SeMaInE dE rElÂcHe
Dans la semaine de relâche, on veut que ça bouge. On a donc emmené toute la tralée à Ste-Adèle à l'hôtel Chanteclerc. Dans le but de patiner (did nooooot!) de marcher dans les bois en raquette, de skier (did nooooooooooooot!) de coucher à l'hôtel et de se baigner dans une piscine en plein hiver. Ça ne cesse jamais de prendre Punkee par surprise. On y a passé 3 jours. 2 dodos. Parce que quand même il n'y a pas des millions de choses à faire à Ste-Adèle. La patinoire sur le lac Rond n'était pas assez sécuritaire pour qu'on y mette notre poids avec des patins. Nous nous sommes donc rabattus la première soirée sur la glissade. En direction du lac rond. Ce qui est une plage, paraît-il, l'été. On a eu beaucoup de fun.
Puis nous nous sommes baignés. Punkee m'a entrainé dans la piscine intérieure hyperchlorée. C'est là qu'au travers d'une rimbambelle d'enfants, je me suis mis à dévisager ce que je croyais à l'origine être une libanaise. Elle avait le visage franchement trop foncé pour pouvoir rivaliser de québécitude. D'autant plus que tout près d'elle se tenait un blanc Q-bécois dont la bedaine défiait les lois de la gravité et indiquait qu'il était possible qu'il n'ait pas vu son zizi depuis des lustres. Depuis qu'il portait un bébé. Pendant que le Q-bécois ponctuait son verbe de mots d'église, la jolie exotique m'intriguait.
Je la connaissais. Et pas à cause de son (ancien?) métier. Qui était elle, donc?
Je la dévisageais tant que je me génais moi-même. Elle était accompagnée par un latino à la petite moustache fine qui, si elle ne remarquait en rien que je la bouffais des yeux, lui, ne manquait pas du tout ce qu'il prenait pour de la séduction discrète. Il n'en était rien. Je connaissais très bien ce visage mais n'arrivait pas à le replacer. Oui, elle était un brin jolie, mais pas du tout du genre qui m'aurait intéressé. De la demie-heure où nous avons fréquenté les mêmes lieux, elle n'a cessé de bosser son latino, perpétuellement inquiète du bambin qui était avec eux. Je voyais presque la laisse. Et je le répète, elle ne m'a pas regardé une seule fois. Je sais quand me placer sur l'arrière-banc. Et ce tempéremment, parfaitement agressant...mais qui était elle, donc?
Puis, j'ai compris: Amanda Rodrigues! Nous étions dans une piscine surchlorée en compagnie de l'ancienne danseuse nue, ancienne conjointe, veuve ou assassine ou les deux, de l'ancien boxeur Arturo Gatti. J'ai fait valider par l'amoureuse, je n'avais pas la berlue, il s'agissait bien d'Amanda Rodrigues! Dans un hôtel surévalué de Ste-Adèle. La pseudo-assassine des pauvres.
Nous avons fait de la raquette dans le bois. Sur des sentiers de bicycle de montagne. Plaisir tout ce qu'il y a plus sain. J'ai aussi testé leur gym. On a soupé pour 54$ de pizza (franchement!). On s'est encore baigné la puce et moi. J'ai dû courir les vétustes et étroits corridors de l'hôtel afin de tenter de comprendre pourquoi l'alarme de feu ne cessait de se faire entendre. Une balayeuse qui aurait pris feu que la rumeur laissait croire. Le temps que je me rende à l'accueil, l'alarme avait cessée.
Le lendemain, nous voulions faire du ski. Mais l'amoureuse avait peu confiance en ses moyens, nos deux équipements étaient rouillés au sens propre, laissant des traces rouquines partout, et les conditions n'étaient pas idéales, encore moins quand nous avons choisi de commencer la journée par quelques glissades.
