De confession musulmane, le prénom de son mari avait toujours prêté aux jeux de mots comiques puisqu'il pouvait avoir une certaine familiarité avec le Amen religieux adopté entre autre par les islamistes. Aymen faisait plutôt référence à la définition de droitier en arabe.
Aymen était issu d'une riche famille Iranienne. Marya, d'une famille composée de 6 jolies femmes dont elle était la plus jeune. Et la plus jolie. Une famille modeste mais iranienne aussi. C'est là bas qu'elle avait connu son mari. Aymen était le troisième fils d'une famille dont l'ainé des frères avait déjà épousé l'une des soeurs de Marya. C'était le frère d'Aymen, auguillé par des contacts canadiens et installé au Canada avec sa femme depuis 2000, qui les avaient fait venir au Québec pour qu'Aymen travaille avec lui dans une usine de Ville St-Laurent. Assistant-contremaître chez XXX XXXXXXX.
Marya, pour sa part, allait se dénicher un poste d'adjointe administrative d'un représentant de souliers. À Ville St-Laurent aussi. Ils voyageraient ensemble le matin, Aymen laissant Marya au bureau avant de lui aller travailler 5 minutes plus loin. La parfaite synchronicité. On était prêt pour les bébés.
Toutefois Marya ne se plaisait pas tant que ça dans cette réalité. Le travail était ardu. L'adaptation au Québec, en français, à sa nouvelle vie dans un nouveau pays avec son mari, dans leur nouvelle maison, dans une nouvelle région. Non rien de tellement facile. De la fatigue, beaucoup de fatigue. Et ses deux yeux qui évoquaient deux bijoux avaient maintenant l'aspect de deux sceau à pluie. Prêts à accumuler les larmes de la fatigue mentale et physique.
Son mari ne voyait rien de cette dérive sentimentale. Marya avait même commencé à fumer en cachette. Aymen était tant au-dessus de ses affaires qu'il enflait. Physiquement et mentalement. À la maison, Marya travaillait beaucoup pour lui plaire. Lui, trônait comme le pourvoyeur à qui l'on doit révérence. Marya faisait la courbette en multipliant des efforts pour toujours bien paraître en sa compagnie. Que ce soit à la lumière ou au lit. Mais si Marya restait belle et désirable, Aymen grossissait de plus en plus. L'enflure du pacha. Et quand ils s'offraient l'un à l'autre, elle devait désormais exclusivement s'installer au-dessus de lui sous peine de se faire écraser par le gros homme.
L'idée d'être la belle du duo, d'être celle qu'on vénérait aussi à sa façon, vers qui les yeux se tournaient, lui plaisait. Si elle faisait tout pour lui plaire c'étiat parce qu'il lui avait fait vivre l'Amérique et que sa famille était riche. Elle savait aussi qu'elle le tenait par la queue en restant belle et attirante pour lui.
Toutefois elle avait envie de désirer elle aussi. Et quelques fois en tournant la tête, elle se demandait bien qui était bouboule à ses côtés. Elle se demandait si elle l'avait déjà désiré tout court.
Au travail, elle s'était permise de désirer mentalement, Cédric, un répartiteur et collègue de travail. Son teint bazané l'été, presque le même que le sien, ses chevaux brun doré, ses yeux noisettes et chocolaté. Quand on lui avait fait porter un gilet des Bruins de Boston noir et jaune après avoir perdu une gagure au travail, elle l'avait trouvé tout ce qu'il y avait de plus appétissant. En bermuda, on distinguait de jolis mollets et elle s'était sentie envahie par une chaleur qu'elle n'avait jamais connue.
Plusieurs fois, elle avait participé à des 5 à 7 avec des collègues en dehors des heures de bureau. Chaque fois, Aymen avait insisté pour assister à la soirée et à s'imposer en leur compagnie. Assoyeant sa rondeur sur une chaise dont il ne bougerait pas de la soirée, masqué d'un sourire qui était aussi celui de la patrouille de supervision des sens de sa conjointe. Celle-ci, au contraire, s'amusait, parlait fort, comme si elle se réinventait en ses lieux sombres d'échanges alcoolisés. Mais elle ne dansait jamais autrement qu'un léger mouvement de tête afin de ne pas attiser le désir des autres. Jettant toujours un oeil vers Aymen qui du sourire donnait son aval ou non à toute cette frivolité. Aymen tenait la bride et Marya n'en pouvait plus. Même si après chacune de ses soirées se concluaient invariablement par un cadeau du bijoutier hors de prix de la part d'Aymen. Comme si il voulait à la fois se faire pardonner d'être jaloux et à la fois lui rappeler qu'il l'aimait.
Mais elle sentait qu'il l'achetait. Et bien que ceci peut comporter quelques avantages, elle avait envie de prendre le large.
Un vendredi après-midi, profitant de l'abence de leur patron, Marya et Cédric avait été testé l'insoutenable légereté de l'être dans un hôtel tout près. Ils avaient beaucoup ri de surprendre deux autres couples au regards fuyants qui semblaient faire la même chose.
Ça ne se faisait tout simplement pas dans dans la réalité qui était la sienne, la leur.
Celle d'Aymen et de Marya
Et pourtant elle venait tout juste de le faire.
Et le ferait à nouveau.
Pimentant sa vie d'essences nouvelles.
Rendant sa vie tellement plus belle.
Faisant deux enfants, deux filles au grand dam d'Aymen.
Deux filles qui n'auraient rien de son ADN.
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