'Doit faire 30 degrés dans le camion. Fucking hot dehors aussi. Toutes les femmes se sont passé le mot pour exposer leurs jambes. Je suis devenu un vrai col bleu. Je fantasme sur un paquet de femmes qui jettent leurs yeux sur moi, convaincues qu'il va de soi qu'un employé de la ville les reluque du regard. Ce que je confirme par mille en ce mercredi trop chaud et fort ensoleillé.
Je conduis un camion en hauteur. Ce qui me permet de voir les conductrices plus bas, quelques fois, au volant. Avec leurs jupes devenues soudainement très très courtes ou leur shorts presqu'inexistantes, tellement elles sont serrées. Celle-là, en s'asseyant au volant de sa voiture, a jeté un regard dans ma direction afin de voir si j'avais vu son entrejambe.
J'ai vu tellement plus dans ma tête...
J'ai vu tellement plus dans ma tête...
Voilà! Je suis devenu un vrai col bleu. Bassement bestial. Vulnérable aux mollets féminins qui guident vers les genoux et glissent jusqu'aux cuisses. Un vampire de jour platement mortel.
Je me semble dans une version améliorée de la tristesse depuis quelque temps. La fatigue, surement.
Le freinage perpétuel de crises de panique dont les sources me mettent une pression immense sur les épaules jusqu'à la fin juillet...
Une chanson passée à la radio me pousse du spleen au bonheur total: Life in a Northern Town . Ça change de radio-Despacito. La chanson de The Dream Academy me bouleverse encore comme si je l'entendais pour la première fois. Chanson dont le vidéo débute (et passe de longs moments) ironiquement au volant d'une voiture. C'est ce que j'aime de mon job de col bleu: l'exploration des villes. Je la ferais nettement plus en jogging qu'en brûlant du diesel cette exploration, mais bon. Pour le moment, Ça occupe une partie de mes jours. Et les femmes de Montréal et ses environs sont toujours les plus belles. Je n'en démord pas. C'est pas pour rien que c'est un vélo québécois qui a gagné la 5ème étape du Tour de France nommé La Planche-Des-Belles-Filles...
Je suis là à chanter la chanson de The Dream Academy par coeur, expulsant toute forme de virilité loin de ma barbe, et l'aiguille du niveau de mon humeur atteint de nouveaux sommets. Plus loin dans la journée, passant sur la rue Rita, c'est une autre chanson des années 80, bien de chez nous, qui me viendra à l'esprit et que je chanterai par dessus les propos de Manon Globensky à la radio à tue-tête. Et je me pense drôle en travestissant le refrain en "J'aime trop le paiiiiiiiiiiiiiin Pita!" "(J'en veux encore)".
Personne ne rira puisque je suis seul. Sinon cette jeune femme asiatique dans la voiture voisine au feu rouge. Je dépéris...J'atteins les bas fonds du vieux mononcle.
Dans mes tâches, je dois livrer quelques fois à des adresses précises. Mais quelques fois ces adresses ne sont pas si précises. Là je devais livrer au 4700 Lalande. La première adresse au coin de la rue Lalande est 4704...et ensuite, on passe au boulevard Gouin Ouest. WTF? J'erre longtemps, m'adresse au garagiste grec qui fait le coin et il ne comprend pas plus.
Une jeune femme, (en micro-jupe, bien sûr) vient vers moi. Ce n'est même pas moi qui entame la conversation. Elle me dit d'une voix flûtée:
"Tu sembles perdu? tu cherches quelque chose?"
Je te cherche partout en vain,
nectar des nectars, parfum sain
Je dessine ton corps, te jettes un sort
tendresses, ivresses, caresses, paire de fesses...
(...)
Bien sur que non, je ne lui dit pas tout ça. Je le pense comme un ado testostéroné. Je vis beaucoup de pression je vous dis, et ce, jusqu'en fin juillet. J'ai besoin de décompresser.
Ça sort beaucoup plus plate:
"4700 Lalande, je dois livrer ceci"
"C'est dans le nouveau développement, derrière le dépanneur, je t'y amène"
Emmène-moi voir la mer
Fais-moi boire l'océan
Emmène-moi dans les airs
Aime-moi dans le vent
Ce tutoiement spontané, ce sourire, ses jambes...
Une nouvelle chanson me naît en tête.
Une nouvelle chanson me naît en tête.
On trouve ensemble le 4700 Lalande.
"...Rita..."
"Rita?"
"Rita"
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