Je suis donc vulnérable au syndrome "les jeunes de nos jours..." ou encore "Nous au moins..." en clivant une génération entière nous succédant. Je vais tenter de ne pas tomber dans le piège. Mais des observations me semblent claires. Grand passionné de musique que je suis.
J'ai déjà dit quelques fois que j'ai concocté des listes de lectures musicales ne dépassant jamais 1h40 sur Spotify des années 1955 à nos jours, musiques qui m'ont plu et listes auxquelles je retourne ponctuellement, ajustant ici et là, au gré des inspirations, quelques sacrifices ici et là. Une seule chanson par artiste dans une année, à moins que cette artiste n'ai eu 2 albums dans la dite année. Comme Stevie Wonder dans les années 70, Dylan ou les Beatles dans les années 60, Elvis dans les années 50. 2024 aura 2 chansons de The Smile car ils ont un morceau de simple qui m'a beaucoup plu et un album aussi sur lequel ça ne se retrouve pas. J'ai 1h15 depuis le début de l'année en cours.Enfin, m'amusant à construire tout ça, j'ai forcément survolé une évolution historique de la musique dite populaire/passionnante. Ça a forcément changé. Je l'ai déjà souligné, au début c'était la communauté noire et le jazz, ensuite, les mâles, finalement de nos jours, et ce, depuis facilement 5 ans, les Femmes. Et c'est fort bien ainsi.Musicalement, rien n'est mort. Les fatalistes, nostalgiques et les "moi, dans mon temps..." ne seront pas complètement d'accord, mais comme les langues, comme les sociétés, les films, les rôles en société, les musiques, avec le temps, se transforment. Toujours accompagnées du temps et de leur époque. Beautiful Things de Benson Boone parle aux jeunes. Et moins jeunes. Quand notre fils de 25 ans a gradué, un élève a changé les paroles de 7 Year Old de Lukas Graham pour les adapter à leur 5 ans du secondaire. C'était une brillante idée. Et il n'y avait pas un seul oeil sec dans ceux et celles qui l'écoutaient. Même parmi les parents. La connexion ne pouvait pas leur être plus parfaite. Et c'est ça les arts. Connecter avec quelque chose qui vous liera à d'autres.
Et qui vous transformera peut-être aussi.Je faisais réaliser à mon fils que bien que la musique populaire soit plus féminine, je restais un peu encore sur ma faim musicalement. Les chansons n'en ont pas toutes besoin, mais il semble que la batterie et la base ne soient pas si souvent impliquées dans les compositions féminines. Ce n'est pas vrai pour toutes, Lucy Dacus, King Hannah, Boygenius ou Billie Ellish échappent à ce que je viens de dire. Beyoncé aussi, pas mal. Bille Ellish a comme dernier album un véritable bijou dont les morceaux défient toute logique constructive et c'est merveilleux comme audace. Je ne me lasse pas de son effort de 2024.
Mais cette semaine, j'ai aussi écouté ma liste de lecture de 1988. Parce que je réalisais que je n'avais pas mis Twist in my Sobriety, bijou de Tanita Tikaram, dans ma liste de cette année-là. Ce que j'ai fais, écoutant la liste par le fait même pour y resentir l'année de mes 16 ans.C'est vrai qu'entre 8 et 28 ans, se forgera en nous un ADN musical qui variera assez peu avec les années.
En écoutant Elton John dont j'avais acheté le 45 tours alors, je me suis posé la question pourquoi j'aimais tant cette chanson particulièrement au point d'en acheter le single. J'ai compris vers 3:23 le combo piano/synthé est parfait pour mon oreille. Ça me fait le même effet jouissif que le piano (& base 3:25) de The The, que j'explorais vers le même âge, sur une chanson précise, mais lancée 5 ans avant.
De la musicalité instrumentale. Dont les instruments se gravent dans le mental.Puis j'ai écouté Blue Eyed Pop des Sugarcubes que RBO m'avait fait découvrir un an ou deux avant. Avec Björk J'en avais la cassette verte. Adoré. Pourquoi celle-là? la guitare funk, le combo batterie/base. Les cuivres (peut-être joués aux claviers) vers 2:06. Instruments. Livraison pseudo punk. Intérêt pour la musique.
Finalement, un peu plus loin, juste avant la brillante Tanita qui fait une belle place au hautbois sur son morceau, The Pixies que j'ai récemment vu en direct en spectacle, sans Kim Deal par exemple. Black Françis ne voulait pas endisquer Here Comes Your Man qu'il avait composé à 16 ans et qu'il trouvait que ça ne représentait en rien le son du band, son band. Non seulement on l'a convaincu de l'enregistrer, on a aussi choisi d'en faire un single, puis un clip puisque c'était l'ère de l'image, de la compréhension de son pouvoir jusqu'à nos jours, à son zénith. Mais c'est pas le morceau que j'ai pris. J'ai pris le morceau que Santiago avait brodé autour d'un arpeggio assez paresseux* qu'il a transformé en hook. Que le générique du film Fight Club a poussé en seconde vie allant jusqu'à faire dire à la radio Australienne de l'époque que c'était la 29e meilleure chanson de tous les temps. Ins-tru-men-ta-tion.Mes enfants, sans en réaliser l'ironie, me disait un autre tantôt " Ça parait quand c'est ta musique, c'est surtout fait avec des instruments." (idéalement oui...)
C'est là que j'ai compris une des différences majeures entre la musique d'alors et celle de nos jours. Il y a toujours eu des deux, mais avec la domination de l'image de nos jours, c'est plus marquant. Et aussi parce que les jeunes de nos jours jouent moins dehors que nous le faisions, ils ont besoin de se communiquer autrement. Ils se parlent virtuellement comme on est encore, nous, x, tout neuf à le faire par rapport à eux. Ils se parlent en chansons aussi. Dans les artistes, comme toujours, il y a ceux et celles qui s'intéressent encore beaucoup à la musique. Et ceux et celles qui ne s'intéressent qu'à la célébrité.Et dont la musique est accessoire dans leur trajectoire. Une mesure de "j'aime". Ce dont nous sommes tous coupables: de vouloir être aimé.
Mais je réalise que je suis le Sherlock Holmes des pauvres en vous disant ça.
Hold my beer, je vais aller réfléchir à "l'acceptable" pré-enregistrements dans les shows sur scène de nos jours.
Et du drame de Mini Vannili pour la découverte de ce "faire semblant".
* dans le clip, un autre film toutefois, fabuleux pour moi, Trainspotting.
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