Le 22 janvier 1948, le secrétaire d'État de l'Angleterre, Ernest Bevin, se prononçait sur un nouvel ordre mondial post Seconde Guerre Mondiale. Féroce anti-communiste, malgré l'aide russe pendant la Seconde Guerre, ceux-ci n'avait jamais été de vrais alliés de pensée politique. Bevin voulait organiser un esprit commun occidental. Opposé au totalitarisme naissant de l'Union Soviétique.
Il avait déclaré que son gouvernement britannique souhaitait voir naître une unité spirituelle commune en Europe. Une union où on est libre de penser et de discuter, d'échanger commercialement, si il le fallait. Si l'occident s'unissait, ce devrait se faire dans une union spirituelle. Une fraternité, pas un système rigide.
Cette idée prenait forme l'année suivante avec la création de l'OTAN.
Mais les leaders mondiaux qui se sont fréquenté la semaine dernière, à Londres, se sont surtout démarqué par leurs disputes philosophiques, des chicanes de cour de récréation de l'école primaire et la notion d'union spirituelle était elle même remise en question.
Au 21ème siècle, l'Union Soviétique n'existe plus. Les défis viennent des menaces chinoises dans les stratégies économiques, le totalitarisme du djihadisme islamique, des démocraties douteuses en Hongrie ou en Turquie, et de l'instabilité mentale des États-Unis.
L'OTAN n'a jamais été plus incohérente en 70 ans.
Qu'est-ce qui lie Viktor Orban, premier minus Hongrois, et Justin Trudeau?
Qu'est-ce qui unit Emmanuel Macron et Donald Trump?
Qu'ont en commun Angela Merkel et Boris Johnson?
Recep Tayyip Erdogan a remis en question l'intérêt Turc en l'OTAN, alors qu'il parle de "défense" dans ses attaques contres le Kurdes, tandis que Macron a souligné à maintes reprises qu'il s'agissait d'agression, avec une certaine complicité des États-Unis.
Trump, dans sa besace de menaces latentes, parlait de tarifs douaniers, toujours injustifiés, contre ses alliés (habituels, dont le Canada).
Est-ce le reflet d'une union spirituelle?
Est-ce que l'occident de Bevin existe encore?
À l'époque il s'agissait de trois choses:
-Garder l'URSS hors de l'OTAN
-Garder les Amériques dans l'OTAN
-Calmer l'Allemagne.
Mais sans URSS, avec une Allemagne très "soft" militairement, les États-Unis ne savent plus non plus si ils veulent encore communier à cet autel.
Quand l'idiot du village se choque de ceux qui prennent des cocktails et qui s'amusent, le mot alliance semble distant.
Manu Macron a parlé d'une sorte de coma dans lequel il fallait faire sortir l'OTAN. Il était particulièrement fâché des alliances malsaines entre les États-Unis et la Turquie dans ce qui passe en Syrie. Les Britanniques appuyaient ses récriminations. Mais Manu a posé plus de questions qu'il n'a offert de réponses. La Guerre Froide offrait des ennemis clairs. Avec la fin de celle-ci, les nuages de la confusion et de la errance s'épaississent.
L'après-Trump, qui pourrait tout de même survenir assez bientôt, mais qui arrivera un jour aussi, sera peut-être une Europe qui se tient debout toute seule sans l'aide des États-Unis qui ont toujours le culot de s'appeler eux-même America. Ce qu'ils ne sont pas.
L'OTAN n'est plus une alliance occidentale comme l'avait pensée Ernest Bevin. L'union spirituelle qu'il souhaitait s'est matérialisée en OTAN mais aussi en Union Européenne. Une UE que l'Angleterre quitte promptement. Les États-Unis ont un capitaine incohérent à la barre de leur navire amiral. Et la Russie partage certains soucis face au terrorisme islamique avec l'occident, mais aucunement sa démocratie.
Le côté hybride russe et la montée de la Chine sont des menaces pour certains et des opportunités pour d'autres.
L'un et l'autre dans la tête plastifiée de Donald Trump, selon les matins.
L'occident existe toujours mais n'est pas toujours au sein de l'OTAN. On peut y mettre, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou le Japon, dans une certaine mesure.
Si l'OTAN a à tomber dans un définitif coma, l'occident tenterait de recréer une chose du même genre.
Mais dans cette ère de moins en moins genrée, on ne sait plus complètement qui on est.
Ni quoi.
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