée la veille et qu'on doit recommencer sans faire d'erreurs (Ce qui n'arrive pas) mais cette fois je ne louais plus de camion. J'en prenais un plus petit de l'entrepôt. Un autre type d'enfer mais un enfer tout de même.
Quand j'ai rejoins mes proches au centre Bell, je sortais la tête d'une profonde plongée.
Intravaillable est devenu mon boulot du lundi au jeudi.
J'étais sauvé de ma route par la marijuana mercredi, puis, sauvé de cette même route jeudi, par la future défaite des Canadiens au Centre Bell.
Mais il y aura la semaine prochaine...
Je ferai du parachute très bientôt.
Puisque le problème de GPS a aussi duré le reste de la semaine, rien n'a été facile. N'importe quoi toute la semaine. La médaille d'or du n'importe quoi.
Insupportable.
En lisant, dans mon casier, sur un post-it, la note d'une collègue qui allait comme suit:
"prend cette tablette adj. svp" pas de "s" à prends et avec "adj", je prenais toute la mesure de la pauvreté des gens que je côtoie 4 jours sur 7. Ça m'a inutilement lourdement déprimé.
J'étais si mentalement agonisant que j'ai pris une éternité à comprendre que "adj." était probablement une diminutif de aujourd'hui par une dyslexique qui s'ignore.
En travaillant là-bas. N'importe comment. Je sens que mentalement, je ralentis.
Je vais cesser.
Décision effective presque adj.
Je savais que je devais faire ça avant janvier.
Mais pour atterrir où?
Ne pas perdre sa tête.
Ne pas perdre sa tête.
Retour au traumatisant capharnaum demain.
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