Shelley Alexis Duvall (1949-2024)

Née dimanche dernier, il y a 75 ans, au Texas, elle est l'ainée d'une famille de 4 dont les trois autres enfants sont ses jeunes frères. Scott, Shane & Stewart. 

Les Duvall aiment les S. 

Comme Stars. 

Jusqu'à ses 5 ans, on bouge beaucoup au Texas avant de s'installer à Houston où papa sera avocat et maman, agente d'immeuble. Elle est si énergique que sa mère la surnomme "Manic Mouse". Elle est très animée par les arts et la science. Après avoir gradué du collège en nutrition, elle vend des cosmétiques dans les magasins. Alors que le cinéaste Robert Altman fait une soirée de fête au Texas, là où se trouve aussi Duvall, la grande, mince aux grands yeux attirent son attention. Elle est si énergique, a une telle présence qu'on insiste pour qu'elle soit du film en cours à Hollywood, la comédie noire Brewster McCloud.  Elle ne s'était jamais imaginée actrice, et se dit, bon, pourquoi pas ? Nouvelle mariée, sa nouvelle vie lui coûtera toutefois son mariage. 

Altman l'aime tant qu'il la réutilisera dans (L'excellent) McCabe & Mrs Miller, Thieves Like Us, en groupie dans Nashville, et en sympathique femme du Far-Ouest dans Buffalo Bill & the Indians or Sitting Bull's History Lesson. Elle sera choisie pour la télé dans l'adaptation d'une nouvelle de Françis Scott Fitzgerald, Bernice Bobs Her Hair, dans le rôle titre.  Son visage et son talent sont maintenant si connus qu'elle animera Saturday Night Live en plus de jouer dans 5 sketchs. 

En 1977, elle joue dans le presqu'hanté et surréaliste Three Women de Robert Altman. Altman fait un soir un rêve et le tournera ensuite en film qui deviendra celui-ci. Une comédie touchante et se rapprochant à la fois de Kubrick et du futur David Lynch. Je pense un jour acheter ce film qui reste en tête. Il évoque aussi Persona d'Ingmar Bergman. Sissy Spacek et Shelley Duvall y sont formidables. Le décor est presque lunaire. Le film est un essai sur images et, trop niché, le public ne suit pas. Ça ne fait pas d'argent du tout. Toutefois, les performances des deux actrices sont adorées partout. À Cannes, Duvall gagne la palme de la meilleure actrice pour ce film. L'Association des Critiques de Los Angeles lui donne aussi le prix de la meilleure actrice. Elle se mérite également une nomination au BAFTA, Oscars Anglais. Elle joue une scène dans le chef d'oeuvre de Woody Allen, un des mes films préférés à vie, Annie Hall.  J'ai eu ce poster dans ma chambre toute mon adolescence et le nom de Shelley Duvall y était écrit en grosse lettres. Je l'ai lu souvent sans trop le réaliser. Sur ce tournage, elle fait la rencontre de Paul Simon avec lequel commence une idylle de deux ans. Le temps que Duvall ne présente Simon à Carrie Fisher, qui lui volera son coeur à lui. 

Elle tourne ensuite avec Stanley Kubrick qui la torturera. Même Jack Nicholson dira que Kubrick était dur avec tout le monde, mais avec Shelley, il était pire. Kubrick et Duvall argumentent souvent et Kubrick l'isole des autres et lui fait tourner la traumatisante scène du bâton de baseball 127 fois. Il tire d'elle une performance plus vraie que vraie. Même si tout le monde salue encore sa performance extraordinaire, la fondatrice des Razzies, la nomine dans la catégorie de la pire actrice. Un geste qu'elle regrettera découvrant comment Kubrick avait été dur avec elle. Mais Duvall ne lui en voudra jamais. Sentant qu'il a tiré le meilleur d'elle-même. 

Elle jouera le rôle d'Olive dans le Popeye de Robert Altman, et encore une fois, même si le film est une catastrophe au box office, on salue sa performance. Elle a tout à fait le physique de l'emploi et un sens de la comédie naturel. Elle jouera Pansy dans le Time Bandits de Terry Gilliam puis, anime et produit une émission de théâtre pour enfants à la télévision. Elle joue elle-même dans 7 des 27 épisodes qu'elle produit. En 1985, elle créé aussi Tall Tales & Legends pour la télé, adaptant des contes folkloriques nord-américains traditionnels. La série de 9 épisodes lui vaut une nomination aux Emmys.

Elle devait jouer dans une adaptation d'Even Cowgirls Get The Blues de Tom Robbins, qui devait mettre aussi en vedette Mick Jagger, Jerry et Cindy Hall et Sissy Spacek, mais le projet ne voit pas le jour avant 1993, avec une toute autre équipe.  Elle fera une voix dans un court-métrage de Tim Burton et joue dans un film pour la télévision axé sur la vie de Booker T. Washington. Elle sera d'un épisode de Twilight Zone et dans Roxanne avec Steve Martin. Débrouillarde et dégourdie, elle fonde sa propre compagnie de production de films pour la télé. Elle commence à vivre amoureusement avec le chanteur de The Breakfast Club, Dan Gilroy. 

Elle adapte Poe pour Noël. Elle joue avec Christopher Lloyd et Hulk Hogan au cinéma. Chante des comptines sur disque et pour Noël. Sera invitée dans un épisode de L.A.Law . Elle sera d'un film de Disney pour la télé et compteuse d'histoires juste avant de se coucher. Elle apparait dans Portrait of a Lady de Jane Campion, y étant parfaite, sera éleveuse d'autruches pour Guy Maddin. 

Elle est constante à la fin des années 90 alternant comédie, film noir, horreur et drame. À partir de 2002, elle se retire un peu. Elle a 53 ans. Elle revient le temps d'un film, 20 ans plus tard, tournant l'horreur avec Edward Furlong. 

Elle ne se réveillera pas dans la nuit du 10 au 11 juillet cette semaine, décédant de complications liées au diabète.

Elle avait 75 ans depuis dimanche. 

Dan Gilroy et tous ses fans, dont moi, sur écran comme au privé, la pleure.

Tu seras comment te présenter là où tu te rendra. 

Merci, Bubbly girl who fought the black dog.