lundi 18 mars 2013

La Belle, Le Brun et le Plombier

(à I.A.)

La plombier était convaincu de sa propre beauté. Il était pourtant tout ce qu'il y a de plus quelconque aux yeux d'Émilie. Il étirait un job de tuyau de la toilette bouchée et comme il n'y avait qu'une seule salle de bain dans le minuscule appartement d'Émilie, elle lui laissait toute la place entre la porte et la cuvette et s'était maquillée dans sa chambre face au miroir. Elle se gardait loin de lui ne serais-ce que pour ne pas lui suggérer, malgré elle, des regards qu'elle ne lui envoyait pas de toute façon.

Les garçons quelquefois, projettent sur de potentielles conquêtes leur propres fantasmes et sont aveugles aux regards qui disent "tu ne m'intéresse en rien à ce niveau-là". Et ce niveau-là, pour le plombier semblait clair. Émilie était une belle fille et le plombier comptait bien, si il ne la séduisait pas, savourer du regard cette jolie jeune dame le plus longtemps possible, jolie jeune dame qui ferait oublier toutes les vieilles madames qui jetaient leur Q-tips dans le bol et qui regardaient au-desssus de son épaule quand il travaillait. Comme si elles avaient peur qu'un indigne étron ne reface surface. Le plombier souhaitait quand même secrètement qu'Émilie (mademoiselle Chlassiett comme il la connaissait) place son joli visage au-dessus de son épaule, ça il n'avait rien contre, ce matin-là. Mais Émilie restait dans la pièce du fond, sa chambre.

"Ouin ben c'est pas mal compliqué, il semble y avoir un gros... que'que chose qui veut pas sortir j'vas aller sortir un outil dans mon char" avait dit le plombier à Émilie en souhaitant la surprendre en camisole ou en petites culottes dans sa chambre. Aucune classe l'envahisseur. Il aurait alors feint d'être gêné mais s'était précisément ce qu'il souhaitait faire. La reluquer d'un quelconque manière. Émilie était en pyjama. L'anti-charme pour un gars. C'était le message qu'elle voulait lui envoyer. "O.K." avait-elle dit en se nouant les cheveux, surtout surprise de voir cet inconnu , ouvrir la porte de sa chambre après avoir cogné faiblement sans attendre de réponse de la part d'Émilie.

Émilie, qui avait beaucoup bu la vieille, mangé mexicain et avait aussi avalé un café infect pour seul déjeuner, avait une soudaine envie d'aller faire un sérieux #2. Mais il n'était pas question de faire ça en vitesse et de potentiellement laisser une odeur nauséabonde se juxtaposer à son visage qui semblait plaire au plombier. Elle ne voulait pas de lui mais elle avait une dignité et comptait la préserver. Elle se retiendrait bien de chier.


Quand le plombier est revenu, il a continué avec son "fish" à essayer d'aller chercher dans le tuyau ce qui l'empêchait de fonctionner comme il se doit. Toutefois, la lenteur avec laquelle il travaillait était en opposition complète avec la vitesse avec laquelle les tuyaux digestifs d'Émilie comptaient expulser leur contenu. Elle ne pouvait plus se retenir plus longtemps. Elle n'avait pas d'option. Dehors c'était le froid hiver, et il y avait bien le vestiaire d'un centre sportif qui aurait pu faire l'affaire mais ça aurait demandé une marche d'à peu près 45 minutes et l'obligation de laisser seul un inconnu chez elle qui prendrait peut-être de désagréables initiatives dans ses affaires personnelles.

Il n'existait donc qu'une seule solution, se prendre un sac d'épicerie, fermer la porte de sa chambre à clé et s'enligner comme il se doit au bon endroit. Elle allait faire un noeud contenant les excréments et sortir momentannément pour aller porte ça dans le bac commun au premier.

Toutefois, en descendant les marches, Émilie allait rencontrer le beau Phillipe, un beau brun qui habitait au deuxième.

"Salut, ça va?" lui avait dit le beau voisin
"Hmm...oui" avait dit Émilie en rougissant un sac de merde dans les mains, sac qu'elle devinait dégager une odeur chaude et malodorante. Elle n'attendit pas que Phillipe passe de commentaires et pris les devants tout de suite.

" 'scuze-moi Phillipe, faut que j'ailles porter la litière du chat dans le bac en bas..." avait-elle laissé tomber en passant rapidement à ses côtés.

Ouf! il avait été moins une... elle avait pu se débarrasser de l'embarrassant sac et remonter pour discuter un peu avec le beau Philippe, apprenant du même coup qu'il était célibataire et qu'un soir, ensemble, peut-être, entre voisins, ils pourraient souper ensemble, entre simples bons voisins...

Puis, du troisième étage, la voix de garagiste excitée du plombier était venue couper ce moment qui frôlait l'état de grâce après avoir éffleuré la catastrophe.

"Madame Chlassiett, j'ai trouvé ce qui bloquait dans vot' toilette!" a -t-il crié brandissant comme on brandit un drapeau au sommet d'une montagne conflictuelle un godemiché dans sa main gantée...

Outil, dont la disparition avait échappé à celle qui la veille avait trop bu et mangé, mais qui ne manquerait pas d'échapper à l'attention du beau Phillipe.

Et qui donnerait de nouveaux espoirs à l'excité plombier.
Émilie, bien que maquillée, avait le teint extrêmement rosé.
Pouvait-on recommencer l'ensemble de la dernière journée?

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