Bouh! qu'il faisait chaud.
Les rues en perlaient des rivières de fonte des neiges. Bercé (et charmé) par les soeurs Boulay à la radio j'ai roulé jusqu'au centre d'achats qui jadis naguère, m'avait fait faire mes première armes comme conseiller musical. J'avais tout juste 20 ans c'était donc...WOW! il y a déjà 21 ans!
À l'entrée de ce centre d'achat par cette belle journée ensoleillée, une jeune femme aux allures trompeuses. En camisole (faisait chaud je vous dis!) elle portait une jupe plutôt courte, en tout cas qui montait haut une fois assise, et des bottes-cuissardes dont l'agencement (cigarette à l'appui) rappelait davantage la prostituée que la jeune fille voulant profiter du soleil, verres fumées au nez. D'autant plus qu'une fois DANS le centre d'achat, on était accueilli par une large affiche annonçant Les Nuits d'Émilie, un talent tout en photo. (voir ci-haut)
Une fois les pensées perverses furtives passées je me suis rendu dans un magasin spécialisé en produits pour cheveux. Une commission de dernière minute pour l'amoureuse. Sans l'aide de personne, je me suis étonné, j'ai trouvé tout de suite les deux produits "de fille" sur les étagères. Le toutou que je suis a de plus en plus de flair avec le temps. Habituellement je demande tout de suite l'aide de quelqu'un sur le plancher pour ce type de chose car je ne connais en rien les produits capillaires. Cette fois, en moins d'une minute, et hop et hop j'avais trouvé avant même que la fille du plancher ne plonge vers moi. Car elle a littéralement plongé...
C'est d'abord sa mêche bleu dans sa crinière blanche que j'ai vu arriver de derrière une série de boîte. Elle s'est prise les pieds et a fait un magnifique faceplant qui m'a d'abord fait sourire mais que j'ai aussitôt effacé pour lui demander si ça allait.
Là le sourire m'est peu à peu revenu.
Elle s'est rapidement relevée comme si ce moment n'avait pas existé, comme si je ne lui avait pas demandé si ça allait non plus, et elle m'a renvoyé la question:
"Est-ce que ça va ici, monsieur?"
J'ai hésité car j'étais entre la compassion et l'éclat de rire et je scrutais son visage qui, outre un très faible rosé sur ce visage pâle, n'affichait qu'un orgueil convaincu que je serais bientôt moi-même certain que cette chute comique à mes pieds ne s'était pas produite.
"Non, ca va j'ai trouvé, mais toi ça va? tu ne t'es pas fait mal?"
"ben non!" a-t-elle dit en baissant les yeux et en faisant rapidement demi-tour, disparue comme si elle n'avait jamais été là.
This moment never happened a-t-elle probablement pensé.
Ça m'a fait pensé à un autre moment il y a 20 ans. Au tout début de ma relation avec l'amoureuse. Un chef d'oeuvre d'orgueil.
C'était notre tout premier voyage "de couple" sur les plages des États-Unis. Avec d'autres couples amis bien entendu, par mesure de protection de sa part. Probablement déterminée à donner du poids à sa menterie quand elle m'avait dit qu'elle était sportive, l'amoureuse avait choisi de se porter volontaire la première dans les vagues qui semblaient excessivement violentes. Plusieurs gens se baignaient alors nous pensions qu'il n'y avait franchement rien à craindre. Relevé d'une soirée bien arosée la veille, les mâles étaient tous plus lents à se dévêtir afin de se rendre à l'eau eux aussi.
L'amoureuse, armée de son killer bikini et de ses 5'4 s'est avancé dans l'eau à pas de bébé avant qu'une vague ne l'aplatisse une première fois face contre terre et parfaitement à l'envers, donc renversée face à nous. Orgueil oblige, elle s'est très rapidement relevée et s'est mise à marcher en notre direction, le visage impassible, lentement, comme si nous n'avions pas vu son terrible écrapoutissement. Comme si nous ne voyions pas non plus son sein gauche, tout à fait à découvert. Le temps qu'elle le replace, qu'elle désengorge aussi la bobette amplement entrée entre ses fesses à la vitesse de l'éclair, une seconde vague l'attaquait, par derrière cette fois, pour la ramener carrément à nos pieds en position d'étoile de mer, à plat ventre et jusqu'à nos orteils.
La mer rejetant son orgueil de plein fouet.
Surtout ne pas rire...
Aujourd'hui on s'amuse sur la chose, ceux qui en ont été témoins plus que la principale actrice de ces cabrioles, mais à l'époque, surtout ne pas rire...
Ce jour-là, à bronzer dans le stationnement d'un 450 à lire, un air de pimp auprès d'un air de prostituée,
je rigolais mentalement, les pieds pratiquement nus su'l ciment.
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