C'est ainsi que débute une publicité récente de la banque BMO ai Québec. Je réalise, en tapant ces mots que ça fait écho à une publicité du même ordre, de la même banque, en anglais.
Dans la pub en anglais, un couple d'hommes mange au restaurant. Un conseiller de la banque BMO apparaît à leurs côtés derrière son bureau de manière surréaliste quand l'un des deux fêtent l'autre en disant que le cadeau couvre aussi deux de ses anniversaires, l'action de grâce et la St-Valentin. Parce que le couple n'a pas les moyens de se payer bien des choses. Le conseiller embarque ensuite avec son laïus de marketing afin que leurs investissements à la BMO leur permettent de gnagnagna...
Le contenu marketing m'intéresse assez peu.
Ce qui m'a en revanche vachement plu c'est l'homosexualité non soulignée à gros traits. Dans cette pub on a pas seulement un couple homosexuel. On a un couple dont on ne fait pas le sujet principal de leur homosexualité. Un couple gay dont on ne fera jamais allusion à la nature de leur relation.
Juste la vie, bien ordinaire. On aurait pu parler légitimement de RÉER. Le totem de l'ordinaire.
Une publicité Québécoise, aussi de BMO, suit la même courbe.Cette fois, un couple de femmes est dans la cuisine. Une première coupe un concombre. L'autre, du même âge, arrive, en tailleur, suggérant une femme revenant du boulot, et lui dit la phrase plus haut:
"Chérie, j'ai eu la promotion"
L'autre femme s'emballe, elle est heureuse, s'excite, lui tombe dans les bras, la félicite. Deux petites filles d'à peu près 8 ans jouent dans le salon, se prétendant docteures. Celle qui coupait les légumes lui dit "on devrait enfin faire le voyage qu'on voulait" (suggérant des projets de longue date, peut-être même pré-enfants). La promue dit, un peu dépitée, qu'il faudra mettre à jour leur plan financier. Arrive la fille de BMO sur son bureau roulant qui leur explique les avantages faciles de la banque et gnagnagnaproupwet...
pas une des jumelles, mais le même âge |
Les deux enfants sont jumelles. La recherche du casting mérite une étoile. En effet, les couples faisant appel à la procréation ont beaucoup plus de chances d'obtenir des jumeaux. Pertinence +10. Un chien jappe à l'étage et on termine avec une blague relative au chien et sur la réaction des deux petites filles extraordinairement charmantes. Elles ressemblent toutes deux, dans ce dernier plan, à une amie de ma fille à cet âge.
Dans la pub anglaise, on terminait sur une blague faisant allusion à la chanson chantée par les serveurs. Pas de clin d'oeil à l'homosexualité du couple. Dans la pub française, on blague avec le chien. L'homoparentalité n'est jamais soulignée davantage que ce que je vous ai dit.
La vie ordinaire. L'homosexualité est une réalité ordinaire. Le "M" de BMO est pour Montréal.
J'aime beaucoup cette annonce. Où l'homosexualité est abordée tout ce qu'il y a de plus banalement. Comme Black Mirror intègre une minorité visible dans son casting sans que la nationalité de l'interprète ne soit d'importance.
On a aussi une série de pub, en ce moment, circulant sur nos ondes télé, où on parle tout simplement de notre tolérance à la différence. Elle va comme suit:
Deux petites filles arrivent dans un garage où un homme gosse sur des affaires d'hommes dans ce garage. Bel établissement du cliché de la mâlitûde. L'une des deux fillettes dit à l'homme :
"papa! papa! mon amie peut elle coucher chez nous?"
"Moi ça me dérange pas, vas demander à ton papa ou à ta maman si elle est d'accord avec ça" répond l'homme.
"Elle ne peut pas, elle n'a pas de papa" répond sa fille.
Le père reste interdit et légèrement mal à l'aise, est-il mort? peut-être.
"J'ai seulement deux mamans" dit celle qui n'avait pas encore parlé.
Il reste surpris mais dit tout de suite:
"Ha! oh! et ben vas demander à l'une des deux si c'est correct"
Et apparaît ensuite le message gouvernemental de tolérance nationale. C'est un message du regroupement Le Québec Pour Tous.
Finalement, une compagnie de beignes que j'ai d'abord commencé à haïr en raison principalement de ses affreuses publicités qui se voulaient bon enfant, mais qui me donnait envie de tuer des bébés phoques à coups de marteau rouillé.
De plus, c'est une franchise qui se spécialise dans le café (que mon corps ne tolère pas) donc mon intérêt pour cet endroit est d'emblée assez nul.
Puis, je me suis rendu compte que ça semblait une fierté nationale canadienne, et ma fierté canadienne personnelle est surtout Québécoise.
Tout ça m'a toujours gardé extrêmement éloigné de cette chaîne de beignes, café, sandwichs. Je m'y rends que lorsque forcé. Et leurs pubs m'ont toujours beaucoup beaucoup irrité. Jouant toujours sur la corde de la grande sensibilité. Parlions nous bien de beignes et de cafés? Rangez moi ces mielleux violons dégoulinants à l'érable!
Je déteste toujours cette chaîne. Et j'en faisais part à mon fils la veille. Quand soudain, je surprend cette chaîne à présenter une pub progressiste!
Un jeune homme recevra ses parents. On le comprend par une conversation au téléphone. Il veut leur présenter quelqu'un. On devine que c'est un nouvel amour. Quand la caméra recule, on comprend que c'est un garçon. Probablement un partenaire de vie amoureuse. La rencontre sera plus importante que prévue est la suggestion. Et elle aura lieue dans une franchise. Le punch ici, EST l'homosexualité. Mais c'est aussi une pub canadienne plus que Québécoise.
Et le Québec, à ce niveau, est nettement plus progressiste que le Rest of Canada.
Quoiqu'en pense le Manitoba.
Voyez, la pub, pourtant anglo seulement à ce que je sache, est introuvable ailleurs qu'à la télé.
Ce qui confirme la frilosité du sujet dans le ROC.
Je suis assez fier de ce que nous sommes, au Québec.
Naturel progressiste.
Même si on vote toujours avec conservatisme.
Aux États-Unis, la prison mentale est pire encore.
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