Bannir

On se rappelle (ici) la très mauvaise idée ontarienne de bruler des livres dépeignant la manière dont été dépeints les autochtones dans certains de ceux-ci.  Ça partait d'une très bonne intention, noble même, mais la manière était tristement condamnable.

Un conseil scolaire du Tennessee, la semaine dernière, a banni l'excellente B.D. pour adulte, gagnante du prix Pulitzer, Maus d'Art Spielgman. Il s'agit de l'histoire de souris (dans des corps et des comportements d'Hommes) et de chats, les premiers étant Juifs, les seconds, Nazis. C'est une brillante allégorie sur l'Holocauste, facile à comprendre. On se justifie en condamnant la violence, la nudité (de souris !?!), et la profanité de certains propos. On a entendu un des censeurs dire que montrer des gens nus (des souris) et des gens (des souris), tuant des enfants (souris), ce n'était le genre de choses qu'on voulait poursuivre dans le cursus scolaire. 

Très vite, on a condamné l'absence d'apprentissage de l'histoire, de manière originale et facile à rejoindre la jeunesse (par la B.D. et la caricature animale) et au final, le racisme Nazi. L'histoire des Juifs est horrifiante et doit être connue. Ce qu'on découvre, contre toute attente, c'est que cette nouvelle tendance à la censure, généralement facilement associable à la droite conservatrice des États-Unis est maintenant, comme dans le cas de la mise à feu d'un paquet de livres au Canada touchant les autochtones, le bannissement vient désormais aussi un peu de la gauche. 

Ce que les Boomers appellerait "le wokisme".

L'American Library Association Office for Intellectual Freedom, aux États-Unis, pays malade qui approche le cap des millions de morts de la Covid, dit que jamais ils n'ont eu autant de demande de censure de la part de comité de gens d'un peu toutes les sortes. L'Oregon considère aussi bannir ce même livre. Dure à comprendre, idiotie. 

Le hasard a voulu que ma bru, avec un certain flair, m'a refilé ce livre (qui lui avait été imposé à l'école) dans les semaines qui ont précédé cette censure pensant que ça allait me plaire. Je l'ai lu. Elle ne s'est pas trompé. C'est assez brillant. Il n'y a toutefois aucune nudité. Ces gens ne l'ont donc jamais lu. C'est une mensonge pur et simple. Il y a bel et bien une brutale mort d'enfant. Mais encore, il s'agit de l'unique moment d'inconfort dans toute la B.D. Mais la guerre, je n'apprends rien à personne, j'espère, est la pire chose au monde. C'est aussi comme ça qu'il faille le comprendre et l'apprendre. 

Si on ne peut pas apprendre cela aux enfants dans les écoles et qu'on leur apprend à se débrouiller en cas de tuerie dans ces mêmes écoles, une réalité unique au monde, dans quel sens placent-t-on les valeurs? Le premier sujet serait inacceptable, on ne pourrait pas savoir pourquoi et le second serait raisonnable, parce que, on a pas le choix, faut composer avec. Tout le monde a des armes. 

Pays, malade, je vous dis. 

Les gens pensent aux livres comme de la dangereuse propagande. Toutes les dictatures ont peur de leurs intellectuels, toute littérature, tout art, est potentielle propagande. Des adultes ont été dérangés par ce qu'ils ont lu. Une certaine catégorie d'adultes fragiles, ce que qu'on compte de plus en plus nombreux en Amérique du Nord. Des gens qui n'ont qu'une vision de la littérature. Celle que la littérature doit sauver ton âme. Et le seul dogmatique livre qui le ferait bien serait le best seller de fiction The Bible.  

Les 3 R de la censure ne sont pas 100% appliqués. Reduction, Removal, Restriction et Relocation. On peut encore trouver le contenu du livre en ligne et se le commander. On peut même le prendre à la bibliothèque. Mais il ne fait plus parti du cursus scolaire. Mais si on retire un livre précis dans un endroit précis, on retire, justement. Ça se classe dans Removal. C'es bel et bien bannir. 

Ironiquement, ma fille, au secondaire, lui était imposé Schindler's List. Le livre et le film. Divulgâchis ici, pour ceux qui n'ont pas vu ce formidable film: Des enfants sont exécutés sommairement. En prenant le café du matin. Fumant sa cigarette après l'amour.  

Quelques Ontariens ont beau avoir eu la très mauvaise idée de brûler des livres, maladresse largement soulignée entre 39 millions de Canadiens, les États-Unis ont encore beaucoup de chemin à faire, avec 300 millions d'habitants de plus. 

On se comporte là-bas comme si la Covid était réglée. On prétend avoir atteint le 900 000 morts. Mais je soupçonne que plusieurs États négationnistes et révisionistes, n'aient pas toujours donné les bons chiffres à ce niveau. Il y a quand même un État (la Georgie) qui a comme représentante au Sénat, Marjorie Taylor Greene, candidate déséquilibrée, élue.  Les stats ne sont plus publiées aux États-Unis. Depuis longtemps. Ainsi, un aréna plein aux États-Unis, ne fournira aucun chiffre de nouveaux contaminés. 

En somme, les États-Unis sont encore l'endroit où la gestion de la pandémie est l'une des pires dans les pays "civilisés" de la planète. 

Ce qui rend tellement insultant leur gestion du prochain repêchage de la LNH, qui doit se tenir à Montréal. On menace grotesquement de déplacer aux États-Unis en raison de nos mesure sanitaires. 

Question de mieux attraper la Covid et ses variants, je présume. 

Leur gestion de l'éducation est, de toute évidence, du même grotesque.