Lire c'est penser, réfléchir, parler à un ami, l'écouter, l'entendre, le comprendre ou pas, s'immiscer dans une réalité qui n'est pas la nôtre, c'est oser, braver ses préjugés, découvrir un nouvel angle sur les choses, sur la vie et les autres, et sur soi-même. C'est prêter oreilles à des confessions, des fantasmes, c'est avoir l'oeil et la tête sur de nouvelles perspectives, c'est s'ouvrir. C'est se pencher sur de nouvelles idées, forger les siennes, les confronter, c'est écouter une musique, un rythme, en développer de nouveaux, c'est l'écho de moeurs, qui ne seront parfois jamais les nôtres. Lire c'est explorer sous une nouvelle lumière. Lire c'est s'ouvrir les sens et s'agrandir les espaces mentaux. C'est se balader sur la plage du monde entier et des gens qui la compose. C'est danser sur le cerveau d'un(e) autre. C'est apprendre la vie par les yeux et les mots. Par le moteur de la pensée redessinée. C'est un regard, une inspiration , un souffle.
Lire c'est la vie des autres et un peu la nôtre aussi, parfois.
Chaque mois (vers la fin) je vous parle d'un livre qui m'a séduit par son auteur, son contenu, son sujet, parfois les trois. Et j'essaie de vous dire un peu pourquoi.
Lire c'est aussi beaucoup mon métier. Lire pour moi, c'est mieux respirer.
SUMMER THINGS de JOSEPH CONNOLLY
L'été c'est fait pour rire. Joseph Connolly est un ancien libraire anglais (pendant 15 ans) qui a choisi de passer à la plume en 1995.
Il est hilarant.
Summer Things raconte les vacances délirantes de plusieurs familles où la dignité en prend pour son rhume, ou le snobisme est vivement écorché, où la prétention est grotesque et où les tromperies sont nombreuses. Dans la foulée de l'humour tranchant de Tom Sharpe ou Kingsley Amis, la prose y est présente mais surtout outrancier au maximum. La bourgeoisie y est grafignée. Elizabeth est perpétuellement à la limite de la dépression car sa vie de princesse n'est pas continuellement 5 étoiles. Son mari se morfond mentalement de ces lamentations. Ce mari, du point de vue d'Élizabeth, n'existe que pour sa carte de crédit. Leur voisine de chambre, Dotty, envie leur vie. Dotty est elle-même prisonnière d'un mariage particulier. La monoparentale Mélody est aussi en mer dans la même équipée. Miles est l'aventurier. Une guide se mêle au groupe. Tout le monde se croise dans une foire absolue.
Il y a là beaucoup à rire.
Une grande bourgeoise qui s'ennuie sans vraiment s'en rendre compte, son mari qui boit sans arrêt pur oublier sa vie, ce qui le place toujours en marge de tout, la jeune maîtresse du mari, bookée sur le même voyage et qui est aussi la meilleure amie de l'épouse, le couple d'amis, sans le sou, qui tente de montrer le contraire en multipliant les ruses, un incorrigible dragueur, un homme maladivement jaloux de sa femme, des jeunes qui tentes de fuir leur famille et vivre leur jeunesse, tout ça mis dans la mixette, on croise et recroise les différents fils narratifs et on obtient multiples malentendus où on se demande qui a croqué qui dans ce quiproquo? Il y a tromperies sous toute ses formes. Coucheries sous plusieurs variantes. Un gag de t-shirt mal épelé m'a fait exploser de rire.
Le lecteur est régulièrement mis dans la confidence car nous nous promenons dans les tortueux corridors mentaux de tous ces personnages. Ce qui peux dérouter lors des 20 premières pages, mais lorsqu'on a compris l'idée, le plaisir est certain.
On rit beaucoup.
Michel Blanc avait tellement ri qu'il en avait fait un film. Raté à mon avis. Trop éparpillé et dont certaines ne fonctionnaient tout simplement pas pour des raisons de mauvais choix de montage (la scène du t-shirt, justement, inexplicable dans le film).
Pour amateur de lecture d'été, de franche rigolade, de lecture de vacances, d'été, d'enfilade de gags de toute sorte, de Three's Company, de cynisme anglais, et de moqueries estivales.
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