Monkee et Punkee ont glissé en premier, à une vitesse folle, et tout semblait être amusant. Toutefois quand il sont remontés, Punkee s'est plainte d'avoir fait une partie du glissage sur le visage. Monkee a aussi dit qu'il s'était fait mal à la main mais on a pris tout ça à la légère. Papa (moi) a pensé "il faut vaincre la peur tout de suite" et je me suis proposé pour faire une descente derechef avec Punkee. Ce qu'elle a accepté.
Si les conditions pour faire du ski étaient nulles, les conditions pour glisser l'étaient tout autant. Neige dure, voire glacée.
Nous sommes donc descendus, moi à me dire "kriss ça fait donc ben mal au cul" et à réaliser trop tard que cette descente en était une vers l'enfer et la pauvre Punkee à se dire probablement "je suis avec papa, tout ira bien"
Fuck no.
Nous sommes descendus à à peu près 100 km/h et sentant que je perdais absolument le contrôle de la luge, j'ai poussé l'enfant hors de celle-ci afin de calmer la vitesse folle qui nous entrainait vers la mort certaine, pour finalement moi-même finir la pente en dévalant, d'abord sur mon épaule droite, puis en râpant ma paupière droite, mon nez, ma joue droite et mon front sur la glace.
En plus de complètement démolir la luge de plastique.
La puce pleurait, je l'ai aussitôt consolée/rassurée sans réaliser que mon annuaire gauche n'avait plus de sensation et affichait désormais une courbe inquiétante (sans faire mal). Punkee avait encore surfé sur le bord de son oeil gauche ayant officiellement l'air de l'enfant battu.
Ses larmes ont cessé quand elle a vu mon visage.
"Wooo! papa! ça va?"
Oui que je me disais, mais je ne voyais pas le bridge of my nose ensanglanté, mon front tout aussi bloody, ma paupière mauve mais je sentais le cuir de mon cheveu brûler ainsi que mon épaule hurler "I WANNA DIE NOW!"
Alors le ski après ça...PFFF!
En soirée, en revisitant les corridors de l'hôtel surestimé puisque trois nouvelles alarmes de feu m'obligeaient des balades inopinées, j'ai terminé mon trajet au bar. Avec ma face de boxeur. Et 9 doigts. C'était assez pour saisir un verre ou 15. Je me sentais papa minable.
J'y ai revu Amanda. Cette fois elle a semblé si intéressée par ma personne qu'elle m'a approché. J'ai joué la carte du "you should see the other guy" elle a aimé, son latino n'était pas autour, en laisse dans la chambre j'imagine, et j'ai senti que si je l'avais voulu, j'aurais pu la fréquenter à l'horitonzale. Ce que je n'ai pas fait. Elle n'a pas été énigmatique du tout sur le sujet. J'ai fait semblant de pas comprendre.
Le lendemain matin, en écoutant la télé, j'entendais Pierre Lapointe parler de son dernier album. J'ai beaucoup d'amiration pour Lapointe. Il est entier. Sa coiffeuse est une amie et je connais des choses que le grand public ne sait pas. Et à la télé, il était plus qu'honnête. Il était là à expliquer pourquoi ses disques vendent si bien, en grande partie parce qu'il sait comment se vendre. Et je voyais tous ses téléspectateurs qui allaient aller acheter ses disques après cette petite opération marketing.
Oui, il sait qui a l'argent pour investir sur sa musique.
Puis j'ai réalisé ce qui avait fait roucouler Amanda la veille.
C'était la même chose que Lapointe, une manière de se vendre.
Une connaissance des besoins de l'acheteuse.
Un flair de vendeur.
J'ai toujours un annuaire gauche à l'angle de la dernière phalange douteux.
Une épaule droite très endolorie.
Et une fille qui semble battue.
Je ne pourrai jamais plus convaincre ma fille de ma protection.
Mais savoir vendre un frigidaire à un eskimo pourrait peut-être rétablir cette crédiblité paternelle un jour....
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