"Recommencer"
"Désorientation"
"Plongée"
"Usé"
"Prisonnier"
"Abandonné"
Tous ces mots seraient adéquats.
Sont-ils positifs? Baaaaah! le temps le dira.
L'an dernier, à pareille date, j'étais au coeur d'un immense déménagement d'entrepôt. Nous ne bougions le matériel que sur moins d'un kilomètre, mais c'était des milliers de bacs de recyclage. Et des tonnes de cochonneries. À deux employés. Zéro déménageurs sinon moi et mon collègue Pat Q. Nous nous sommes cherchés dans le nouvel entrepôt (parce qu'ensuite fallait replacer et on perdait/égarait) pendant facilement 6 mois.
À l'automne 2018, on me promettait du travail d'entrepôt avec un peu d'aide sur la route. Mais dès janvier 2019, j'étais sur la route. Donc des journées de 10-11-12-13 heures par jour. Extraordinairement physiques. 4 x par semaine. Du lundi au jeudi. À l'entrepôt, je gardais du lundi au jeudi, mais mon horaire était fixe. 6h30 le matin à 17h30 le soir. Moins payant mais plus humain. Après avoir souhaité retourner plus souvent en entrepôt, on a honoré ma demande quelques jours, une semaine, pas même deux. À partir d'autour du 17 janvier, j'étais sur la route 100% du temps. Jusqu'à maintenant. On a poussé l'odieux à continuer de me présenter comme "le gars qui fait de la route et de l'entrepôt à 50%".
On m'a présenté comme ça au moins 4 fois dans l'année. Ce qui était chaque fois un mensonge. J'ai été 100% de mon temps sur la route. Au volant. Dans le trafic. Dans toutes les météos. Multipliant les 12-13 heures de job physique par jour. Suis-je plus en forme? Non, Je suis plus usé.
Puis, on a choisi, la famille, de déménager. Vers Mars. Je déménagerais 80% du stock seul, sur trois jours. Je ne le savais pas encore à 100% mais je n'en avais pas envie. Recommencer. Et je n'en suis pas encore remis. Je suis encore très désorienté dans ma propre maison. Je marche parfois vers des salles de bains inexistantes dans ma nouvelle maison, mais qui étaient de l'autre. Je descends vers mes quartiers de travail (de traducteur), alors que c'est maintenant en haut. Même au volant, j'essaie de retrouver mes repères sans GPS et je me perds sur mes trajets vers la pharmacie, le quincailler (même pas un vrai) ou l'épicerie. Il n'y a que les chemins de la bibliothèque et de la crèmerie Chocolat Favoris qui me sont restés en tête.
Recommencer. Désorienté.
Je n'ai pas encore adopté le nouvel épicerie. Pourtant beaucoup plus grand. Mais dans lequel je ne veux jamais passer beaucoup de temps. Beaucoup trop de monde. J'ai fais quelques fois une croix sur les viandes froides simplement parce qu'il y avait trop de monde en attente de quelqu'un de sous-payée et légèrement désoeuvrée (ça se peut un homme aux viandes froides?)de disponible.
Pour une raison obscure, j'ai écouté un album de Rush la première fois que j'y ai été et on dirait que depuis je me sens forcé de réécouter du Rush quand j'y fais mon épicerie. J'ai donc pensé que peut-être que c'était justement Rush qui rendait mes épiceries désagréables. J'ai donc écouté The The cette semaine et ce fût mon épicerie la plus courte. Parce que rendu à Uncertain Smile, vers 3:30, je devais danser. J'ai fait ça en me rendant à la boîte à malle. Et au volant. Oui, j'ai passé tant de temps derrière des volants (que j'honnis) que j'ai appris à danser au volant. Faut me voir danser sur Wonderlust King de Gogol Bordello. Une vraie crise d'apoplexie ne ferait pas plus beau.
"pauvre monsieur je ne peux rien pour vous" |
En empruntant un chemin que je découvrais, derrière l'épicerie, revenant de la pharmacie où j'avais tenté d'expliquer que mon docteur me "désinscrivait" et demandé qui me prescrirait mes pilules "gestion de cholestérol" maintenant? (ce qui est resté sans réponses), je me suis surpris à penser que je devais, pour 2020, trouver de nouvelles routes comme ça.
Changer de travail au plus calisse car du mercredi matin au jeudi PM c'est toujours un nouveau traumatisme renouvelé que me rend en mode rémission trop longtemps dans le jours suivants. Je ne trouve même pas la force de retaper mon/mes cv(s).
Prisonnier, usé, désorienté.
Y a mieux.
Au moment de lire ceci je suis au coeur du post traumatisme de mes semaines. De l'inhumain.
Je serai crevé mort jusqu'à vendredi matin. Où je me ferai faire une prise de sang dont les résultats seront à envoyer à un médecin qui ne me veut plus.
Abandonné.
J'ai besoin de chemins étoilés. De nouvelles plongées.
Du genre sous-marines, pas des plongées involontaires qui me noient.
Noyé, voilà le mot qui résume mon année.
Noyé.
Moi qui nage pourtant si bien.
I am a wonderlust king
With an uncertain smile.
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