mercredi 24 juillet 2024

Vendrehostie

Mes vendredis sont l'enfer au travail. 

Je vous l'ai dit 102 000 fois. Je ne rentre plus dans les détails mais en somme on prépare les jours de lundi et de mardi de la semaine suivante et généralement ça nous fait un lundi plus léger qui permet même une "pause" d'une heure pour une réunion qui pourrait être un courriel. Qui est aussi une manière pour les boss de juger de l'état des forces. Du mouvement des eaux. De la noyade d'envie syndicale.

Mais la semaine dernière, je faisais mon travail, déjà assez chargé, celui d'un collègue en vacances, qui l'est encore cette semaine, et celui d'un second collègue, qui lui, est au moins de retour cette semaine. Mais reste que la semaine passée, mes journées m'ont paru 17 heures au bureau chaque. En fait elles passaient toutes plutôt très vite mais étaient si chargées que des choses faites il y a une heure me paraissait faites il y a en avait 4 ou 5 ou même parfois la veille. J'avais tant de tiroirs ouverts mentalement en même temps que j'ai dit à un collègue "oui, je te l'ai envoyé hier par courriel!" et on a mis du temps à réaliser que je lui avais envoyé le matin même, vers 5h50 du matin. 

Déjà qu'avec mes traductions, mes écrits ici, mon travail qui me fait travailler le futur, le travail de mon collègue en vacances qui me fait travailler le passé, et celui de mon autre collègue, qui me fait travailler le nécessaire présent, mes rapports qui révisent la semaine d'avant, mon lien avec le temps est très désorientant. Heureusement, ambidextre, j'ai deux hémisphères cérébraux qui travaillent en même temps. 

Le plus triste est que j'y arrive. Ce qui enverra comme message que cette manière de gérer les vacances est bonne auprès de mes employeurs. Mais je leur ai laissé savoir que non. Que chaque jour quitté à 15h me promet un jour plus gros le lendemain et que nous sommes en retard partout. Que je suis celui qui répond aux courriels de questions, celui qui promet une tâche que je vais faire moi-même plus tard, ce qu'il ne savent pas, parce que je suis homme orchestre qui combine trois postes en ce moment. Que ce sera fait quand celui qui vous écrit aura fini de vous écrire, arrêtez de me poser des questions. Absurde.

Nos vendredis sont généralement lourds pour moi et le collègue en vacances. Moi pour les raisons plus haut, lui parce que les services à valider/réviser du jeudi sont très nombreux. Mais pas pour les 6 autres du bureau. Donc eux/elles, vivent un vendredi comme la plupart, léger et presque déjà en week-end. On avait un aide de l'extérieur qui ne l'a pas été tant que ça pour moi, qui n'a absolument rien fait vendredi avant de partir en week-end dès midi. 

Pourquoi il n'a rien fait ? Parce que que s'est-il donc passé vendredi dernier ? Panne mondiale de Windows, Omnitract et Coresuite. On ne pouvait rien faire. Mais j'étais si en retard sur tout depuis une semaine que je n'ai jamais senti l'effet de la panne. Je répondais aux courriels, je rushais comme chaque fucking vendredis, qui au moins sont toujours suivis d'un great samedi, puis d'un fantastique dimanche.

Trois fois je me suis levé de mon bureau afin de questionner des collègues sur quelque chose par rapport à ce je faisais, demander des précisions et toutes les fois, je semblais les déranger en train de vacher puisqu'incapable de bosser. Mais ils savaient que je travaillais fort parce que chaque fois, ils m'ont accordé la priorité de parole alors que je coupais des anecdotes ou des impressions sur une série de mangas ou sur les Canadiens de Montréal et Demidov. On voyait bien que je bossais fort comme j'étais forcé de le faire toute la semaine. 

Ils étaient si satisfaits de ne rien faire que sur l'heure du diner, une heure que je passe à manger face à mes écrans parce que trop occupé à ce moment, ils sont sortis pour diner au resto plus de 60 minutes.

C'est là qu'est arrivé Pou.

Jessuzun Pou. 

Écouteurs dans mes oreilles pour écouter et suivre le rythme Mingus, m'est apparu Jessuzun Pou. Un ancien collègue. Dont j'ai hérité d'une partie des tâches. Et qui a quitté pour de bonnes raisons. Il avait des problèmes de contrôle de rage. On lui servait un xème avertissement et après avoir été forcé de suivre des cours de gestion de la rage, qu'il n'a pas voulu prendre je crois, il a préféré quitter pour aller travailler pour une ville avec laquelle on fait affaire. En a été limogé. Pas surpris je fus, mais j'étais calissement le seul au bureau, alors c'est à moi qu'il est venu parler ce Pou. Qui n'a jamais été mon ami. Et dont je comprends tous les griefs qu'on pourrait avoir contre lui. On s'est parlé comme deux anciens amis, mais je devais travailler aussi, j'étais surchargé, mon lundi promettais pire (le fût), et lui, je n'avais rien à lui dire. Il bouffait mon temps. Et travaillait maintenant ailleurs où il se faisait chier. Il revenait visiblement pour faire comprendre qu'il aimerait travailler à nouveau ici. Ne s'en est même pas caché. Les deux personnes qu'il voulait rencontrer ne seraient pas au bureau de ce vendredi. 

Il est resté trop longtemps autour de mon cubicule pouvant prendre la mesure de tout le travail que j'avais dans mon assiette. Et de la montagne qui m'attendait lundi. Il a des arguments pour être réengagé. Je lui redonnerais volontiers les communications avec les villes. De surprenant idiots dans certaines villes. Mais on le connait, lui ici. Et on connait ses défauts. Ils ont aussi des arguments pour ne pas le réengager. 

Quand les dineurs sont finalement revenus, il était 13h30. Et les systèmes ont été rétablis une heure après. Inutile de vous dire qu'on a rétropédalé la dernière demie-heure, je ne l'ai pas vu partir parce que j'étais trop occupé.


N'ai toujours rien à lui dire de toute manière. 

Sinon qu'il y a une place en enfer pour ceux et celles qui viennent nous visiter en vacanciers les vendredis suroccupés.

Surtout pour ceux et celles qui le savent, calisse.  

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