Histoire quelconque.
J'étais au magasin de la piasse qui est perpétuellement understaff.
Afin d'alléger la ligne de la caisse qui s'étirait l'unique caissière en a applée une deuxième en renfort:
"Florida est demanée aux caisses, Florida"
J'ai souri. J'ai cru à une invitation au soleil par passage nuageux. Mais non, il y a bel et bien eu une jeune fille, minuscule, de pas plus de 20 ans qui a ouvert sa caisse. Vif comme l'éclair j'ai été le premier à m'y rendre.
"T'appelles tu Florida pour vrai?"
Venais-je de lui demander ça? Quel impoli!
Elle m'a regardé avec un joli sourire, a rougi comme si c'était la 14 000ème personne qui lui posait la question et m'a poliment répondu:
"Ouais, semblerait que c'est là que j'ai été conçue..." rougissant encore, probablement en train d'imaginer son père et sa mère les fesses à l'air.
Je me suis retenu de lui dire que si ils l'avaient conçu à Minneapolis l'aurait-ils baptisé Minnie? Ça aurait rendu justice à sa minuscule taille. Mais je n'ai rien dit, ce qui était encore plus impoli. Ce qui laissait entendre que je trouvais ça grotesque. Ce qui était vrai.
J'ai aussi été tricoté en Floride en Mai 1971 mais on ne m'a pas baptisé Beachfuck pour autant.
er...
Là c'est moi qui imagine mes parents sur une plage et c'est pas cool.
En sortant du magasin de la piasse, j'ai ouvert la porte et l'ai gallament tenue pour une femme qui faisait le voyage inverse. Je ne fais que 5 pieds 9 mais elle, m'arrivait aux aisselles.
Ça m'a fait penser à cette fois où dans le métro de Montréal, vers 17h30, partant du Métro Berri sur la ligne orange vers le nord, je m'étais senti extrèmement inconfortable. Au tout début je n'avais pas compris tout de suite. Un métro rempli en surcapacité, la journée de fatigue dans le corps, probablement un Ipod dans les oreilles et les yeux préssés d'atterir dans un bon livre en cours j'étais dans ma bulle. Mais même le nez dans mon livre je ne comprenais pas ce malaise qui m'assaillais. En levant la tête j'ai saisi. Malgré mes, très-dans-la-moyenne 5 pieds 9, j'étais le plus grand du wagon! Et par beaucoup. Il n'y avait qu'un seul enfant mais les quelques 20 autres personnes, debout, collées les unes sur les autres dans la moitieur du wagon avaient tous au moins une demie-tête de moins que moi. Je n'avais jamais senti ce feeling d'être le géant de la place entre adultes. Ça n'a duré que deux stations, Sherbrooke et Mont-Royal, le temps qu'un plus grand entre dans notre wagon, mais ce fût comme l'effet d'un rêve. Pas certain si c'était cool, pas certain si c'était moche. Juste...weird.
Une fois dans ma voiture j'ai dû reculer mon banc avant de me rendre à l'épicerie. Étrangement mon banc avait dû être avancé par mégarde car mes genoux se cognaient contre le volant.
Dans l'allée des pains, j'ai aidé une petite dame qui voulait des pains à hamburger. Situés trop haut sur l'étagère, je n'ai eu qu'à tendre la main pour lui donner ce qu'elle voulait. C'est drôle comme ça ne m'avait pas paru haut du tout. Il y avait beaucoup plus de femmes que d'hommes dans les allées mais j'avais encore l'impression que j'étais l'individu le plus grand des lieux.
À la caisse, la caissière m'a fait un joli regard par en dessous. un regard de chat qui veut du miam-miam. Ça m'a plu mais en même temps je me suis dit que je m'inventais un flirt et que ces yeux mauves n'avaient rien de naturel, ses seins toutefois...
Ce qui était encore moins naturel c'est que ma tête cogne contre la petite affiche "12 articles ou moins".
'cou donc, étais-je en train de grandir?
En quittant les lieux je regardai l'affiche et elle devait facilement être située à 7 pieds du sol.
En voulant entrer dans ma voiture j'ai eu beaucoup de difficultés à m'y insérer encore. Il a fallu que je recule la banc à nouveau de ma Civic et cette fois ma tête était recroquevillée contre la paroi du plafond de ma voiture.
En arrivant chez moi, en me dépliant de ma noire canne de sardines, ma tête est arrivée à la hauteur du panier de basket-ball. Moi? haut comme le panier de basket?
Je faisais donc soudainement 7 pieds 7?
Des passants, des gens que je connais, son passés dans la rue et m'ont salué. J'ai attendu qu'ils passent une remarque sur ma nouvelle et soudaine taille, ils n'ont rien dit, ils se sont contentés de me regarder avec respect. Ils sembalient fier de me connaitre.
Je suis resté paralysé un instant. Saisi par cette incompréhensible transformation.
Puis, j'ai compris.
Je m'étais fait faire des cartes d'affaires le matin même que j'avais maintenant sur moi.
J'étais maintenant quelqu'un.
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