Quand U2 est venu à l'hippodrome de Montréal, il y a 5 ans, la sortie de la massive foule sur place a été extraordinairement chaotique.
La police avait eu la fameusement stupide idée de limiter l'entrée au métro à une seule porte. Dans une forme de contrôle inefficace, inutile, et surtout extrêmement dangereuse. Quand la pluie a soudainement surpris tout le monde, un mouvement de panique s'est emparé des milliers de gens qui convergeaient tous dans la même petite entrée et comme nous étions alors vers le devant, on nous poussait si fort qu'une réelle menace de piétinement était possible. J'ai protégé l'amoureuse et ses 5'4 du mieux que j'ai pu mais je me souviens avoir travaillé très très fort en poussant en sens inverse avec mon dos.
Puis, quand on est finalement entré dans le métro, nous étions, la belle, moi et pas mal tout le monde extrêmement tendu. Certains criaient leur indignation devant cette très mauvaise décision, dangereuse inutilement.
J'avais une bouteille d'eau vide en main. Ne sachant où la placer, car la poubelle ne semblait nulle part, je l'ai placée exactement là où il y a en avait pas une, ni deux, pas même trois, mais bien 4 autres identiques, vides, sagement sur le rebord d'une fenêtre du métro dans les marches.
Deux policiers glandaient tout près. Le plus avorton des deux m'a dit:
"HEY! tu mets pas ça là!"
J'étais si sur le nerf, j'ai eu un geste de totale impulsivité. J'ai repris la bouteille et dit : "Tu me niaises tu?". Mais je n'ai pas que dit ça. J'étais encore hypertendu du moment de presque mort que nous venions de vivre pour rien et j'ai tiré de toute mes forces la bouteille vide sur les murs. Sans rien viser. Simplement pour décompresser. J'acceptais la prison pour un soir.
Je le répète, je ne visais rien.
Mais ça, personne ne le savait. Nous étions très nombreux. Tout le monde a tout vu.
La bouteille vide a frappé deux murs contigus et venu plonger au creux d'une poubelle murale dont j'ignorais l'existence.
Je n'ai absolument pas bronché. J'ai dévisagé. l'avorton comme si j'avais tout calculé. J'ai passé pour le plus grand des magiciens. J'ai éclaté de rire plus loin, mais pendant quelques minutes, j'ai fait sourire des gens tendus et ai passé pour un Dieu de la précision.
Les deux policiers glandeurs était en coït interrompu.
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"Papa, peux tu venir nous chercher aux Foufs! Uber veut pas nous prendre, un des nôtres est trop chaud!"
Monkee...dont l'entourage ne cesse de célébrer ses 18 ans. Ce soir là, ils étaient une trentaine aux Foufounes Électriques sur Ste-Catherine. Ils étaient 27 à quitter à la fermeture ou avant, et on laissait derrière le plus pacté/endormi de la gang. Mon fils et sa blonde ont choisi de ne pas le laisser moisir dans la rue. Mais ils ont aussi choisi de faire appel à ma contribution. À 4h00 pile du matin. Je me levais à 5h30... La nuit, on appelle les vampires.
Sans souliers (pas trouvé) les cheveux fous, j'ai conduit en moins de 15 minutes (Y a vraiment personne à cette heure sur les routes) et les ait retrouvés sur Ste-Cath. Mon flair à Montréal est parfait. Je ne marche/conduis plus ces routes régulièrement, mais je m'y retrouve comme si j'y avait passé 40 ans à le faire. Qu'est-ce qui le rendait insupportable pour UBER et soudainement supportable pour mon char, leur ami chaud? Il avait vomi tout ce qu'il avait à vomir. Et ne faisait maintenant que dormir. Depuis 2h00 du matin. Lourd d'alcool.
"Je ne trouve plus ma bague!" a dit l'amoureuse de mon fils. Je n'écoutais plus, c'est si beau une ville la nuit.
Mais en même temps rien de tout ça ne me faisait plaisir et c'est moi qui ait insisté pour reconduire leur ami chez lui, (et non étendre son cadavre dans notre salon comme il était originalement prévu, il était trop "out" pour s'en vexer). Les trois ados changeaient ma musique pour des merdes de repiquage inélégants et ça aiguisait ma patience.
Ils étaient tous les trois sous influence alcoolisée. Mon fils et sa blonde pas trop, mais vulnérables quand même. Sur la route du retour, face à une lumière rouge que je souhaitais autrement, j'ai légèrement penché la tête et agité l'index comme un magicien voulant faire changer la lumière...ce qui se produit aussitôt. La blonde de mon fils a tout de suite eu une réaction surprise, mais n'a rien dit. J'ai répété le geste un peu plus loin, même scénario, la lumière a aussitôt changée. Puis une troisième fois, captant cette fois aussi l'attention de mon fils.
Ils ne m'ont rien dit. À la fois parce qu'ils se sentaient tous les deux coupables de me faire lever à une telle heure pour régler leurs beuveries, mais surtout parce qu'ils n'étaient pas en mesure, personne, de raisonner intelligemment, les neurones dans le pudding.
J'ai lu dans leur regard la totale stupéfaction face à un homme aux pouvoirs surnaturels. Je les ai tous deux regardés comme j'avais regardé l'avorton dans le métro du show de U2. En conquérant absolu.
Tout juste avant d'arriver à notre maison, j'ai une dernière fois poussé ma luck et agité mon doigt au bon moment, la lumière a tout de suite changée. Ce qui a coupé le souffle des deux derniers ados dans mon auto. J'étais en flair aigu.
Ils se sont tous les deux couchés transis. La tête dans les étoiles.
Le lendemain matin la bague de l'amoureuse de mon fils, (retrouvée dans ma voiture) était près de sa tête au réveil. Elle a semblé stupéfaite.
Ils étaient tous les deux un peu déstabilisés le lendemain.
Me traitant avec le déférence du magicien.
Et me gardant à la distance du mystique et énigmatique personnage d'un film qu'ils ne comprenaient pas encore.
18 ans...et ils croient maintenant tout savoir...
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