jeudi 15 décembre 2022

Savoir C'est Quoi L' Amour

Je ne suis pas fan de voitures. Là dessus, je suis plutôt le contraire du cliché mâle. À bien des égards d'ailleurs, je suis plus souvent contraire aux préjugés mâles. C'est le résultat d'avoir été élevé avec deux plus jeunes soeurs, dans une rue majoritairement composée de filles, et avec beaucoup plus de cousines que de cousins. 

Ça a fait en sorte que mes parents, à partir de la 4ème année du primaire, m'ont envoyé dans une école strictement de garçons. Mais dès lors, les filles me manquaient. Je me vois encore regarder passer dans la rue les filles qui se rendaient à l'école secondaire tout juste en face en me disant que j'avais hâte d'y arriver. 

Mais revenons aux voitures. Chez nous, on a eu plusieurs voitures différentes. Je ne pourrais pas vous les énumérer toutes car les voitures, je vous l'ai dit ne m'intéressaient pas. Mon père non plus, d'ailleurs. J'en suis sa pomme, là-dessus. Avant plusieurs voitures usagées, mes parents ont achetés leurs 2 premières voitures neuves, en 1991. Ils avaient respectivement 44 (dad) et 43 ans (mom). C'étaient des Ford Escort vendues par le concessionaire dont le patron était le père d'un ami proche à moi (17 ans, alors). Pendant trois ans, j'ai conduit facilement trois voitures différentes. Une grise deux-tons ( Me rappele plus quoi, Ford LTD ?) une rouge (Plymouth Reliant K) et une jaune (Une Datsun 210). Depuis mes 15 ans, je conduisait régulièrement car mon père. excessif, était pressé de voir son ainé prendre le volant et me faisait conduire très jeune. Illégalement. 

Mais bien que j'aime l'indépendance qu'une voiture m'ait toujours procurée, jamais je ne m'y suis intéressé davantage qu'on le ferait normalement pour sa paire de souliers. Si la voiture peut me fournir la musique qui me plait, c'est tout ce qui m'importe. J'ai eu 4 voitures dans ma vie et n'ai été le moteur de rechecher d'aucune des 4. Pour la première, c'est mon père, à mes 20 ans, alors que j'étais à Montréal et le reste de ma famille, à Québec, qui m'avait poussé à m'acheter une voiture usagée. Qu'il m'avait trouvée devant mon peu d'enthousiasme. Une Micra à la couleur de ma passion voiturière, beige. Elle a durée deux ans, avant de mourir. Ensuite, ma conjointe avait la sienne, j'étais à Montréal, jamais je n'ai senti le besoin d'en avoir une autre pendant 5-6 ans. 

Puis, on a déménagé dans le 450. Pour mon anniversaire, mon père avait choisi de généreusement me donner une voiture neuve de l'année (la 1ère je l'avais payée). Sous prétexte que je ne demandais jamais rien comparé à mes deux soeurs. Une Honda Civic noire. Je ne suis pas en mesure de croire que je pourrais acheter une autre couleur. Le frère de ma conjointe est mon antithèse là-dessus, c'est un passionné des voitures. Il a travaillé pour l'usine GM et travaille maintenant sur les avions de Boeing. C'est lui et sa soeur (ma blonde) qui m'ont poussé à changer ma Civic. Jamais je n'aurais eu ce réflexe, attendant qu'elle crève, comme la Micra, de sa belle mort. Je l'ai revendue contre une Volks Jetta que je n'ais pas été capable d'aimer pendant une semaine, vivant le deuil de ma Civic. Là encore, c'est ma blonde qui m'a poussé à la changer. J'ai proposé qu'on la donne à notre fils pour ses 20 ans. C'est ce qu'on a fait.  Mais fallait en acheter une autre. J'ai acheté une autre Jetta. Là, je l'aime bien, mais me cherche un boulot où je n'en aurais plus besoin (en tout cas, moins) et je veux la donner à un de mes enfants d'ici deux trois ans. Par amour pour la planète aussi. Et pour mon portefeuille.

Je rêve d'une île de Montréal sans voitures. Ce serait tout simplement magique. Déjà un endroit qui m'émerveille, alors imaginez si on en élimine les véhicules...wow!

Mon père nous as donné une tonne d'amour, parfois malhabile, mais toujours généreuse, pendant 37 ans. Ma conjointe a fait la même chose avec moi, nos proches, nos enfants depuis 30 ans. Je redistribue moi-même assez généreusement. On est baignés d'amour, chanceux que nous sommes. 

L'amour gagnera toujours.

L'amour. Gagnera. Toujours. 

Une fillette de 7 ans, cadette d'une fratrie, une Ukrainienne dont la famille a quitté l'insupportable guerre des génocideurs Russes, a été mortellement frappée par une voiture avant-hier matin, à Montréal. L'homme de 45 ans qui l'a frappée a quitté les lieux, on ne sait pas encore pourquoi. Il s'est livré en fin de journée. Il a peut-être simplement paniqué. Il a comparu hier midi, est formellement accusé de délit de fuite mortel. 

 Mon père est mort d'impatience en 2009. Avec une sévère blessure à la tête, il a trouvé l'attente dans la salle d'urgence trop longue. Il a quitté et a choisi de plus ou moins s'auto-guérir (il avait eu le temps d'être vu une fois, avant). Moins d'un mois plus tard, l'hémorraghie dans sa tête s'était répandue assez pour lui causer un anévrisme fatal. 

Les travaux dans le tunnel liant la Rive-Sud à Montréal sont majeurs. Les impacts sur le trafic tout autant. Les paralysies, partout. Les détours partout. Pour encore plusieurs années.

On ne sait pas encore si cette enfant est décédée d'impatience. De déni, surement. 

Une de ses amies, de 8 ans, a dit, me faisant verser une larme chaude dans la nuit froide du matin, que la victime ne grandira malheureusement jamais. Et ne saura jamais c'est quoi l'amour. 



Elle y aura tout juste un peu goûté. Mais la guerre a tout voilé. Et la machine s'est interposée. 


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